Shame

Shame, réalisé par Steve McQueen, avec Michael Fassbender, Carey Mulligan, James Badge Dale… sortie cinéma 07/12/2011

Shame raconte l’histoire de Brandon, un new-yorkais en apparence accompli : bel appartement à New-York, carrière professionnelle réussie… Mais il a un secret : il est accro au sexe, au point que toute sa vie tourne autour de sa maladie. L’arrivée de sa sœur tout aussi perturbée, Sissy, va chambouler son existence solitaire.

De par son sujet, Shame est de toute évidence troublant. Un sex-addict ? La plupart des gens ont du mal à admettre qu’une telle pathologie existe. Je pense que si ces mêmes personnes allaient voir ce film, elles auraient assurément changé d’avis en sortant de la salle.

Dès les premières images, le réalisateur nous force à entrer dans le monde étouffant de Brandon : un premier plan sur lui, nu dans son lit. Puis, on le suit dans son quotidien : une douche où il se masturbe, un trajet de métro où il regarde une jolie femme comme on fixe une proie, le travail où il se masturbe entre deux réunions, sa soirée en compagnie d’une prostituée. Le tout filmé à son niveau : celui de la ceinture. Au fur et à mesure des changements dans sa vie, la caméra cadrera plus large, de plus en plus au niveau de sa tête. Cette trouvaille du réalisateur est aussi réussie que perturbante… On peut dire que l’immersion est totale.

La réalisation impeccable met en valeur un Michael Fassbender magistral en addict accablé par la honte, tout comme Carey Mulligan en chanteuse ratée emplie de désespoir. Au passage, elle aurait été parfaite pour incarner Marilyn Monroe…
Perdu entre son goût pour la musique classique et les sites pornographiques, Michael Fassbender nous montre un personnage véritablement écrasé par la honte. Même lorsque la présence de sa sœur le force à changer, tout ce qu’il entreprend échoue : il ne peut avoir de relation sentimentale, il ne peut aider sa sœur qui sombre autant que lui. On ne fait que deviner un passé sordide qui serait la cause du naufrage simultané des deux personnages.

Malgré le sujet et les inévitables scènes de nu, Shame n’est jamais vulgaire. Ce sont plutôt le sentiment de solitude et une profonde tristesse qui émanent de ce film aussi dérangeant que fascinant.

8/10

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