Il n’y a plus de solitude là où est la poésie. C’est ainsi que le poète est à la fois le plus solitaire et le moins solitaire des hommes. Il monte et il descend au-dedans de lui-même, connaissant tour à tour l’union la plus parfaite qui soit possible dans le monde créé et le pire état de séparation. Par un seul être intimement rejoint, il communie un instant avec tous les êtres ; – disjoint d’un seul, il les quitte tous. C’est hélas ! que le poète ne rejoint l’être que par l’image. L’image n’est qu’un fil ; le fil casse. Il faudrait toucher l’Être, non aux êtres.
Charles-Ferdinand Ramuz, Œuvres complètes, t.15, Mermod, 1941
[choix de Jean-Pascal Dubost]
