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La vie de famille chez les Pilipinos

Publié le 22 février 2008 par Aneva_mati

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Apres la plage, direction le Sud et l'ile de Mindanao, dans un village proche de Cagayan de Oro. Objectif immersion totale dans la famille de Jemuel, la famille au sens "Pinoy" (Philippin) donc au sens large et XXL. L'histoire de la famille est emblematique du pays : grand-pere Jamis se decarcasse dans ses rizieres pour envoyer son aine a l'ecole, au lycee et surtout a l'universite. La ville voisine du village, Cagayan, n'est pas tres developpee, et avec son diplome de comptable en poche, papa Jamis s'embarque pour les Etats-Unis qui controlent le pays ; c'est un point strategique de leur maillage defensif dans le Pacifique et ils ont eu des bases jusque dans les annees 1980.
Donc, papa Jamis debarque a Chicago avec 170 dollars en poche, trouve un petit job et passe des equivalences en cours du soir acceleres. Il accede rapidement a un job mieux paye, qui lui permet de mettre de cote et d'envoyer ses freres et soeurs a l'universite; ils sont 6, tout de meme. Et puis il rencontre maman Jamis, une infirmiere philippine avec qui il se marie. C'est une nation communautaire, qui reste proche de ses traditions catholiques. Au bord de la route on peut voir une miriade de panneaux du style "Get high on God, not on drugs" du plus bel effet. L'aine a beaucoup de droits, par exemple c'est lui qui herite de la maison des parents, mais aussi beaucoup de devoirs : il est responsable de toute la famille des que son pere est trop vieux pour travailler. Grace a ses efforts, on retrouve un medecin et un veterinaire dans les oncles et tantes de Jemuel. C'est toute la famille qui en beneficie et ses cousins passent quasiment tous par l'universite pour devenir medecins, infirmiers... L'un des tontons devient maire du village et entre aussi au Rotary club. La gloire !
Une ballade dans les environs du village suffit a montrer que c'est pas la joie pour le commun des Pilipinos. T-shirts troues et uses a la corde, pieds nus qui n'ont pas connus beaucoup de sandales, cabanes montees sur pilotis au-dessus d'une mare noiratre ou se vautrent les porcs et la volaille, ca fait pas envie. Pourtant les gens qui nous croisent ont tous le sourire. Ca fait un peu cliche, je sais bien, mais c'est juste vrai. La plupart du temps on nous interpelle d'un "Hello" plus hurle que parle, quelquefois accompagne d'un "Amerikano ?" qui n'est pas une insulte, non, simplement un synonyme de "etranger". La France, c'est loin, un chauffeur de taxi l'a situe a cote de l'Australie. Quand j'ai rectifie et indique l'Europe, il a dit "Ah oui, l'Europe, c'est joli l'Europe..."
La religion est donc extremement presente ; peu de belles eglises, mais une foi a toute epreuve. Les cousins de Jemuel sont surpris que l'on voyage ensemble sans etre maries "devant Dieu". On dit les benedicites avant les repas, on fait une petite priere avant de se mettre en route pour un long trajet. Un des oncles de Jemuel est decede il y a 6 mois. Sa femme dort sur sa tombe toutes les nuits. Toutes les nuits ! La famille possede un grand caveau, avec un toit ; elle a installe un lit, une tele, et elle y dort chaque soir avec sa fille adoptive, une petite de 6 ans. Cette femme ne sera pour nous qu'une ombre, une ombre genee qui vit entre 2 mondes. La vie, la mort. Etrange. Comme son mari etait maire du village (plus de 30000 habitants, un grand village quand meme) on lui a trouve un emploi fictif qui durera au moins jusqu'aux prochaines elections. Corruption, corruption : peut-etre le symptome le plus douloureux pour le pays. On vit d'abord pour la famille, celle qui inclue 1/3 du village car tout le monde est cousin, meme si c'est au 4eme ou 5eme degre.
Dans la maison ou nous logeons, les parents de Jemuel sont absents : ils vivent encore aux Etats-Unis. C'est une cousine, Gisele, qui s'occupe de l'intendance. Les cousins defilent pour nous saluer, tous chaleureux et surpris qu'on ne prevoie rien pour les jours a venir. Nous, on voudrait bien, mais il pleut 4 jours et demi sur 5... Du coup on va faire un tour au mall, le centre commercial ; le shopping est l'activite cherie des Philippins. On sort au Karaoke et on chante "Good vibrations" en hurlant dans le micro, les cousines ont un sourire condescendant parce que je chante faux, mais alors faux ! Heureusement que Jemuel est a mon niveau. Et enfin, on mange. On mange tout le temps. Du cochon, du poulet, du poisson. Adobo (vinaigre et soya sauce), grille, cru. On se goinffre, on nous gave, ananas par-ci, lanzones (des petits fruits excellents) par-la. Vous reprendrez bien un peu de shake a la banane ? Un jus de coco ?? Une cuillere de poulet a la coco ??? Un bon bout de couenne de porc ???? Mais vous n'avez pas fini le canard !!!!!
Gisele est aidee par Daisy, Mimi et Brelin, 3 petite meufs la vingtaine, qui sont des "aides". Toute bonne famille pilipina a des aides. Signe d'aisance. Avec un rapport de force marque. Mais aussi un geste social : c'est le pere de Jemuel qui les a engagees, lui n'en a pas besoin mais en echange de leurs services il donne gite couvert et surtout EDUCATION (en payant l'ecole) a ces 3 jeunes filles. Quand on voit le "retour sur investissement" (si on peut parler ainsi) qu'il a obtenu avec ses freres et soeurs, on sait qu'elles partiront sur de bons rails et c'est tant mieux pour elles !
Enfin je vais refaire un tour du cote des combats de coq ; ambiance surchauffee dans un "ring" plus petit qu'a Moalboal. Un cousin de Jemuel nous initie aux paris, on mise donc sur "Biya" ou "Inilog" (les 2 coins du ring). Bilan = 1v, 2d. Pas terrible. Mais belle ambiance ! Il parait que les coqs sont piques aux hormones pour les rendre plus agressifs. De toute evidence, ca marche.
Nous remercions encore Jemuel et toute sa famille pour leur accueil chaleureux, c'est pas si souvent qu'on trouve "une maison loin de la maison". On kiffe...
Mati

Jemuel
Mahjong
Bambini

A ma gauche le vaincu :

Coq_vaincu
et a ma droite le vainqueur :
Coq_vainqueur


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