[Interview] ME: « The Roots, c’est du pur live. On est vraiment inspirés par ça. »

France and the United States connect. ME, deux lettres, deux entités : E-leven, producteur et lyonnais, et Continental T, rappeur et texan. Leur première mixtape This is ME est en train de faire des émules, même le site américain de référence HipHopDX en a fait la publicité. Rencontre avec ce jeune et talentueux duo franco-américain à l’occasion de leur showcase au Studio De La Seine le 02 Novembre dernier pour en savoir davantage sur eux

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Continental T : Il participait à un concours organisé par Ryan Leslie. Il est arrivé numéro 3 et j’ai vu les vidéos de ses productions et j’ai trouvé ça vraiment cool. Je me suis dit que lui et moi on devrait travailler ensemble, faire des beats, écrire des chansons. On s’est mis à parler sur Skype. Non en premier c’est sur Facebook.

E-leven : J’ai reçu un message Facebook de sa femme. Elle me l’a présentée. Elle m’a dit qu’il écrivait, enregistrait et après on a commencé à parer à travailler via Skype pendant 3 mois, tous les jours, 10 heures par jour.

Continental T: Non c’était plutôt de 10, 15 heures.

E-leven : Ouais 15 heures

Continental T : Je me réveillais à 5 heures du matin. À l’époque il allait à la SAE Recording School

E-leven : Oui je me levais à 5 heures aussi.

Continental T : Voilà il se levait et il partait à l’école. À quelle heure déjà ?

E-leven : 10.

Continental T : on se réveillait dans 2 fuseaux horaires différents et on essayait de travailler. On faisait ca pendant 14 heures, 15 heures chaque jour. On a fait beaucoup de musique. Et on a décidé qu’il était temps de se rencontrer. Je ne suis jamais sorti des Etats-Unis avant. Je me suis fait faire un passeport à la dernière minute. On avait un show 5 jours après.

E-leven : J’ai eu la confirmation du show quand il était dans l’avion. « Vous jouez dans 5 jours ». On n’avait rien de prévu, on a eu 5 jours pour se préparer. C’était cool.

Continental T : Et on ne s’était jamais rencontré avant. Donc c’était 5 jours pour apprendre à mieux se connaître, préparer le show, les chansons qu’on avait enregistré via Internet.

Combien de chansons ?

Continental T : Ah ce chiffre !

E-leven : En 3 mois on avait quelque chose comme 150 chansons.

Continental T : C’est probablement plus que ça mais on va être réaliste et  on va te dire 150.

E-leven : en fait 150 que tu peux appeler ‘chansons’

Continental T : Exactement ! Qu’on peut appeler chanson. On fait surtout des beats, beaucoup de beats tous les jours

E-leven : Et certains jours on se dit « ok on fait 5 chansons ».

Continental T : Et il va se coucher. Et vu qu’on est sur 2 fuseaux horaires différents, quand il va se coucher moi j’enregistre.

E-leven : Et le matin j’écoute ce qu’il a fait.

Donc on dit merci à la technologie …

Continental T : Merci à la technologie, Marck Zuckerberg (rires).

Il était où ce premier show ?

E-leven: A Paris, au China.

Donc toi, tu es celui qui joue du piano ?

E-leven : Je joue plus que du piano. De la basse, de la guitare, de la batterie. Je joue de presque tous les instruments. J’enregistre tout en version live et je le mixe avec des synthés et des trucs comme ça.

Mais tu ne chantes pas ?

E-leven : Non je ne chante pas (rires).

Tu n’écris pas de rimes non plus ?

E-leven : Non.

Continental T : Je produis et j’écris. Lui, il compose, il est vraiment bon. Et moi je produis plus avec des synthés et tout. J’utilise beaucoup de samples. On combine ces 2 éléments quand on produit. J’écris et 9 fois sur 10 on aime ce qu’on enregistre. On danse dessus (rires). Mais tous les instruments, c’est lui.

E-leven : J’ai la main sur tout. De la batterie à tout. Ce qu’on fait ensemble, c’est essayer de trouver des idées pour un enregistrement. Il me dit quelles sonorités ajouter ou des fois il n’aime pas la mélodie.

Continental T : On partage nos inspirations.

Et ça a toujours été le hip hop pour vous ?

Continental  T : Oh ce n’est pas hip hop. Je ne dirais pas que c’est hip hop. La mixtape est pleine de genres différents.

E-leven : Le genre principal, c’est le hip hop mais il y a des influences venues de la pop, du rock, parfois de l’électro, parfois du R&B. C’est un mélange de tout.

Et quelle est votre plus grande influence ?

Continental T : oh ce n’est pas juste de poser une telle question (rires). Musicalement parlant on aime les mêmes choses peut être à des niveaux différents.

E-leven : Quand je compose, mes influences sont plutôt Ryan Leslie, Timbaland, Kanye West mais aussi Supertramp, Joe Jackson, Stevie Wonder.

Continental T : On aime les mêmes choses. J’adore Stevie Wonder. On aime tous les 2 Quincy Jones. J’aime les Beatles. J’aime des choses comme John Mayer, ou du rock comme Blink 182.

Il y a certaines personnes qui pensent que le hip hop ne doit pas avoir d’instruments live …

Continental T : Et c’est ce qu’on essaie de changer. Regarde The Roots. The Roots, c’est du pur live. On est vraiment inspirés par ça.

E-leven : Ça vient de la soul.

Continental T : Dis-leur ! Il faut le dire.

Et quel est votre album soul préféré ?

Continental T : Oh Je l’ai. Je visualise la cover de l’album. Voilà maintenant je suis coincé entre deux. J’aurais envie de dire un album d’Etta James mais je pense à autre chose. Je vais dire Etta James maintenant et je ne citerais pas un album parce qu’Etta James est la reine.

E-leven : J’aime beaucoup Curtis Mayfield.

Continental T : ok ok

E-leven : James Brown

Continental T : Bien sur James Brown ! Si je l’ai Erykah Badu, Baduizm. Voilà c’est ça. « Rimshot ». Ça c’est mon album. Elle a été influencée par Etta James. Je vais dire Baduizm. Putain, c’est une bonne réponse. Je vais la sortir tout le temps. Erykah Badu, Baduizm.

Ok alors l’album après la mixtape ?

E-leven : L’album sera pour 2012.

Continental T : On ne sait pas encore quand, on discute encore de la date.

E-leven : On a la mixtape, on en fait la promo. Après un EP, en début d’année et après l’album.

Continental T : On enregistre l’album en ce moment.

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