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Chérie, où j'ai mis ma clé anglaise, j'ai des mangeuses de pop-corn à dézinguer !?

Par Tred @limpossibleblog
Chérie, où j'ai mis ma clé anglaise, j'ai des mangeuses de pop-corn à dézinguer !?Dans Super de James Gunn, Rainn Wilson, justicier du quotidien, revêt son costume de super-héros ordinaire et se munit de sa clé anglaise fétiche pour aller méchamment corriger un mec doublant sans vergogne la file d’attente au cinéma. Il le fracasse avec une violence jouissive exprimant la colère qui peut nous habiter lorsque des spectateurs laissent tout civisme de côté, oublient le respect d’autrui, et piétinent votre sacro-sainte passion pour la salle obscure. C’est excessif, mais cela reflète parfaitement la lassitude qui peut gagner certains d’entre nous lorsque l’on tombe dans une salle sur quelqu’un pour qui le cinéma n’est qu’une distraction comme les autres qui ne nécessite pas plus de retenue que si l’on allait encourager son équipe favorite au stade ou que l’on regardait Nouvelle Star à la télé.
J’ai un défaut qui ne veut décidément pas se dissiper, je déteste l’inattention des autres au cinéma. Si vous lisez régulièrement ce blog, vous vous en êtes certainement déjà rendu compte. Je fais passer cela pour un défaut, même si au fond de moi je pense (je sais) que le défaut c’est l’inattention des autres. Et lorsque l’inattention passe par du bruit, j’en ferais presque un ulcère. Samedi, mes nerfs ont été mis à rude épreuve. Déjà quelques jours plus tôt, un mangeur dechips avait testé ma patience. Mais samedi, c’était un degré encore supérieur d’agacement, un degré encore supérieur de connerie humaine incarnée… et multipliée par quatre.
Chérie, où j'ai mis ma clé anglaise, j'ai des mangeuses de pop-corn à dézinguer !?Pourtant avec un film d’auteur français produit par Sylvie Pialat, je me croyais à l’abri d’un public irrespectueux du film et des spectateurs. Mais non, Dernière Séance ne m’a pas protégé d’une bande d’adolescentes qui se sont installées juste derrière moi et mes amis avec chacune un seau de pop-corn et une envie de voir un film d’horreur bien sanglant. Seulement voilà, Dernière séance ne répond pas tout à fait aux critères que les demoiselles attendaient d’un film qui tranche, avec ses allures de cinéma d’auteur à plusieurs niveaux de lecture. Je les entendais dans mon dos, et compris vite qu’elles avaient choisi le film en lisant le synopsis, soit l’histoire d’un cinéphile travaillant dans un cinéma de quartier provincial qui se métamorphose une fois la nuit tombée en tueur en série.
J’aimerais pouvoir vous dire sincèrement ce que j’ai pensé du film de Laurent Achard, mais mon attention a été tellement détournée de l’écran tout au long de Dernière Séance que j’en suis sorti en ne sachant trop ce que j’avais réellement pensé du film. Car près d’une heure et demie durant, j’ai du me retenir de ne pas tomber moi-même dans la violence. J’ai réfréné des pulsions de meurtre qui m’assaillent dès qu’un spectateur me pourrit un film par son comportement égoïste et stupide. Le genre de sentiment qui vous donne envie d’attraper une clé anglaise, de vous retourner et de chercher le calme par le sang.
Les quatre filles en questions parlaient, beaucoup. Tapaient des pieds dans les fauteuils, souvent. Chantaient même, occasionnellement. Et surtout, prenaient plaisir à le faire quoi qu’en pensent le reste de la petite salle, si petite que tout le monde a pu allègrement profiter de leur présence, et pas seulement le mec se retournant constamment pour tenter de leur faire comprendre qu’elles n’étaient pas devant leur télé (oui ça c’est moi). Malheureusement, plus je me retournais, plus elles étaient contentes de se faire des ennemis, et pouffaient encore plus de rire. Ma seule victoire serait passée par l’échange de mots violents et le lancer de clé anglaise dans la tronche, exactement ce qu’elles attendaient. Alors rien. J’ai pris sur moi. J’ai laissé mon sang bouillir dans mes veines. J’ai laissé mes tempes cogner, mes poings se serrer, ma mâchoire se crisper.
Chérie, où j'ai mis ma clé anglaise, j'ai des mangeuses de pop-corn à dézinguer !?Non, je ne sortirai pas la clé anglaise. Non, je ne sortirai pas la clé anglaise (bon d’accord, je ne suis pas Crimson Bolt, je n’en ai pas). Elles n’ont même pas eu la décence de quitter la salle. Elles l’ont quittée en même temps que les autres, au générique de fin, amusée de voir une dernière fois la haine dans mon regard. J’ai eu l’impression que le film m’aurait agacé si j’avais été pleinement attentif, mais peut-être l’impression était-elle biaisée par la noirceur de mes pensées pendant la projection. La prochaine fois, c’est sûr, j’aurai une clé anglaise avec moi. Au cas où.

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