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L'HOMME SANS EMPREINTES, d'Eric FAYE

Par Geybuss

L'HOMME SANS EMPREINTES, d'Eric FAYERoman - Editions J'ai Lu - 252 pages - 6.70 € 

Parution en 2008 et en J'ai lu en octobre 2011

L'histoire : Une veuve, une ex maitresse, un universitaire allemand, dans un pays d'amérique latine. Leur point commun : B. Osborn, écrivain défunt bien mystérieux. Qui en sait le plus sur lui ? Qui a-t-il à savoir ? une enquête, des témoignages, des lettres, des rencontres, des personnages qui entrent en scène comme Hitchcock.... Une histoire qui commencerait vers 1898 et qui finit dans les années 90, alors qu'à Berlin, le mur tombe.

Un mystère épais sur un homme qui a pris garde de ne laisser aucune empreinte, mise à part son oeuvre littéraire...

Qui est Osborn ?

Tentation : La couv et la 4ème !

Fournisseur : Silvana, de chez J'ai Lu, merci !

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Mon humble avis :Un écrivain qui a traversé le siècle sous tant d'identités différentes que personne ne semble vraiment savoir qui il est : ni sa femme, ni son ancienne et dernière maitresse, ni son éditeur, ni ses lecteurs. Seul son agent littéraire le connaît et fait barrage pour protéger son anonymat. Même Hitchcock, qui porte un de ses livres à l'écran, ne l'a jamais rencontré. Les journalistes spéculent et sitôt qu'ils s'approchent de leur proie, celle ci disparaît, semble leur glisser des mains comme une savonnette. Osborn est insaisissable dans tous les sens du terme. Bien sûr, nous lecteurs, avons quelques atouts en main mais le mystère reste entier. Osborn fuit depuis 60 ans ? Que fuit il ? La célébrité ou un trouble passé ? Le lecteur (enfin, moi en tout cas !) en vient même à le soupçonner du pire.... puisque l'histoire nous ramène en Allemagne dans les années 20, période qui m'est inconnue, alors.... On hésite souvent à trouver cet Osborn sympathique ou admirable, lucide ou auteur fou paranoiac. Et s'il était  juste un homme souhaitant protéger sa tranquillité, qui veut qu'on lui fiche la paix...

 Dès qu'un indice semble éclairer un pan du personnage, le mystère autour d'Osborn s'épaissit encore et vous fait tourner les pages en regrettant déjà que celles qu'il vous restent à lire diminuent. Car fatalement, cela signifie que la résolution du mystère approche. Car on y est bien dans ce mystère, comme dans l'atmosphère du livre... J'ai pensé à véronique Ovaldé réputée pour créer un univers. Car ici aussi, nous sommes quelque part, au Costaguana, en Amérique Latine . J'ai cru un moment que ce pays existait et avait changé de nom lors d'une indépendance ou d'une révolution quelconque au siècle dernier. En fait, j'avais vraiment l'impression que tout existait, même Osborn. Alors.... quelques clics Google plus tard...(que je vous laisse exécuter à votre tour...). Le livre est toujours aussi fascinant, captivant et amusant à lire, car on découvre des références chères à l'auteur, des références qui peuvent passer inaperçu si l'on est pas initié ou aidé par dieu Google...Des références qui sont justes une cerise sur le gâteau, des subtilités non nécessaires à l'appréciation entière du roman. En fait, j'ai mené ma propre petite enquête pendant ma lecture, pratique très inédite, tant j'étais intriguée. Et je me suis dit, comme ça doit être chouette d'être un auteur doué et cultivé.

 L'homme sans empreintes est pour moi un roman magistral tant dans son sujet, dans sa construction, dans son écriture, dans le suspens et le mystère qui s'installent. C'est un scotch a double face, vraiment ! Par le biais d'extraits épistolaires ou de récits d'enquête, d'articles de journaux, de témoignages, on traverse le siècle précédent tout en restant au présent du livre (les années 90). Chacun apporte sa pièce au puzzle, en fonction de ce qu'il sait ou de ce qu'il veut bien dire... Enfin, je garde le meilleur pour la fin, histoire de vous porter l'estocade et vous succombiez à ce livre.... L'homme sans empreintes offre de très belles et intéressantes réflexions sur l'écriture, les auteurs, leur rapport à la célébrité, leur droit à l'anonymat, l'identité,  le succès, l'effacement de l'artiste au profit de ses oeuvres.... Osborn voulait publier des romans avec des titres, mais sans nom d'auteur...

Intriguant, captivant, fascinant. Génial, incontournable. Un mystère très riche, à tiroirs multiples et le portrait d'un homme peut-être libre. Et une fin digne du roman, très agile, qui ne m'a pas déçue : je ne m'étais pas trompée ! Un pur moment de bonheur pour un lecteur ! Bravo l'auteur !

"Etre invisible et apprécié tout à la fois, y at-on droit ?"

"On dit que c'est dans l'épreuve que l'on découvre ses vrais amis, or c'est le contraire, c'est dans le succès, qui tourne à l'épreuve : entends le coeur des jaloux.... Le succès se mesure au nombre d'amis perdus..."

"L'égo est le plus grand ennemi de la veine créatrice"


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