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LES CHANTS DE LA TERRE de Elspeth Cooper

Par Phooka @Phooka_Book

Tome 1: La chasse sauvage
LES CHANTS DE LA TERRE de Elspeth Cooper
Éditions Bragelonne475 pages28 euros 
Présentation de l'éditeur:
Gair est condamné à mort.
Il est le seul à entendre le Chant, une terrible magie qui le déchirera de l'intérieur s'il n'apprend pas à la maîtriser. Pourchassé par les Chevaliers de l'Eglise qui veulent le jeter au bûcher, Gair a pour seul espoir un ordre secret que des siècles de persécution ont presque anéanti : les Protecteurs du Voile, l'unique rempart contre les démons du Royaume Caché. Mais le Voile entre les mondes est en train de faiblir. Bien avant d'y être prêt, Gair devra combattre pour sa propre vie, pour l'Ordre du Voile et pour la femme dont il est tombé amoureux ...

L'avis de Phooka:
Voilà exactement le genre de roman que j'adore et que je dévore (d'ailleurs je l'ai lu quasiment d'une traite une nuit ... bonjour la tête le matin pour aller au boulot..)
Et pourtant...
Et pourtant on peut difficilement trouver moins original comme histoire. Un jeune homme, Gair, est condamné par l'Eglise pour exercice de la magie. Magie qu'il ne domine pas du tout, mais qui est en lui. Grâce au soutien d'un mystérieux inconnu, il va échapper au bûcher et fuir la ville en compagnie d'un vieil homme, Alderan,  qui va se révéler être bien plus qu'il ne le parait. Il doit fuir car s'il se trouve encore sur le territoire des Chevaliers de l’Église à la tombée de la nuit, il sera pris en chasse et tué. Alderan va l'aider et bien plus que ça, il va lui proposer un avenir. Avenir, Gair n'en envisageait même pas, lui l'enfant abandonné qui n'a même pas de nom de famille car personne ne connait ses parents. Il va rejoindre une école "de magie" dans laquelle il va apprendre à apprivoiser "le chant", cette source de pouvoir.
Je vous l'avais dit, le scénario est incroyablement classique et presque convenu. Alors pourquoi est-ce que ce roman scotche le lecteur? Plusieurs raisons à cela:
L'écriture. Belle, poétique, prenante. Les lignes se dévorent, les unes après les autres. Par petites touches l'auteur nous fait découvrir le monde qu'elle a créé, elle nous fait toucher du doigt ce "Chant de la Terre". On découvre ses personnages petit à petit, avec leurs faiblesses, leurs secrets profondément enfouis et leurs forces aussi.  Gair, ce jeune homme, qui aurait du devenir un de ces chevaliers de l’Église, si sa magie ne l'avait pas trahie. Combattant, fier et foncièrement bon, il voit le monde avec candeur, sans être naïf. Voilà, la vision qu'il a de lui même lorsqu'il s'observe dans un miroir après son sauvetage inespéré du bûcher:
Des meurtrissures lui fleurissaient  tout l'abdomen, du sternum au pubis: bleu violet, vert mousse, noir pourpré comme les iris.
Je trouve ça magnifique, et très emblématique du roman. Viennent ensuite les occupants de l'école de magie,membres de l'ordre du Voile, maîtres et élèves. Alderan, le vieux mage érudit, si secret, on se demande ce qu'il cache, Aysha, Tanith et tous les autres, dont je ne veux pas parler en détails pour vous laisser le plaisir de les découvrir.
Les personnages sont aussi un point fort de ce roman. Ils sont puissants et attachants. L'auteur a sa façon bien à elle de nous les faire découvrir. Un puzzle qui se met en place petit à petit et il n'est pas toujours facile de savoir si tel ou tel protagoniste cache des secrets inavouables. Même les membres de l’Église, pourtant présentée comme le Mal, ont des comportements qui laissent planer le doute. Finalement quelqu'un a sauvé Gair lors de son procès. Qui? Pour quelle raison? Autant de questions qui se posent tout le long du roman. De même, pourquoi Alderan l'a aidé à fuir? Rien n'est simple, rien n'est joué d'avance.Et le parcours initiatique de Gair va être jonché de douleurs aussi bien physiques que morales. Le lecteur ne peut pas être indifférent.
Le scénario tient la route, il est cohérent et tout en restant classique, il réserve au lecteur pas mal de surprises. Il tient en haleine et il est bien difficile de reposer le livre. Car si tout se passe plutôt en douceur, le force de l'esprit est plus forte que celle des armes, mais il n'en reste pas moins que le suspense est bien présent.
Et si les rites de la religion sont  un peu trop proches de ceux de la religion catholique. C'est sans aucun doute volontaire, puisque cette religion est elle aussi noyautée par le fanatisme et l'inquisition, et elle en est très proche, en particulier en ce qui concerne la chasse aux sorcières et à la magie. Mais le Saint Sacrement aurait pu être différent, quoique ... je soupçonne l'auteur de faire un peu d'humour et de dérision !:) Mais pour rassurer ceux qui ne sont pas fans de religions, ce n'est qu'un détail car si elle est présente en toile de fond, elle n'est pas LA raison du roman.
Évidemment le livre en tant qu'objet  est de toute beauté, non seulement la jaquette dont l'aspect, la couleur illustrent parfaitement le roman, mais comme c'est une édition reliée, le livre en lui-meme est superbe (c'est la première fois que j'ai en main un livre relié Bragelonne).
Stéphane Marsan, présente ce roman comme son coup de cœur de l'automne, très loin (dans le style) de son précédent coup de cœur, Farlander. Je ne peux qu'être d'accord avec lui et j'attends son prochain coup de cœur avec impatience!
Ce livre est bourré de magie (dans tous les sens du terme), de poésie, d'amour, de batailles, d'aventures et de mystères. Il est servi par une écriture magnifique (et magique elle aussi). L'histoire est classique, oui, mais elle emporte le lecteur et lui procure plaisir, bonheur et évasion. Franchement que voulez-vous de plus? Moi je sais ... LA SUITE !!!!!!!!
PS: Le livre préféré de Gair est un roman appelé Corum , est-ce un hommage à Michael Moorcock?

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