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Courts-circuits de François Verret

Publié le 16 décembre 2011 par Belette

Courts-circuits de François Verret

© Christophe Raynaud de Lage

Difficile de parler d’un spectacle qu’on a vu d’aussi loin : les derniers rangs du Théâtre de la Ville sont aveugles. En bas des silhouettes de démènent, se promènent sur une scène coupée en deux : à gauche, des palettes, qui résonnent comme autant de livres voués à un autodafé prochain, et qui sont disposées devant une cage de verre dans laquelle plusieurs personnages s’installent pour un monologue parlé et/ou dansé. Au-dessus, un écran. À droite, une scène sur la scène, entourée d’un fauteuil et d’un micro, espaces d’observation et de parole. Au milieu, des percussions (Jean-Pierre Drouet) et un piano (Séverine Chavrier). Danse, musique, installation plastique, vidéo et parole : tout y est. Nous voici chez François Verret.

Comme la dernière fois dans Do you remember ? No, I don’t, la porosité des frontières et la fluidité de circulation entre les différents arts présents sur scène sont exceptionnelles. Verret est l’un des rares à ne pas donner l’impression d’un patchwork ou d’une figure de style quand il mélange les disciplines. Pour quel résultat alors ? C’est là qu’il est difficile de trancher, tellement le spectacle est ouvert à l’interprétation. Des bouts de textes se baladent ici et là, on reconnaît du Sarah Kane au détour d’une phrase, la musique est quasi-omniprésente (Jean-Pierre Drouet est un maître de l’improvisation). En fait, ce n’est pas tant en terme de “résultat” qu’il faudrait parler que de “sensations”. Le feu, le micro, la danse à la fois solitaire et individuelle… Les corps qui se croisent, s’effleurent ou se sentent sans vraiment entrer en contact, presque comme une guerre inachevée. Les références plus ou moins explicites à la politique. Les apparitions et disparitions qui composent un tableau composite de sensations dont on se demande si elles gagneraient à être formulées… Certaines questions restent suspendues (pourquoi cette partition du plateau en deux ? pourquoi les palettes ? pourquoi ces textes ?), mais peut-être n’est-ce pas plus mal, car c’est le signe que l’on accepte d’être emporté vers l’inconnu, transbahuté de lieu en lieu, d’image en image, de mot en mot. Une constante chez François Verret.



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