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Muter ou périr

Par Alaindependant

Avec son autorisation et sur l'initiative de Luc Collès le blogue associé "Roger Garaudy" va publier en plusieurs parties Le journal d’un mutant de l’île de Gorée du Père Joseph BOLY (Bruxelles, CEC, 1987). 

Le Journal des mutants, préfacé par Léopold SédarSenghor, est né d’un séjour à l’île de Gorée et d’une expérience à l’université des mutants. Il s’est prolongé, dans la suite, sans date, au gré des événements, des voyages et des lectures, pour recueillir les découvertes, les enrichissements, les  "mutations" de toute une vie.


Etre un mutant (p. 9-10)

Dans son Appel aux vivants, Roger Garaudy parle de l’université des mutants qu’il a créée à l’île de Gorée, au Sénégal. Il lui a donné ce nom « parce qu’on appelle mutant, en biologie, un individu d’une espèce existante portant déjà en lui les caractères d’une espèce nouvelle en train d’opérer sa mutation ».Vu la situation présente de la société, cette mutation historique ne pourra se faire sans un changement profond d’attitude. Mais l’homme, quelle que soit sa situation dans le temps et dans l’espace, ne doit-il pas être un perpétuel mutant ? La grande question, pour l’homme, n’est-elle pas de rester profondément soi-même, tout en s’adaptant aux circonstances et en se dépassant constamment selon les enjeux de la nature, de la société des hommes et des rapports avec le divin ?Pour un chrétien, la toute grande mutation, la mutation essentielle et définitive, est celle qu’il connaît le jour de sa mort. D’après Claudel, la transformation n’est pas radicale. Nous restons profondément ce que nous sommes : corps et esprit. La Bible évoque clairement la résurrection de l’homme tout entier, corps et âme, mais elle n’ajoute aucune précision sur le « comment » de l’autre vie.Pendant longtemps, la théologie s’est plu à imaginer une séparation pure et simple du corps et de l’âme, celle-ci n’étant qu’incorporée et continuant de vivre à part, jusqu’au jugement dernier.Rien ne permet, dans la Bible, d’imaginer une âme, existant de quelque manière hors de toute matérialité corporelle. « Ils se sont endormis…ils revivront… » dit la première Epître aux Corinthiens (XV, 6 et 22). Et quand Jésus parle de l’âme toute seule (Mat.X, 28) , il ne s’agit pas d’un esprit pur, mais du noyau essentiel de l’homme tout entier.Que sera cette mutation qui ne nous empêchera pas de rester nous-mêmes ? Nous n’en savons que fort peu de chose. En tout cas, si l’on se réfère aux apparitions de Jésus resssuscité, cette mutation ne nous entraîne pas vers un monde dont nous n’aurions aucune idée. Nous pouvons donc très bien nous imaginer l’autre vie comme une joie terrestre transfigurée par l’éternelle joie divine. D’après saint Paul, toujours selon la première Epitre aux Corinthiens (XV, 31-50), notre corps ne retrouvera pas ses molécules qui, d’ailleurs, se sont constamment transformées, mais ce sera notre corps. Nous serons nous-mêmes, comme le Christ, avec un corps nouveau que la corruption ne pourra plus détruire. Nous serons totalement libres de nous épanouir dans l’Amour, sans connaître aucun ennui, de quelque nature qu’il soit.

Appelé donc à « muter » sans cesse dans le devenir humain, en attendant la mutation définitive (« Muter ou périr, muter ensemble ou périr ensemble » dit le professeur Ki-Zerbo), je voudrais, sur cette île de Gorée  où je participe à l’université des mutants, réfléchir pour moi-même et pour autrui en livrant mes expériences de « mutant ».

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