"Notre méditation à double-sens, ou double orientation, est essentiellement la même pour tous, quel que soit l'organe des sens nous servant de support. Sa structure est toujours bilatérale et pourtant parfaitement assymétrique. Ce chant d'oiseau résonne ici, dans le Silence ; le goût de ces fraises est savouré ici, sur la base immuable du Non-goût ; cette horrible odeur révèle, par contraste avec l'Absence d'odeur, la suave fraîcheur de la vacuité ; et ainsi de suite. Il en est de même pour nos pensées et nos émotions, elles apparaissent, ici, sur l'écran vide que le Zen appelle Non-mental, et disparaissent sans laisser la moindre trace. Egalement lorsque je me « confronte » à vous : il s'agit de votre visage, là, présenté à mon absence-de-visage, ici, -face à non-face. Je me dois d'être dépourvu de ce que j'appréhende : la tasse doit être vide pour pouvoir être remplie d'eau... une complète différence ! Ce qui ne veut nullement dire que notre « méditation à double sens », notre « méditation pour la rue », aie besoin de tout ceci : ne jamais perdre contact avec notre Absence est suffisant."
Douglas Harding, Extraits de Renaître à l'évidence
La forme est le vide, le vide est la forme.
dessin de Lorène le Roy