Dans le prologue, l’auteur raconte ses nombreux séjours dans les hôpitaux, ces mois d’alitement jusqu’à l’âge adulte pour guérir ses pieds bots , ce qui lui a permis «de rêvasser, et surtout de se souvenir.» Suivent quatre récits dont le dernier, le plus long, donne le titre, «Le val des ânes» de Vélanne, le nom déformé du petit village où la famille s’est installée au nord de l’Isère. Matthieu, le narrateur, est l’aîné et entraîne ses plus jeunes frères à faire toutes les sottises des gamins vivant dans les fermes, au milieu des poules, des vaches, et des autres animaux avec lesquels ils ne se montrent pas tendres. Ce sont de vrais garnements prêts à toutes les «conneries» selon leur père, lui-même adepte des bonnes fessées. Explosions de pétards à l’intérieur des poules, concours de lance-pierres et de carreaux cassés, batailles rangées, bobards et histoires terrifiantes racontées au plus jeune, les jeux des enfants sont empreints de sadisme, de rouerie et de duplicité, sur fond de tendresse, de camaraderie et de naïveté. C’est pimpant, joyeux, cruel, réaliste à souhait, très masculin aussi. Ces gamins ne rêvent que bagarres, batailles, victoires et gloire. Ils donnent et reçoivent sans arrêt des coups mais rien ne les arrête, leur imagination est débordante et je me suis régalée à lire ces souvenirs pourtant bien éloignés des miens.
Voici un petit livre drôle et bien enlevé sur l’enfance, ses joies, ses peines, ses cruautés.
«De cette enfance, je garde cette impression d’absolu où tout prenait du relief dans une sorte d’ETERNEL PRÉSENT … Ces moments, j’aborde à nouveau à leurs rives, dans les yeux de notre fille, Jeanne, 4 mois aujourd’hui.» 
