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Naufrage meurtrier de la plateforme pétrolière Kolskaya

Publié le 21 décembre 2011 par Sequovia

Naufrage meurtrier de la plateforme pétrolière KolskayaDimanche dernier, une plateforme pétrolière Russe a sombré dans la mer d’Okhotsk, avec à son bord 67 membres d’équipages dont seulement 14 rescapés. Le risque environnemental est écarté, mais des questions se posent sur le respect des règles de sécurité.

  • Naufrage de la plateforme Kolskaya

La plateforme Russe Kolskaya de 70 mètres de long a fait naufrage dimanche 18 décembre dernier dans la mer d’Okhotsk, lors de son remorquage vers l’île de Sakhaline (dans l’extrême Orient Russe). La plateforme était en charge d’une mission de prospection pour la compagnie Gazflot (une filiale de Gazprom).

La température lors du naufrage était de -17°C, la plateforme et le remorqueur ont été pris dans des vents violents avec des creux de 5 mètres. Les fuites auraient commencé avant la tempête, mais les secours n’ont pas pu arriver à temps puisque la plateforme a sombré en 20 minutes.

67 personnes étaient à bord au moment du naufrage. 16 ont trouvé la mort et 37 sont portées disparues, avec des chances de survie minimes. En effet, la température de l’eau est glaciale et même les combinaisons de sécurité ne peuvent pas protéger de l’hypothermie. Des hélicoptères Mi-8 et un brise-glace Magadan sont tout de même parti à la recherche des disparus ce lundi.

  • Le respect des règles de sécurité remis en cause

Une enquête a été ouverte sur les circonstances de l’accident. La cause retenue est une violation des règles de sécurité puisque la plateforme a été transportée malgré l’avis de tempête.

Selon Lioudmila Kozlova, la femme du capitaine : «Mon mari (…) a écrit des rapports à toutes les instances pour leur dire que le remorquage en période d’hiver était interdit. Il est même allé jusqu’à écrire une lettre de démission».

Selon l’antenne régionale du ministère des Situations d’urgence, les membres de l’équipage avaient enfilé leur combinaison de survie et attendaient d’être hélitreuillés au moment du naufrage. De plus, il semble qu’un trop grand nombre de personnes était présent sur la plateforme. En effet, selon la législation seuls le capitaine et quelques membres d’équipage doivent être présents sur la plateforme lorsque celle-ci est remorquée.

Sergueï Graouman, l’un des survivants, raconte : «Tous disaient que l’hélicoptère ne viendrait pas et qu’il fallait monter dans les canots. Et c’est tout. A ce moment-là, ça a chaviré. Comme dans un film! Tout le monde s’est dirigé vers la proue pour sauter dans l’eau».

Boris Nitkine, un expert de l’institut du pétrole et du gaz, explique : «Il aurait fallu évacuer immédiatement les personnes sur le pont et ne pas les laisser à l’intérieur. On aurait dû leur distribuer des combinaisons de survie et leur ordonner de sauter par dessus bord». Il ajoute : «Décembre est une saison instable en mer d’Okhotsk. Tous les travaux auraient déjà dû être achevés, l’extrême limite, c’était fin octobre».

  • Risques environnementaux minimes

Selon les autorités, le fuel était stocké dans des réservoirs étanches, les risques de fuite seraient donc pratiquement inexistants. De plus, la plateforme Kolskaya n’a pas vocation de transport ou d’exploitation.

Cependant, d’autres projets pétroliers sont menés à Sakhaline dans des conditions extrêmes, et donc potentiellement dangereuses, à des températures allant jusqu’à -40°C et des vagues pouvant atteindre 10 mètres de haut. Ces projets sont menés par de grandes entreprises pétrolières Exxon Mobil, Gazprom et Shell.

  • Avis Sequovia

Le risque environnemental de ce naufrage semble écarté, en tout cas pour l’instant, puisque le pétrole est stocké dans des containers hermétiques. Mais ce ne sera pas forcément toujours le cas, et les grandes entreprises pétrolières devraient tirer des leçons des nombreux incidents de ces dernières décennies comme l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon, par exemple.

Les accidents liés à la violation des règles de sécurité se sont multipliés en Russie ces dernières années, et nous poussent à remettre en cause la vigilance et le contrôle des entreprises russes sur cette question. Les conditions de santé et de sécurité constituent un principe fondamental de l’OIT, la Russie se doit aujourd’hui de traiter la question sous peine de représailles à l’échelle nationale et mondiale.


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