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Nous n'attendrons plus d'Idyl avec Jones

Publié le 20 mai 2011 par Hectorvadair @hectorvadair

Titre  :  Idyl, in : "Jones 30/40"Case1

L'auteur : Jeffrey (Catherine) Jones

l'Editeur : Futuropolis

La date : 1976

La page/la case :  case 1 p. 23

Le contexte :

Bon sang ! Cela fait des années que j'aime cet artiste, découvert par le biais de l'Echo des savanes/Special USA au début des années 80, aux côtés de Bernie Wrightson avec lequel il apartagé un appartement de 1975 à 1979 (ainsi qu'avec Barry Windsor-Smith et Michael William Kaluta*), ...et je n'ai jamais pris la peine d'écrire une note sur lui.

Hier, l'annonce de sa mort est tombée sur Facebook, via sa page qui était suivie par plus de 4000 (quatre mille !) personnes/fans, et je suis tombé de haut. Pourquoi d'ailleurs s'y faisait-il appeller Jeffrey Catherine Jones ?

Jeffrey Jones est né le 10 Janvier 1944 et est l'auteur de quantité de couvertures de livres fantastiques, ainsi que de quelques planches de bande dessinée à la personnalité très particulière, dont celle qui fait l'objet de cette note hommage.

Celui qui était considéré comme le plus grand peintre vivant par Frank Frazetta lui-même a été nominé entre autre en 1975 pour le "World Fantasy Award for best artist" et a l'a remporté en 1986. Il vivait cependant avec une sorte d'angoisse depuis tout petit car il souhaitait apparemment être une fille. Mais comme écrit dans sa page américaine Wiki, dans le sud des états unis dans les années 50, il valait mieux ne pas en parler.

Ses oeuvres dessinées ont été traduites en grande partie en France grâce à Fershid Barucha et les éditions du Fromage, ainsi que Futuropolis, mais ses peintures peuvent se trouver chez Underwood Books.

Womeninages
Héritier de peintres pré raphaélites auquel on pourrait le rattacher, tel Rosetti, Millais, Burne-Jones, ou bien d'autres un peu plus classiques comme N. C. Wyeth, il avait développé une sensibilité si extraordinaire dans son art que l'on ne peut qu'être subjugué par ses tableaux. La thématique de la femme le hantait apparemment car l'élement féminin était omniprésent dans ses histoires et peintures, que ce soit pour illustrer la plénitude ou au contraire exprimer l'angoisse (cf. entre autre la peinture sur la vieillesse de la femme visible ci à côté). Mais le thème de l'enfantement était aussi symptomatique de la personnalité de l'artiste, (et cela est d'avantage compréhensible aujourd'hui), celui-ci ayant été utilisé à plusieurs reprises avec le personnage d'Idyl, une jeune femme enceinte, déambulant dans une nature paradisiaque.

(Ci dessus, image tirée d'un article de la revue Ere comprimée.)

Idyl
Cette jeune femme pose un regard à la fois émerveillé et naïf sur son entourage, et discute avec les animaux comme les autres éléments qui l'entourent, mais se permet aussi une réflexion désabusée sur le monde. Cette réflexion apparaîssant aujourd'hui comme un révélateur de la souffrance psychique que devait endurer Jeffrey/Catherine.

Celui-ci a en effet été marié en 1966 avec une amie de Lycée et ils ont eu ensemble une fille Juianna. Mais en 1998, il a opté pour une thérapie de remplacement d'hormones, qui l'a jeté dans une tourbillon dévastateur. Ce n'est qu'en 2004 qu'"elle" a repris un train de vie normal et s'est remise à travailler. Développant ensuite sa page Facebook, suivie par plus de 4000 personnes, et postant régulièrement ses oeuvres (pour la postérité ?)

case2

Comme l'exprime Idyl dans cette belle case, (et le reste de la planche qui l'entoure), où un papillon demande à la jeune femme ce qu'elle attend, ...l'attente peut être longue.

Mais cela finit quand même par arriver un jour, même si personne ne voit au final ce que l'on voit nous...  (Et même si c'est un éléphant, comme le dit Idyl de manière totalement naturelle dans la chute non-sensique de cette planche, puisque rien n'a bougé en réalité.)

...La poésie de Jeffrey Catherine Jones était simple, belle, limpide, mais tourmentée, bien que très humaniste, et très proche de la nature. C'est ce que je retiendrai de ce très grand artiste.

* The Studio : cette colocation a d'ailleurs fait l'objet d'un livre du même nom, voir : http://www.berniewrightson.fr/divers

La fiche du livre 30/40 (dont est tiré cette case), sur BDovore

La page profil de Jeffrey sur Facebook.


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