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Rousseau East

Par La Bienveillante @Ema_Dellorto

Ce qui devait être une consolation.

Puisque, maladroite, elle défendait mal ses bouts de gras, en grande partie parce qu'elle ne trouvait pas ça noble, le gras, les bouts, moins, les bouts de gras donc vraiment encore moins.

Pour l'ensemble de ces raisons, on avait dit d'elle que si Voltaire était quelqu'un, elle était Rousseau.

Apparemment, pas le même genre d'individus, Rousseau et Voltaire mais le sujet exact de la querelle, elle ne le connaissait pas.

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Rousseau et Voltaire peut-être ?

Autant dire que la question était de savoir ce qu'étaient les choses et pas ce qu'on pouvait en dire.

Mais ça, c'était français, dire, écrire, pérorer.

D'où, elle signait son extra-territoririalité intellectuelle. Mauvais.

Mais ça avait été marrant, la pratique des philosophes des sciences.

Genre, le gars qui voulait qu'on embarque en nullocoptère.

"Un appareil qui permettrait d’avoir un point de vue de nulle part".

Ca, c'est Nef qui l'aurait pensé. Donc, il faut lire Nef.

Autre gars cool : Ian Hacking.

Qui écrit : "considérer que les observations ne sont que des artefacts produits par le matériel expérimental et les théories qui les sous-tendent est généralement aussi probable que la possibilité que nous découvrions que tous les moutons ne sont en fait que des loups qui portent des pull-overs en laineé".

C'est pas joli ?

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Rousseau et Voltaire peut-être ?

Bon, bon, pas tout.

"Les émotions n’ont pas de structure chimique interne".

Ca vous plait ? Encore Nef <3.

La conclusion d'un tel propos n'est pas inintéressante.

Style : La tristesse des individus dépend du taux de neurotransmetteurs, mais cette tristesse n’est pas identique à ces neurotransmetteurs.

Maintenant, le post est fini juste à ce stade.

Sauf si vous vous voulez lire la suite, un peu ardue, essentiellement une traduction de Ron Harré.

Que j'apprécie grandement.

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Rousseau et Voltaire peut-être ?

Il tient la logique en haute estime, tel moi.

Je mets pas de guillemets, parce que je l'ai écrit.

R. Harré (1968) fournit une démonstration de l’impossibilité d’assimiler des états mentaux à des états du cerveau, c'est-à-dire de subsumer la dépression par un marqueur biologique. Il examine les possibilités de constituer une science qu’il appelle psycho-physiologique, c'est-à-dire une science du cerveau. Or, il montre qu’en toute logique, la taxinomie relative aux phénomènes physiologiques (aux faits du cerveau) est nécessairement indexée sur la taxinomie psychologique (la classification des émotions, des sensations). C'est-à-dire que la manière de classer les phénomènes physiologiques dépend de la classification des états mentaux. R. Harré fait valoir que si cela n’était pas le cas, si la classification physiologique était suffisante pour décrire la maladie mentale, cela impliquerait qu’un état physiologique du cerveau (tel taux de neurotransmetteur) puisse correspondre à quelque chose dans notre vie psychique qui serait par exemple « la tristesse V (ou) la joie ». Il faut imaginer une expérience où l’on voudrait savoir à quoi correspond un certain état du cerveau, par exemple tel taux de neurotransmetteur. Il se pourrait que les individus testés dans cet état physiologique rendent compte d’émotions tout à fait différentes, parfois de la tristesse, parfois de la joie. Certains seraient hilares, d’autres diraient qu’ils se sentent « normaux », d’autres préoccupés etc… Ainsi, à tel taux de neurotransmetteur correspond un état de tristesse, ou de joie, ou d’hilarité, ou de préoccupation, ou rien de spécial. Choisir de considérer qu’il existe un état psychique « tristesse OU joie OU etc… » qu’on ne connaît pas est coûteux. Il est difficile de trouver un concept qui rassemble un tel état, constitué parfois de tristesse, parfois de joie, parfois d’hilarité, parfois de rien du tout. Dans le vocabulaire des sentiments, nous n’avons pas encore un tel terme. Il est plus rationnel, pour R. Harré, de faire de la taxinomie psychologique la référence ultime de la psychiatrie : à tel sentiment identifié (la tristesse) correspond tel état du cerveau (l’état a OU l’état b). A telle émotion peuvent correspondre deux états du cerveau différents. Dans ce cas, c’est à partir du sentiment des individus que l’on explore les phénomènes biochimiques.

Ainsi, quels que soient les progrès qui seront accomplis dans la compréhension du fonctionnement du cerveau, ils n’impliqueront pas que soit abandonnée la référence aux états d’âme des individus, et ce pour des raisons logiques et non pas seulement éthiques.

(Si, j'appelle ça un billet de Noël)


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