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Conscience et Ego

Publié le 22 décembre 2011 par Joseleroy

Il y a vraiment d'excellentes choses chez Sartre .

transcendance-de-l-ego

Je relis La transcendance de l'Ego que Sartre écrivit en 1934 à Berlin pendant le séjour qu'il y fit pour étudier la phénoménologie de Husserl. C'est un texte très difficile, très technique et dense ; je pense que Sartre aurait pu dire la même chose en étant plus simple, mais il était sous l'influence du vocabulaire de Husserl.

La thèse centrale de ce texte c'est que la conscience est impersonnelle, sans Ego. « Le champ transcendantal (de la conscience) devient impersonnel, ou, si l'on préfère « prépersonnel », il est sans Je » (p. 19)

 Sartre reproche à Husserl d'avoir conserver le Je pur au sein de la conscience. Mais pour Sartre :

« Ce Je superflu est nuisible. S'il existait, il arracherait la conscience à elle-même, il la diviserait, il se glisserait dans chaque conscience comme une lame opaque. » (p. 23)

La conscience pure est un absolu, elle est « toute légèreté, toute translucidité » (p. 25)

Cette conscience précède toute autre conscience ; elle est irréfléchie. Par là, Sartre veut dire que cette conscience ne se connait pas sur le mode des objets, avec un connaisseur , un connu et un moyen de connaissance.

« La conscience de soi n'est pas couple (sujet/objet). Il faut si nous voulons éviter la régression à l'infini, qu'elle soit rapport immédiat de soi à soi. » (Etre et Néant, p. 22)

C'est pourquoi Sartre écrira dans l'Etre et le Néant quelques années plus tard que cette conscience est conscience (de) soi, les deux parenthèses signalant que cette conscience ne se prend pas pour objet.

Elle est donc impersonnelle et non-réflexive. « Il s'agit d'un absolu d'existence et non de connaissance. » (EN )Cela ne signifie pas qu'elle n'est pas conscience de soi, mais elle l'est sur un mode absolu, immédiat, irréfléchi.

Qu'est-ce que l'Ego ? C'est le Moi, le Je. Il est un objet pour la conscience, mais un objet opaque.

« L'Ego n'est pas propriétaire de la conscience, il en est l'objet. » (TE, p.77)

Plus surprenant encore, Sartre parle d'une aliénation de la conscience. La conscience pure est magiquement envoutée par sa propre spontanéité et se prend pour l'Ego.

« Tout se passe donc comme si la conscience constituait l'Ego comme une fausse représentation d'elle-même, comme si elle s'hypnotisait sur cet Ego qu'elle a constitué, s'y absorbait, comme si elle en faisait sa sauvegarde et sa loi. » (TE, p. 82)

 Mais Sartre n'envisage jamais que nous puissions vivre constamment sur le registre de la conscience pure, car pour lui cet état conduirait à l'angoisse (comme celle décrite dans la Nausée)

Il écrit :

 « Mais il peut arriver que la conscience se produise soudain elle-même sur le plan réflexif pur. Non pas peut-être sans Ego mais comme échappant à l'Ego de toutes parts, comme le dominant et le soutenant hors d'elle par une création continuée. Sur ce plan il n'y a plus de distinction entre le possible et le réel puisque l'apparence est l'absolu. Il n'y a plus de barrières, il n'y a plus de limites, plus rien qui dissimule la conscience à elle-même. Alors la conscience, s'apercevant de ce qu'on pourrait appeler la fatalité de la spontanéité, s'angoisse tout à coup : c'est cette angoisse absolue et sans remèdes, cette peur de soi, qui nous paraît constitutive de la conscience pure. » (TE p 83)

 Sartre se trompe ici, et lourdement. La conscience pure ne souffre d'aucune angoisse ; l'angoisse, si elle apparaît, n'est ici qu'une émotion qui appartient à l'Ego, au psychique. Etre libre de l'Ego conduit au contraire à la joie.

jlr


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