Thérèse de Jésus (Thérèse d'Avila)
Vous aurez appris, comment la soie vient d'une semence qui ressemble à de petits grains de poivre. Pour moi je n'ai jamais vu cette semence, mais j'ai entendu parler de ce que je vous raconte, et si ce que je vous dis n'est pas exact, je n'en suis pas responsable. Or, dès que les mûriers commencent à se couvrir de feuilles, cette semence se met, elle aussi à prendre vie sous l'action de la chaleur; et tant que l'aliment qui doit la soutenir n'est pas prêt, elle demeure comme morte. C'est donc avec des feuilles de mûrier que se nourrissent les vers qui viennent de cette semence. A peine ont-ils grandi, qu'on place devant eux de petites branches, où avec leurs petites bouches ils filent la soie qu'ils tirent d'eux-mêmes; ils font ainsi de petites coques très étroites, où ils se renferment. C'est là que ces vers qui sont grands et difformes trouvent la fin de leur vie; puis de cette coque elle-même sort un papillon blanc très gracieux. (...) Les ailes lui ont poussé; comment se contenterait-il de marcher à pas lents lorsqu'il peut voler?
Sainte Thérèse de Jésus, Le château de l'âme - Oeuvres complètes (Seuil, 1949)
image: Chiesa di Santa Maria dei Carmini, Venise