A propos de L’Irlandais de John Michael McDonagh 4 out of 5 stars
Brendan Gleeson
En Irlande, dans un petit village perdu sur la côte, Boyle, un sergent quinquagénaire (Brendan Gleeson) vit dans une retraite et une routine qu’il a lui-même choisies, loin du tumulte de Dublin. Mais un jour, un Américain est découvert mort dans une maison et bientôt, la police soupçonne un vaste trafic de drogue en provenance des États-Unis. Lorsque l’agent Everett (Don Cheadle) du FBI débarque, il se voit confier la mission (impossible) de travailler en étroite collaboration avec Boyle…
L’Irlandais repose sur une recette et un duo comiques vieux comme le monde et la série des Le flic de Beverly Hills. Soit deux flics que tout oppose, à commencer par leur physique. Everett est noir et mince, Boyle est blanc et corpulent. Everett est élégant et porte des costumes ; Boyle a une dégaine de laisser aller dans son costume de simple agent de police.
L’habit ne fait pas le moine, certes, mais les différences entre les deux flics ne s’arrêtent pas là. Everett est marié et ambitieux, Boyle attend paisiblement la retraite et est connu pour ses passages réguliers chez les prostituées et dans tous les bars du coin.
Bien sûr, alors que tout sépare ces deux Laurel et Hardy dans leurs méthodes et leur style de vie (« old school/new school »), Boyle et Everett vont néanmoins s’entendre à merveille. La première chose qui va les unir est leur lutte contre la corruption généralisée de la police à laquelle ils sont les seuls à résister.
Don Cheadle, Brendan Gleeson
Première réalisation de John Michael McDonagh, L’Irlandais est une comédie à l’humour cynique réussie et plus profonde qu’elle n’y parait au premier abord. Ce n’est d’ailleurs pas purement une comédie où l’on rit à gorge déployée. Derrière le masque de sa vulgarité et de ses remarques graveleuses, Boyle porte en lui une mélancolie qui n’est pas sans rappeler celle du personnage joué par Colin Farrell dans Bons baisers de Bruges (2008), réalisé par… le frère de John Michael McDonagh et avec comme acteur principal un certain… Brendan Gleeson…
La réussite de L’Irlandais vient du double portrait psychologique assez fouillé de Boyle et d’Everett dont l’expression mélancolique rejoint parfois celle de son collègue irlandais. Qui est Boyle exactement ? Un type mystérieux qui dit avoir failli remporter une médaille de bronze en natation aux JO vingt ans plus tôt.
Boyle donne l’apparence d’un ours mal léché, mal aimable et un brin aigri mais il cache au fond de lui une nature et un cœur « sensibles ». S’occupant de sa mère mourante, il est dans le fond beaucoup plus « smart » que l’on ne croirait.
Mais il préfère passer pour un lourdaud vulgaire aux blagues idiotes et racistes. Ce duo s’entendra donc à merveille et la comédie est plaisante à suivre, avec son cocktail d’étrangetés (un enfant simplet tirant un chien sur un vélo) et de personnages psychopathes (les comparses du mort joués par une brochette de très bons acteurs).
Les paysages superbes et désolés d’Irlande contribuent à créer cette atmosphère bizarre de fin (rocambolesque) du monde. Sur fond de mélancholia donc…
www.youtube.com/watch?v=M394AC2hEL4
Film irlandais de John Michael McDonagh avec Brendan Gleeson, Don Cheadle et Mark Strong. (1 h 46.)
Scénario : 4 out of 5 stars
Mise en scène : 3 out of 5 stars
Acteurs : 4 out of 5 stars
Dialogues : 4 out of 5 stars