Magazine Culture
4ème de couv' :
Pourquoi ce regard paniqué et ces yeux brillants dans le corps à moitié mort du docteur Frankenstein ? L'homme est un éminent
savant à l'éducation irréprochable. Hélas, persuadé d'avoir découvert le secret de la vie, il a fabriqué un être au corps hideux, un monstre malheureux, seul au monde et révolté contre son
créateur. Est-ce lui qui a tué le frère du docteur Frankenstein ? L'idée est affreuse, car il n'y a qu'un moyen pour mettre fin à cette folie meurtrière... Frankenstein est un des mythes les plus
féconds de la littérature moderne. Un fabuleux roman, un chef-d'oeuvre romantique.
Mon avis :
313 pages. Roman publié en 1818.
Je ne connaissais pas du tout ce classique de la littérature fantastique anglaise. Aujourd'hui, si je peux dire que j'ai
comblé ce vide, je suis contraint d'admettre que je n'en garderai pas un souvenir impérissable. Il se lit assez vite... même si j'ai pris mon temps (fêtes de fin d'année oblige !).
Cette histoire, puisqu'il s'agit de l'histoire originale, est à des années-lumière de tout ce qui a pu être véhiculé depuis.
Cela m'a même grandement surpris (dans le bon sens, évidemment !).
L'intrigue débute quand un certain Robert Walton fait la connaissance lors d'une exploration polaire d'un homme
brillant, scientifique reconnu du nom de Victor Frankenstein. Le roman repose d'ailleurs sur les confessions et les impressions de Frankenstein faisant suite à ses travaux et ses conséquences. En
effet, le docteur s'est mis en tête de donner la vie à un être humain. Après des années d'insuccès, un monstre hideux, gigantesque, en tout point repoussant, ouvre enfin les yeux. Et c'est en
parvenant à réaliser son rêve que le docteur va connaître les plus grands malheurs...
Avant de poursuivre, j'ai envie de tordre le cou à certains clichés développés par les adaptations les plus farfelues du
mythe Frankenstein. Si la vision du monstre est quasi-insoutenable, il n'a ni tête de vis contre les tempes ou en travers du cou (voir photo ci-après), ni une démarche laborieuse. Il ne claudique
pas : pour tout dire, il est même plus près d'Usain Bolt que d'un bradype qui se serait foulé la cheville.
Et puis, ce qui parait inconcevable, le monstre est un être particulièrement érudit. Rejeté par l'espèce humaine, c'est un
remarquable autodidacte qui se présente finalement devant son créateur.
Voilà ce que j'ai aimé dans le travail de Mary Shelley. Elle aurait pu se contenter de raconter l'élaboration du monstre et
sa "naissance". Mais elle est allée au-delà en confrontant les deux protagonistes. Brisé par le regard des hommes, battu, chassé par ses contemporains, le monstre se terre jusqu'au moment où il
décide de trouver l'homme qui l'a conçu pour lui demander de créer son pendant féminin. Ainsi, ils vivraient en couple, loin des hommes et partageraient leur solitude jusqu'à la mort.
Oui, mais c'était sans compter sur le docteur qui refuse, traumatisé par l'abomination qui l'a jeté sur Terre.
Quelle tournure va prendre cette aventure ? Le docteur changera-t-il d'avis ? De quelles horreurs va se rendre responsable
son monstre ?
Il y a eu de nombreuses adaptations cinématographiques de cette oeuvre mais je ne vous montrerai pas ici
la bande-annonce du film culte de 1931 avec Boris Karloff car après avoir visualisé le trailer, j'ai estimé que nous étions en plein dans les clichés évoqués plus haut. Réduire le monstre à une bête sanguinaire, dépourvu de sentiments consiste à dénaturer l'oeuvre originelle... Aussi, ai-je préféré l'adaptation de
Kenneth Branagh de 1994 avec Robert De Niro (film que je n'ai pas vu non plus, d'ailleurs !!!)
En résumé, ce roman évoque l'affrontement romantique entre l'homme et son monstre, le créateur et sa créature. Shelley
dénonce ici la conception trop conformiste de l'homme sur l'apparence (débat toujours d'actualité). Ce roman, même s'il est sombre et pessimiste, est un hymne à la
tolérance.
Qu'en ont pensé d'autres lecteurs sur Overblog ? Certes, il n'y en a pas beaucoup mais je vous propose d'aller consulter
le billet d'Hydromielle (point commun : on ne connaissait pas du tout l'histoire).
Ma note : 3 / 5.
Ce roman, lu dans le cadre du challenge GOD SAVE THE LIVRE, est le 30ème parcouru depuis le début de
l'année.