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Paris reste Paris, même Qatari

Publié le 28 décembre 2011 par Careagit
Fin d'année. Somnolence dans les rédactions, l'actualité n'offre rien de plus que les éternels marronniers genre triptyque : micro trottoir cadeau - micro trottoire revente de cadeau - micro trottoir menu du réveillon de la Saint-Sylvestre. Ils sont beaux, nos canards, entre Noël et Jour de l'An.
Alors en cette fin d'année, l'on se plaît a (sur)commenter l'actualité du Paris Saint-Germain. Depuis une semaine, impossible d'y échapper. Au lendemain de la victoire du PSG dans le chaudron des Verts, l'on ne compte plus les déclarations éthiques de personnes animées par le seul désir de Justice. C'est un fait (encore non avéré vous noterez), Antoine Kombouaré devrait être remercié par le Paris Saint-Germain - disent "les sources proches du dossier" - et ce, alors que le Kanak pavane à la trêve des confiseurs au sommet de l'élite du football français.
Injustice ! Crie le public attablé devant ce spectacle présenté comme malsain. Il faut dire que nous sommes en France. C'est important, le cadre, lorsqu'il s'agit d'analyser les réactions a des informations. La France donc, plus pessimiste que des pays en Guerre, plus dépressive que la plupart des pays développés, le pays où cela ne gênerait personne de troquer un peu de liberté contre une Égalité totale(itaire ?). Depuis des centaines de milliers d'années, ce pays vit dans la passion du perdant. L'on y préfère les légendes des perdants combatifs aux récits des vainqueurs dominateurs. La mémoire collective se complait à pleurer le Fignon de 1989 plutôt que de se remémorer le doublé victorieux de 1983 et de 1984. Depuis plus d'une paires d'années, les débats télévisés et radiophoniques ne cessent de se questionner sur le mal du football français.
Diantre, mais quelle est donc la raison de cette Ligue 1 pâlichonne ? Comment expliquer ces aventures européennes courtes ? Pourquoi tant de différence entre les "grands" d'Europe et nos "gros" clubs français ? Comment retenir nos jeunes en France ? Comment enrailler la baisse - qui semble immuable - de la fréquentation de nos stades ?
A quelques exceptions près, nous pointions alors l'Europe, la déréglementation, les joueurs davantage attirés par les dollars que par les challenges. Nous attendions en salivant la mise en application du programme Platini de Fair-play financier pour - espérions-nous - pouvoir enfin nous battre a armes égales avec l'Europe. Vague mirage.
Depuis peu la donne a changé. Le Qatar s'est offert la Tour Eiffel et son club étendard, le Paris Saint-Germain. Doté de moyens gigantesques, le club de la capitale attire désormais les rumeurs quotidiennes, souvent infondées, sans que cela ne fasse l'objet de la moindre remise en question des bataillons de journalistes qui se payent sur le volume de rouleau de papier vendu. En 6 mois, Antoine Kombouaré a mené le PSG au sommet de la L1 sans pour autant empêcher une élimination en coupe d'Europe et en coupe de la ligue. Son bilan n'est pas parfait, quoi qu'en disent "les spécialistes". Depuis l'arrivée des nouveaux actionnaires, AK savait bien que son temps était compté et qu'un nom du football allait le remplacer.
Il est donc (probablement) licencié. Il quitte le navire avec 3 M€. Une paille. Il a fait du bon boulot et laisse un PSG stabilisé a un entraîneur qui aura pour mission de le faire gagner. Je connais beaucoup d'observateurs qui - dans une histoire dépourvue de passion - auraient eu beaucoup moins de compassion à l'égard d'un grand patron - pourtant de qualité - licencié avec un chèque de 3 M€. Mais ce n'est pas le même cadre d'analyse. C'est important le cadre disais-je.
Le PSG fera désormais ce que ses dirigeants pensent devoir faire de leur club. Sans que le club ne perde une miette de son identité. Un club a des couleurs, un public, un stade, un palmarès. Un club se construit sur sa capacité a remporter des victoires. Antoine Kombouaré ne représente pas a lui seul l'Histoire de ce club. Le PSG n'est pas flanqué d'un palmarès qui nous permettent de pleurer sur son identité. Le PSG construit son Histoire et, fort de ses couleurs et de son public, ira là où il a besoin d'aller pour se développer. Il ne faut avoir peur de l'inconnu et accepter de suivre l'ambition démesurée des actionnaires pour notre club. Nous ne pouvons, a la fois, reprocher aux anciens actionnaires leur manque d’ambition (comprenez, de moyens) et reprocher à ceux-ci cette même ambition.
Pour certains, il semble aujourd’hui primordial de défendre l'identité d'un club dirigé par des entraineurs moyens, dirigeant des joueurs moyens. L'Histoire du PSG ne doit se cantonner a Kombouaré, Lacombe ou Fournier. L'Histoire du PSG ne doit se cantonner a Armand, Mendy ou Pauleta. Ils sont et resteront des pierres importantes ou majeures de la construction de notre Histoire mais la grandeur de la Ville Lumière mérite ce qu'il se fait de mieux au Monde en terme de football.
Je demeurerais pour ma part aux côtés de ceux qui souhaitent doter Paris d'un club a la hauteur de sa réputation. Ne comptez par sur moi pour défendre une bien hypothétique perte des valeurs. De quelles valeurs d'ailleurs ? Quelle valeur perd t-on lorsque l'on vire un entraîneur à la trêve ? Le PSG n'a t-il jamais réalisé cela avant les Qataris ? Qu'a donc fait l'OM pour faire venir Goethals qui les fait champion d'Europe ensuite ? Quelle valeur vend t-on si nous changeons de stade ? Arsenal a t-il vendu son âme au diable en quittant Highbury pour l'Emirates ? Et la Juve ? Ces arguments ne tiennent pas une seconde.
La vérité réside dans le fait que la conscience collective française préfère le perdant digne au vainqueur orgueilleux, l'amateur chétif au professionnel surentrainé. La France est amoureuse de la Coupe de France et des éliminations des gros par des amateurs courageux. Si c'est cela que la France aime tant, alors ne perdons pas de temps a rêver d'un football français réellement présent sur la scène internationale.
Le PSG avance et ses dirigeants seront shootés a la première incartade. Je continuerai a me déplacer au stade. Ma passion du jeu et du football l'emportera. Car quoi qu'en disent les spécialistes auto-déclarés, le football est tout de même plus beau lorsqu'il est joué par les meilleurs joueurs du Monde - fussent-ils étrangers, chers, avec des salaires importants.
Et figurez-vous que je ne suis pas seul. Les stades affichent des records partout en France pour venir voir jouer des joueurs (encore moyens), les retransmissions TV vont devenir plus chères. A considérer le nombre de Une éditées sur le compte du PSG, il semble même que les journaux se vendent... Le foot business se vend plus que la Ligue 1 de Papa... Quitte a ce que cela trouble quelques observateurs bien franchouillards qui ne tarderont pourtant pas à célèbrer les grandeurs des autres clubs européens qui eux, ont déjà franchit le rubicon du football business.

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