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Le Temps du Twist, de Joël Houssin

Par Alex The Ghit

letempsdutwistVoici un roman de science-fiction qui m’a attiré pour deux raisons. La première, c’est qu’il est écrit par un français, et que rien que ça, ça mérite qu’on s’y attarde. La seconde c’est le résumé, qui promet une histoire complètement rock’n roll.

Dans un futur proche, Antonin Hoffa, un adolescent banal qui fête ses 16 ans, a pris une décision. Le jour de son anniversaire sera celui de son dépucelage… mais aussi de son suicide ! Car le monde dans lequel il vit n’est pas très marrant. Un virus transforme les gens en énormes zombis stupides et assoiffés de viande avariée. Un seul remède contre la transformation : être en permanence imbibé d’alcool. Les êtres humains boivent donc du soir au matin, et leur vie n’a que deux issues : la cirrhose ou la zombification.

Quand il rejoint ses potes du « club des taudis humains », ramassis d’adolescents drogués et fanas de Led Zeppelin, Antonin a deux surprises : son pote 42-Crew lui a ramené une gonzesse pour le dépuceler, ainsi qu’un nouveau membre pour leur groupe : un loup-garou richissime et terriblement séducteur.

Ce dernier, membre d’une race haïe des hommes, car engendrée par l’accouplement d’une femme normale et d’un zombi, offre à Antonin une Buick des années 70 légèrement costumisée. En effet, quand les jeunes mettent l’autoradio à fond pour écouter un concert de Led Zep, ils se retrouvent envoyés dans le passé, à l’époque où le concert a vraiment eu lieu…

Voilà une histoire qui a l’air très prometteuse, n’est pas ? Tous les ingrédients sont réunis : sexe, drogue et rock’n roll, à quoi on peut ajouter des zombis et un voyage dans le temps. De quoi bien s’amuser.

Le style est léger, accrocheur, ça se lit comme un regarde on bon petit film, sans peine et avec plaisir. Les personnages sont très attachants, et ce malgré leur stupidité. Antonin, le héros, est un puceau qui rêve de tirer sa crampe et qui ne pense qu’au sexe. Orlando, le loup-garou, est obsédé par Led Zep, 42-Crew par ses ordinateurs, Traffic par la drogue et l’alcool, bref, une galerie de personnages hauts en couleurs et très amusants.

Seulement, passée la première surprise, on a l’impression que ce roman n’est que du vent. Beaucoup de bonnes idées pas très bien concrétisées. Le passage dans le futur est très court, les jeunes partant vite dans le passé où les zombis n’existent pas. Là, ils se retrouvent perdus entre les années 50 et 70 et essaient de gérer le bordel qu’ils y ont foutu. L’auteur aborde certains thèmes, puis les laisse tomber et passe à autre chose, le résultat est assez brouillon.

De plus, s’il y a bien quelque chose que je déteste dans la science-fiction, c’est le manque d’imagination. Houssin n’en manque pas, il fourmille d’idées, mais pourquoi a-t-il écrit sur des adolescents du futur aveuglément fanatiques de Led Zeppelin ??? Je veux bien que le groupe ait été mythique dans les années 70, légendaire dans les années 80, auréolé de gloire dans les années 90, et il reste de nos jours comme un pilier du monde du rock. Mais de là à ce qu’il soit considéré par ces gosses du futur comme LE meilleur groupe de tous les temps, je trouve ça inapproprié. Les jeunes de toutes les générations, qu’ils continuent à aimer ou non des groupes anciens, ont tous leurs propres idoles en phase avec leur génération.

On peut se dire que dans leur monde abruti par l’alcool et rendu invivable par les zombis, la créativité musicale a du faiblir (c’est bien connu que l’alcool et les drogues nuisent à la créativité des rock stars…). A ce moment-là, les jeunes auraient du être adorateurs d’un groupe plus moderne que Led Zep, surtout quand on cherche la transgression comme le Club des Taudis humains. Led Zep, c’était transgressif dans les années 70, depuis on a connu largement pire. Non, la seule raison pour laquelle l’auteur a voulu écrire sur Led Zep, c’est sûrement parce qu’il est fan lui-même. Et je trouve impardonnable pour un auteur de science-fiction de ne pas voir plus loin que le bout de son nez.

Du coup, cette fixation sur ce groupe, associée au style brouillon du roman qui n’exploite pas réellement ses idées pourtant bonnes, font que j’ai trouvé ce livre médiocre. Par contre il se lit facilement dans les transports en commun. Vite lu, vite oublié…

Note :

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