Les obsessions collent à la peau, et peuvent vous pousser vers des films que dans d’autres circonstances, vous n’auriez sûrement pas approchés. Cela m’est arrivé le week-end dernier. Une obsession plus aussi soutenue qu’avant mais tout de même assez vivace pour m’entraîner au Publicis un dimanche soir à 21h30, qui plus est un 25 décembre, en pleine période où je cours après les derniers films potentiellement importants de 2011, et où chaque projection devient précieuse. Mais j’assume. Pas de souci. Je le dis. Regardez, je l’écris même sur ce blog. Oui, je suis allé voir le remake de Footloose un dimanche soir à 21h30 sur les Champs-Élysées juste parce que je n’aime pas rater un film dans lequel joue Dennis Quaid.
Oui je sais, ce n’est même pas la peine de me le dire, j’en suis pleinement conscient, Dennis Quaid n’est pas le meilleur acteur du monde. Moi-même, un de ses grands fans, je le pense. Celui qui croit que les obsessions portent sur les meilleurs confond obsession et admiration. Quoi que je l’admire le père Quaid, forcément. Mais je suis pleinement conscient de ses défauts, ses limites, et du fait qu’il y a de plus grands acteurs dans les environs. Je vous raconte cela aujourd’hui, alors que j’ai certainement pris du recul par rapport aux heures paroxystiques de ma fascination pour l’acteur, donc ce n’est finalement pas le fan obsessionnel qui parle.
Ce qui est drôle c’est que je ne me souviens même plus quel film a ouvert le compteur de mon rapport à Dennis Quaid. Ou même si c’est un film précis ou une conjonction de longs-métrages. C’était à la fin des années 90, cela j’en suis certain… et en jetant un œil à sa filmographie, je serais tenté de penser que cela date de 1998 ou 1999, quand Quaid était au creux de la vague et ne tournait pas ses meilleurs films. Peut-être en avais-je en même temps découvert de plus vieux à la télé, ceux de sa grande époque, L’étoffe des héros, L’aventure intérieure, The Big Easy… toujours est-il que depuis 2000, je n’ai jamais raté un film dans lequel figurait Dennis Quaid au cinéma. Parfaitement, même les nanars comme Les cavaliers de l’Apocalypse ou Une famille 2 en 1. Et ce dernier n’était sorti qu’en VF aux Montparnos, et c’est là-bas que je l’ai vu. A une époque j’achetais même tous ses films en DVD, particulièrement ceux qui ne sortaient pas en salles en France, mais aujourd’hui je ne me vois pas acheter Soul Surfer, son film chrétien sur la jeune surfeuse s’étant fait mangé un bras par un requin qui vient de sortir directement dans les bacs.
Qu’est-ce que je m’éparpille moi ce soir. Je n’avais pas l’intention d’écrire un billet sur mon obsession, passée ou présente, pour Dennis Quaid. Pas aujourd’hui en tout cas. Je voulais me contenter d’écrire quelques lignes sur Footloose. Si si, je vous assure, il y avait quelque chose à dire sur Footloose, aussi improbable cela puisse-t-il paraître. Oh bien sûr pas sur les qualités cinématographiques du film, qui s’avèrent finalement vite limitées, non non, je voulais parler de tout ce qu’un tel film parvenait, entre les mailles d’un divertissement banal, à distiller sur l’Amérique. Je voulais parler de la fascination culturelle qui pouvait découler de la vision d’un film sur une bande d’adolescents qui en 2011 se rebellent contre une Amérique coincée dans un puritanisme anachronique. Je me serais bien vu m’enflammer pour tout ce qu’il peut y avoir de jubilatoire à lire entre les lignes d’un film aussi inoffensif que ce Footloose cuvée 2011.
J’aurais tout de même parlé au passage du personnage du meilleur pote très plouc mais très drôle campé par le jeune Miles Teller qui n’était pas loin d’être bouleversant dans RabbitHole il y a quelques mois. Je n’aurais pas mentionné grand-chose d’autre pour souligner l’apport cinématographique du film. J’aurais intitulé mon billet « Footloose : abysse cinématographique mais fascination culturelle », certains auraient pensé que je refaisais le coup de mon billet sur Roland Emmerich, à savoir voir midi à quatorze heures, et, et… Et non. Finalement j’ai commencé à parler de Dennis Quaid, et j’ai dérivé. Et maintenant, Footloose n’est plus dans l’air du billet. Ce n’est peut-être pas plus mal. Dennis Quaid m’a peut-être empêché d’écrire n’importe quoi. Et à la place m’a fait écrire un billet sur le billet que je n’ai pas écrit… Même moi je m’y perds. Aaaah, si seulement ce cher Dennis n’avait pas joué dans Footloose, je n’en serais pas là. C’est d’ailleurs sûrement le moment d’espérer que son prochain à sortir en France sera d’un autre calibre. Cela m’évitera bien des désagréments, non ?