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La blogosphère : au-delà des convenances

Publié le 30 décembre 2011 par Paule @patty0green
 

J’ai toujours trouvé que les blogueurs Penelope Trunk et James Altucher formaient un couple, comme si quelque chose les unissait spécifiquement dans la blogosphère. Leurs blogs hyperpopulaires se répondent constamment bien que les auteurs ne fassent pas directement allusion l’un à l’autre. Enfin, jusqu’à aujourd’hui…

Aujourd’hui, Altucher publiait un billet de blog intitulé "Dear Penelope" en réponse au billet troublant de celle-ci "The Psychology of Quitting". Dans ce billet, l’auteur, ex-net artiste qui créait sous le pseudonyme Adrienne Eisen (voir cette entrevue que j’ai menée avec cette femme extraordinaire)écrit d’entrée de jeu : "I am at a hotel. I think I'm dying. I have a bruise from where the Farmer slammed me into our bed post". Une photographie de ses fesses etde ses jambes, nues, dévoile l’ecchymose que le « farmer », ce « personnage » que l’on reconnaît comme son compagnon de vie, lui a fait…Une fois de plus!L’auteur y écrit à propos de la violence qui se trouve au cœur de ses liens affectifs et, cela, depuis son enfance. Cette mise en scène d’un événement de sa vie au moment même où il se déroule ne va pas sans rappeler son tweet dans lequel elle écrivait qu’elle se trouvait en salle de réunion et qu’elle était en train de faire une fausse couche. Celui-ci avait choqué les Etats-Unis, coast to coast.

La blogosphère : au-delà des convenances

Si certains se plaisent à justifier ce dévoilement sans borne de l’intimité qu’opère Penelope Trunk sur son blog par le fait qu’elle soit atteinte du syndrome d’Asperger, je crois qu’il s’agit d’une lourde erreur. Je lis beaucoup de blogs et il est loin d’être rare de retrouver un tel dévoilement. Celui-ci se fait souvent avec beaucoup de maladresse. Il ne faut pas entendre « maladresse » comme un défaut ici, car ce qui me touche, dans la blogosphère, c’est justement cette « maladresse ». Rares sont les lieux où il est permis de manquer de tact. Le « sens de la mesure » s’effrite souvent au clavier de l’ordinateur et, bien que cela peut être dangereux, dans certains cas, cette absence d’inhibition me charme. Parfois, il n’y a rien de plus libérateur qu’un comportement déplacé, c’est-à-dire, un comportement qui ne respecte pas les convenances. Convenir, c’est être conforme à ce que l’on attend de nous pour plaire, pour répondre au désir des autres. Il n’y a pourtant rien de plus déplaisant que la convenance constante chez quelqu’un…

Certains pourront trouver qu’il est triste, voire pathétique de lire ceci : "I think my closest relationships in my life are with my kids and with you, the person reading my blog." Bien au contraire, je trouve cela très beau et sans le vivre complètement, je le comprends pourtant. Environ 400 personnes lui ont écrit pour la supporter. James Altucher, sur son propre blog, lui a répondu ceci : "Dear Penelope, you are welcome to stay with Claudia and me if you and yours need it. And if you really think you are dying and for some reason don’t want to call a hospital you can call me. Or your kids can call me". Pourquoi le faire publiquement? Ce n'est pas très convenable, n'est-ce pas? Parce que, à mon avis, cela fait toute la différence de soutenir Penelope Trunk publiquement dans sa démarche.

L’écriture de Penelope Trunk tout comme cette photographie qui accompagne son billet relèvent d'une autre forme de tact que celui du sens de la mesure. C'est un tact que Penelope Trunk, James Altucher et bien d'autres blogueurs maîtrisent à merveille, c’est-à-dire celui d' « une sensation produite par le contact d’un objet avec la peau ». Il s'agit d'un contact intime et corporelle qui devrait nous ouvrir les yeux sur ce qui est véritablement déplacé dans la vie. Ce n’est pas le fait de se mettre à moitié nue sur son blog ni celui d’étaler sa vie privée qui sont déplacés. C’est la violence que l'acte "indécent" de l'auteur dévoile : la violence conjugale, mais encore plus la violence qu'il faille la dire d'une certaine manière, selon certaines procédures, la violence de faire une fausse couche dans un meeting déshumanisant où n'importe quelle femme se sentirait déplacée de se lever et de dire "je fais une fausse couche", c'est-à-dire la violence ô combien nocive, intrusive et destructrice des convenances.

Thank you Penelope for being who you are!


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