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La politique de la peur de Serge Quadruppani

Par Lagrandestef

la-politique-de-la-apeur.gifLa politique de la peur

de Serge Quadruppani

Editions du Seuil (février 2011)
Collection non conforme
227 pages

Essai, politique , France

Résumé (4eme couverture)

La politique de la peur, c'est celle qui, menée par la droite comme par la gauche, empile les lois liberticides, développe sans relâche les techniques de surveillance et les fichiers, et choisit de brandir toujours plus haut la menace "terroriste".
C'est celle qui, au nom du 11 septembre, s'en prend quotidiennement aux étrangers, aux jeunes, aux internautes, aux prostitués, aux chômeurs, aux autres, à tous les autres. Celle qui, avec l'active complicité des médias, fabrique des ennemis imaginaires (le "groupe de Tarnac", Cesare Battisti...) pour mieux détourner notre attention des oppressions quotidiennes. Pour les dirigeants politiques qui tentent vainement de gérer l'économie globale, la politique de la peur permet de compenser leur quasi-impuissance par un activisme répressif surmédiatisé.
C'est enfin une "politique de civilisation" qui est à la fois la négation de la politique et de la civilisation.

Note de l'éditeur

Se confronter à la question antiterroriste aujourd’hui signifie d’abord évaluer des dispositifs qui, mis en place dès les années 80 du siècle précédent, ont connu une croissance exponentielle après le 11 septembre 2001.L’essor de ces dispositifs techniques, législatifs, judiciaires, policiers, est tel qu’ils représentent aujourd’hui l’un des plus dynamiques secteurs économiques dans une époque où tant d’autres sont en crise. C’est aussi, pour des dirigeants politiques qui, à leur échelon national, sont toujours plus réduits à n’être que les « communicants » des entités qui gèrent (ou tentent de gérer) l’économie globale, l’un des seuls domaines où ils peuvent compenser leur quasi-impuissance par un activisme répressif surmédiatisé. Une fois qu’on aura analysé l’empilement des lois liberticides, le développement des techniques de surveillance et de traçabilité, la croissance et l’interconnexion sans fin des fichiers, la banalisation de pratiques autrefois scandaleuses, tortures comprises, restera à comprendre de quelle conception de l’homme, de quel projet de civilisation ces dispositifs sont porteurs.

Mon avis :

Un essai intéressant sur la politique de la peur, de plus en plus prégnante, surtout depuis les attentats de  du 11 septembre 2001 et qui est devenue le fond de commerce de Nicolas Sarkozy , même si le terrain avait été préparé par la gauche parlementaire. Depuis son entrée au ministère de l'intérieur, ce personnage s'est en effet beaucoup démené pour que son nom reste attaché à une forme de gesticulation sécuritaire dont le principe de base, pour frustre qu'il soit, sera appliqué par lui avec une opiniâtreté que rien, ni les résultats discutables, ni les doutes jusque dans ses propres rangs, ne semble devoir jamais remettre en question. Ce principe, c'est que le maintien de l'ordre est placé au centre des tâches étatiques et qu'il relève d'abord de la gestion des émotions collectives. A chaque fait divers qui attire les médias, le ministre de l'Intérieur d'abord, le président ensuite entreront dans le champ des caméras pour annoncer une loi plus répressive que les précédentes: on connaît la méthode, chaque jour plus envahissante (p79)

A chaque fois, un ou plusieurs ennemis sont désignés et spécifiquement visés par d'inventifs législateurs Mais à chaque fois , aussi, les nouveaux dispositifs de surveillance et de punition pourront s'étendre aux autres catégories d'ennemis et , suivant une pente fatale, ne manqueront pas de le faire. Par exemple , la possibilité donnée aux forces de l'ordre d'abattre un dangereux terroriste qui ne s'arrêterait pas à un barrage routier pourra tout aussi bien leur permettre de tuer un Gitan.

Mais qui sont ces ennemis

- l'ennemi, c'est le terroriste

- l'ennemi, c'est l'enfant, le jeune, le jeune en bande, le récidiviste

l'ennemi , c'est encre le jeune, le squatteur, la prostituée, le mendiant

- l'ennemi, c'est le criminel sexuel, la "bande organisée" et à nouveau le récidiviste

- l'ennemi, c'est l'internaute

- l'ennemi, c'est le fou

- l'ennemi, c'est l'étranger pauvre

-l'ennemi, c'est le Rom, le "Français depuis moins de dix ans", le terroriste, l'internaute, le pédophile

- l'ennemi, c'est tout le monde

Intéressant également le chapitre consacré à la fabrication d'un ennemi public en la personne de Julien Coupat et ses amis avec les chroniques Tarnacoise (cf l'affaire de Tarnac dont voici le résumé sur Wikipédia)

Par contre un des premiers chapitres consacré à la politique anti-terroriste des Etats-Unis, m'a semblé dicté par un anti-américanisme affiché qui m'a un peu dérangée.

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L'auteur

Romancier (il vient de publier Saturne au Masque), traducteur (notamment d'Andrea Camillieri), éditeur (la "Bibliothèque italienne" chez Anne-Marie Métailié), Serge Quadruppani est aussi un militant, un polémiste, et une figure marquante de l’extrême gauche.
Il est notamment l’auteur de A quoi sert le terrorisme ? (La Découverte, 1991) qui trouve ici, vingt ans après sa publication, sa suite naturelle.


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