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[Feuilleton] Mont Ruflet d'Ivar Ch'Vavar - 13/41

Par Florence Trocmé

Mont-Ruflet 
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar 
13e épisode 
Résumé de l’épisode précédent : Le soleil, c’est Héloïse, qui emmène les petites filles « au bord du trou » et leur révèle qu’elles appartiennent comme elle à une race de culs-terreux en pleine dégénérescence. 
 
On croit occuper et on ne fait plus que camper, et ça    
Fout le camp, alors c’est complet !  Même, on ne voit 
Pas que le paysage a changé.  En vérité je vous le dis 
On ressemble à des salsifis alors ça suffit  !  Vous l’en 
Tendez,  le chant du plouc,  le soir au fond des bois ? 
Il chante son thrène, et ça traîne. Alors on arrête ça !   (630) 
On sent que c’est la fin, Delphine et Marinette (excu 
Sez-moi, Alix et Gwenaëlle, je voulais dire) ;  le bout 
Du chemin. Alors,  peut-être ce seront les grands vai 
Sseaux intergalactiques demain, qui viendront nous 
Épépiner, pas moins (j’y tiens). Ou bien... regardez- 
Nous : on est là à béer aux corps nègres: un instinct 
Très pressant nous dit à qui il faut passer la main, ô 
Fillettes ! c’en est fini du monde blanc. 
                                                                    Prenant un 
Chemin de traverse  j’arrivai bientôt à l’orée du bois, 
-  Seul à travers le pays  pour la première fois de ma   (640) 
Vie comme une patrouille que son caporal a perdue. 
Et me voici j’imagine, près de ce bonheur mystérieu 
X que Wastable a entrevu un jour.. Toute la matinée 
Est à moi pour explorer la lisière du bois,  c’est l’end 
Roit le plus frais et le plus caché du pays.  C’est com 
Me un ancien lit de ruisseau... Je passe sous les bran 
Ches basses d’arbres dont je ne sais pas le nom, peu 
T-être des aulnes. Tout à l’heure au bout de la sente, 
J’ai sauté un échalier : et je me suis trouvé dans cette 
Grande  voie d’herbe  verte qui coule sous les feuilles   (650) 
Foulant par endroit les ortiles, écrasant les hautes va 
Lérianes. Parfois mon pied se pose, durant quelques 
Pas, sur une plaque d’humus sec... Et dans le silence 
J’entends un oiseau... qui, obstinément, répète la mê 
Me phrase : voix de la matinée parole dite sous l’om 
Brage, invitation délicate au voyage entre les aulnes. 
Invisible et  entêté  il semble me suivre sous la feuille. 
Pour la première fois, me voici, moi aussi,  sur le che 
Min de l’aventure. Je cherche le passage dont on par 
Le dans les livres,  l’ancienne charmille obstruée que   (660) 
Le prince harassé de fatigue n’a pu retrouver... Et ça 
Se découvre à l’heure la plus perdue de la matinée... 
Quand on a, depuis longtemps renoncé, et qu’il va ê 
Tre... onze heures, onze heures onze peut-être, ou m 
Idi, midi douze ? Et soudain, en écartant, dans le feu 
Illage profond, les branches — avec ce geste hésitant 
Des mains à hauteur du visage inégalement écartées 
... On l’aperçoit, chers camarades, c’est une longue a 
Venue sombre,  dont la sortie est un rond de lumière 
Tout petit. 
                        Le soleil s’était couché sous un roncier   (670) 
Dans ce coin du bois. Et déjà les premiers nocturnes, 
Dressés,  secouent leurs puces dans les tas d’cendres. 
Les forestiers passent,  frottés du vert des mousses et 
Des lichens. Troupe rapide..  ils rient d’un rire qui dé 
Chire leur face ‒ avec un dernier rayon filtré sous les    
Feuilles,  et aussi le fait d’avoir trop vivement tourné 

prochain épisode le mercredi 4 janvier 2012


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