
Nous arrivons finalement vivants au cinéma de Bedford, le fantastique "Cineworld". Le film est commencé depuis 3min. Qu'à cela ne tienne, nous n'avons probablement raté que le générique. Au bout de quelques secondes, premier constat : le son est mauvais. Un léger écho m'empêche de fait de comprendre certains passages, mais, dans l'ensemble, j'arrive à suivre (l'accent anglais n'est pas l'accent américain !). J'avais entendu dire de ce film qu'il n'avait absolument aucune distance historique, qu'il édifiait la reine Elizabeth en pur concentré de figure héroïque (genre Spiderman en robe, diadème et perruque rousse) et l'Angleterre en royaume fier, puissant et conquérant (cet aspect du film étant, je le précise, vu comme une grande qualité par le critique qui le mettait en avant : c'est que l'Angleterre, d'un point de vue tant historique que cinématographique, manque de vrais "héros" !!!). Et je dois dire que c'est totalement vrai ! Il ne s'agit guère ici de la grande "fresque" attendue ; ne nous sont servis que les intrigues amoureuses (/ foireuses) de la super-forte-et-belle-"reine vierge", ce sur fond de victoire ultra-classe contre l'Armada espagnole. Clive Owen, l'acteur jouant la déception amoureuse de la reine, avec ses dents trop blanches et sa gueule de magazine, est complètement "out of place" dans cet univers qui oscille entre mystère et majesté. On pourra aussi noter que si Elizabeth, auréolée d'un charisme que nourrit une vraie recherche esthétique (notamment sur les couleurs), ressemble à un ange, une déesse, voire la Vierge elle-même, le roi Espagnol est, de son côté, présenté comme un petit être sombre, malingre, incarnation de la colère et de l'égarement religieux... La fin du film enfonce le clou, en précisant, via une petite note, que le désastre de l'Invincible Armada est la défaite "la plus humiliante" qu'ait jamais connue l'Espagne dans toute son histoire... Je me réjouis que Gemma ne soit pas venue voir le film avec nous ! Un tel acharnement tient de la caricature. J'avoue ne pas comprendre... y'a-t-il eu un problème récent avec l'Espagne ? Ou le manichéisme est-il décidément la seule façon cinématographiquement viable de constuire un héros ?