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[Critique Cinéma] Les acacias

Par Gicquel

Le cinéma qui nous étonne, encore. Toute catégorie confondue, ce film a décroché  la Caméra d’or, qui récompense une première oeuvre. Pourtant, sur le papier, cette histoire d’un camionneur qui pendant 1.500 km se fait accompagner d’une femme et de son bébé, ne tient pas la distance. On imagine alors des histoires multiples, mais pas celle que nous sert Pablo Georgelli, avec un tel minimum de détails et de dialogues que le voyage risque d’être long et  pesant.

D’emblée,  (et pour quelle  raison ?) au silence ténu de la cabine succède une tension singulière. Les deux êtres s’épient, et l’homme, bourru, sans galanterie aucune (Germán de Silva est exceptionnel), vit sa vie, sans se soucier de sa voisine et de la gamine qui réclame le biberon.

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Un p’tit bout de chou qui va le faire craquer et Nayra Calle Mamani , il est vrai, sait y faire. Un rictus, presque un  sourire, une petite tape sur le ventre …

Des rapports tendus, si rapports il y avait, aux échanges amicaux, voici le temps des connaissances. La caméra, si attentive aux moindres faits et gestes, n’a plus maintenant à les débusquer. Ils forcent le bonheur tranquille de ce road-movie en forme de huis-clos (surprenant coup de génie du film) rythmé par le ronronnement d’un moteur monotone.

Comme une petite chanson, une balade pour laquelle chacun a bien sûr sa petite musique à fredonner. La mélancolie de notre chauffeur bercé par un passé familial douloureux (huit ans qu’il n’a pas vu son fils unique), l’espoir pour la femme, en quête, elle aussi, de lendemains plus radieux.

[Critique Cinéma]  Les acacias

On aimait bien Jacinta  (à qui Hebe Duarte prête un talent naturel), et voici l’homme qui la rejoint, le bébé dans les bras, tout sourire cette fois. A l’image de leur rencontre, pendant tout ce voyage, il ne s’est pas passé grand-chose, il s’est dit presque rien, et pourtant un amour va naître. Le plus simplement du monde

MAIS ENCORE

Pablo Giorgelli  est persuadé que son histoire personnelle  a été décisive pour ce projet. En quelques mois son père est tombé sérieusement malade, il s’est séparé de sa compagne et la crise économique a frappé l’Argentine. « Ce film parle de ma douleur face à la perte. De la solitude éprouvée à l’époque. Du besoin de me sentir protégé par quelqu’un. »

Avec la difficulté de tourner un film en constant mouvement et l’espace restreint du véhicule, Pablo Giorgelli s’inquiétait d’avoir un bébé  pendant presque toute l’histoire. Il  devait pleurer, manger,  dormir, mais son contrôle  était évidemment très limité. Le tournage bien planifié, tenait compte des moments du bébé quand ils se présentaient naturellement.

Le casting pour trois seuls rôles  a pris plus de deux ans. Le réalisateur cherchait un acteur amateur pour jouer le camionneur, mais en vain. Germán De Silva, acteur expérimenté issu du théâtre, fera donc très bien l’affaire.Pour  Jacinta, Hebe Duarte est l’assistante de la directrice de casting, elle n’a aucune formation de comédienne.


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