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Dobet Gnahoré (artiste-musicienne) - ' J'envisage de venir m'installer au pays'

Publié le 05 janvier 2012 par Africahit

Grammy awards en 2010, la chanteuse Dobet Gnahoré qui a fait ses classes au Village Ki-Yi, parle de ses spectacles des 6 et 7 janvier et de son nouvel album.

Après la Nuit des étoiles au Palais de la culture en janvier 2010, vous jouez, pour la deuxième fois, en Côte d'Ivoire, les 6 et 7 janvier à l'Acoustic aux Deux-Plateaux. Quelle Dobet Gnahoré le public découvrira-t-il pendant ces deux spectacles?

J'essaierai, dans la mesure de mes possibilités, de me donner à fond. En janvier 2010, à la Nuit des étoiles, j'avais donné un spectacle de 40 mn. Mais, cette fois, à l'Acoustic aux Deux-Plateaux, c'est tout un concert que l'on va offrir aux spectateurs ivoiriens en 1h30 voire 1h45 mn. Je profiterai de l'occasion pour parcourir mes trois albums. En clair, je jouerai au moins 15 titres. Il y aura de la danse, de l'énergie et de la percussion, etc.

La scène de l'Acoustic n'est pas aussi large que celle du Palais de la culture. N'est-ce pas un handicap pour vous qui avez besoin d'espace pour vous éclater?

Il est vrai que j'ai besoin d'espace pour m'éclater, mais un artiste s'adapte toujours à la scène qui s'offre à lui. A mon niveau, il n'y aura aucun problème. Je pense que c'est une opportunité qui s'offre à moi pour me faire connaître davantage en Côte d'Ivoire. Je vais m'adapter à la scène et je donnerai le meilleur de moi-même.

Vous ne cessez de répéter que votre grand rêve est d'être mieux connue en Côte d'Ivoire. Que faites-vous pour réussir ce challenge?

J'avoue sincèrement que sur le plan artistique et de l'inspiration, le pays me manque beaucoup. Cela fait onze ans que je suis en France, j'ai tendance à être influencée par la musique de là-bas. Je fais donc beaucoup d'efforts pour exploiter les choses de chez nous et de toute l'Afrique. C'est pourquoi, je n'hésite pas à répondre aux sollicitations qui me permettent de venir ici pour communier avec mon public. J'ai vraiment envie de mon pays.

Cela voudrait dire que vous envisagez votre retour définitif en Côte d'Ivoire, à l'instar de vos devanciers comme Alpha Blondy, Salif Kéïta...

J'envisage de plus en plus de venir m'installer ici pour pratiquer mon art. Sans toutefois couper avec la France puisque j'ai eu deux enfants avec mon mari, le guitariste du groupe, qui est un Français. Je souhaite avoir un pied souvent ici et un autre là-bas parce que n'oubliez pas que c'est mon pays d'accueil où j'ai appris beaucoup de choses. Il faut surtout que je revienne plus ici pour m'inspirer et pour ma famille.

Quand entrevoyez-vous ce retour?

J'attendais qu'il y ait véritablement une stabilité et beaucoup d'espoir dans le pays. Maintenant que les choses ont l'air d'aller mieux, je vais sérieusement y songer. Je suis là depuis deux semaines, je n'ai plus envie de retourner en France. J'ai la stabilité au niveau du coeur parce que là-bas on stresse beaucoup. J'envisage, d'ici quelques années, de venir m'installer ici et poursuivre ma carrière en faisant les allers et retours entre la Côte d'Ivoire et la France.

Vous venez de sortir un sing le avec Manou Gallo sur la réconciliation. Pensez-vous que les Ivoiriens sont capables de dépassement pour se réconcilier?

Je crois sincèrement à une réconciliation entre les enfants de ce pays. Maintenant que nous avons un Président de la République stable, je pense que tout est possible. Ce qui est un peu dommage, ici, c'est que tout est politisé. Malheureusement, c'est toujours la population qui paye un lourd tribut à tout cela. Tant ici que dans les autres pays africains comme la Rdc. Avec le faible taux de scolarisation, les gens sont facilement manipulables. Il nous appartient de sensibiliser et éduquer nos populations pour qu'elles puissent faire la démarcation entre la politique et le reste des choses. Chacun de nous a une conviction politique, il faut donc éviter d'envoyer nos enfants à l'abattoir. Pour me résumer, il faut que l'on évite d'être embarqué dans les histoires politiques. Quand on est à l'extérieur, ce n'est pas évident d'être serein par rapport aux informations reçues. Je suis contente que le pays se retrouve progressivement. J'invite tout le monde à venir à mes deux concerts les 6 et 7 janvier.

Pourquoi avez-vous sorti ce single?

Nous avons sorti ce single pour dire aux Ivoiriens que nous souffrions au même titre qu'eux pendant les durs moments que le pays a traversés. Ce single est notre manière de participer à la renaissance de la Côte d'Ivoire et soutenir le processus de paix et de réconciliation, de sorte que nous puissions vivre avec nos différences. Le texte a été écrit par une Belge et chanté par Manou (elle a assuré les arrangements) et moi. La richesse de la Côte d'Ivoire se retrouve dans sa diversité. Il faut surtout que l'on apprenne nos langues à nos enfants. Je fais partie des enfants perdus et nous sommes nombreux dans ce cas. J'exhorte nos parents à relever ce défi sinon dans 50 ans, on sera un peuple perdu.

Vous prévoyez de sortir un album en 2012, quelle sera sa configuration?

Pour cette année 2012, je suis sur un projet conçu par Contre jour, la maison avec laquelle je travaille avec Manou Gallo, Ali Kéïta, Boris Tchango, une Camerounaise et une Américaine. Nous allons tourner avec ce projet aux Etats-Unis, en Europe et en Afrique. Mon 4e album solo est prévu pour 2013. Je vais retourner dans le rythme traditionnel parce que l'on m'a reproché, dans mon troisième album «Djégbalayou», d'avoir fait trop de fusion, notamment du jazz. Je continuerai de chanter dans les différentes langues africaines. L'album de 2013 va me permettre de revenir dans la tradition. J'en ai déjà discuté avec ma maison de production, il n'y a aucun problème.

Qui assurera les arrangements?

J'ai travaillé sur tous mes albums avec mon mari. Mon album de 2013 portera notre griffe ,tous les deux.

Vous avez eu un Grammy awards aux Etats-Unis en 2010. Qu'est-ce que cette distinction vous a apporté dans votre carrière?

Ce prix m'a ouvert des portes sur le plan professionnel et m'a permis de gagner en notoriété. J'ai pu, grâce à ce prix, faire de grandes scènes. Il m'a surtout encouragé dans la direction musicale que j'ai choisie en chantant dans les langues africaines. J'invite les jeunes à être eux-mêmes.


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