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Journal des bonnes nouvelles -14

Par Plumesolidaire

CHEZ BOSH ILS ONT ROULE LEUR BOSSE !

Il y a suffisamment de bonnes nouvelles sur la planète

pour éviter d’en prendre tous les jours de celles de

Martine Pop, Frédéric Giboyeur, Philippe de Vendée, Nicolas I, Dominique le Flamboyant,Christine la Catholique, Nicolas de Gaule, Jean-Louis Grenelle, François le Constant, Jean Michel l’Effacé, Hervé du Milieu, Corinne de l'Amoco, Martine Fillede, François Lex de, Ségolèxede, Arnaud le Tribun, Manuel Valse à Deux Temps, Jean Pierre Patriote, Eva Bonheur-dans-le Pré, Jean Luc Fassiyémarto, et de tous les autres : Philippe Prolo, Nathalie Travailleuses-Travailleurs, Jean-Marc Lémergent et Alain le Disparu…

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A l'usine Bosch de Vénissieux, une leçon de réindustrialisation

Le Monde - Mis à jour le 20.12.11

Vénissieux (Rhône), envoyée spéciale - C'est une belle histoire. Elle permet d'espérer dans une filière –celle des équipementiers automobiles– qui a connu, ces dernières années, plus de drames que de success stories. En janvier 2012, l'usine Bosch de Vénissieux (Rhône) commencera à produire des panneaux photovoltaïques. En avril, la deuxième ligne de montage sera mise en service dans les locaux rénovés et flambant neufs où se fabriquaient, il y a peu, des pompes Diesel.

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En décembre 2009, le site semblait promis à une fermeture rapide. Il y a échappé au prix d'une reconversion exigeante, pour laquelle se sont mobilisés, pendant un an, les directions de l'usine (850 salariés) et de Bosch France (8 400 salariés), plusieurs dirigeants du groupe allemand (300 000 salariés), l'ensemble des syndicats, un expert économique (le cabinet Syndex) et des intervenants extérieurs, comme l'Agence de développement économique de la région lyonnaise (Aderly) et les élus locaux.

Un cocktail inédit de bonnes volontés, d'intelligence des situations et de dialogue social à l'allemande dans une usine bien française, avec une CFDT majoritaire (56,3 % des voix) et une CGT en embuscade (28 %), a permis de sauver l'usine et 400 emplois. Le fait que Bosch est une fondation préservée des pressions d'actionnaires exigeant des retours sur investissement immédiats, n'est pas pour rien non plus dans la capacité de l'industriel à prendre des décisions de moyen et de long terme.

"TROUVER UN PRODUIT DE SUBSTITUTION" 

Pour autant, tout n'a pas été simple. Le 3 décembre 2009, Marc Soubitez, secrétaire CFDT du comité d'entreprise de l'usine, monte à Paris pour rencontrer le patron de Bosch France, Guy Maugis. Il se croyait préparé pour ce rendez-vous discret au Train bleu, le restaurant de la Gare de Lyon. "Nous savions que la principale pompe Diesel fabriquée à Vénissieux n'était plus aux normes et qu'il faudrait lui trouver un produit de substitution. Mais je suis tombé des nues lorsqu'on m'a dit qu'il n'y avait pas de solution et que Bosch allait aussi fermer le site de Cardiff (850 salariés)", explique le syndicaliste.

Vénissieux, toutefois, n'est pas n'importe quelle usine. C'est un des sites les plus performants de la division Diesel et une usine qui a su s'adapter en 2004. Ses salariés ont alors troqué, entre autres, leur accord 35 heures et trois ans de modération salariale contre un investissement de 15 millions d'euros pour préserver l'emploi.

Les deux piliers syndicaux, M. Soubitez et Serge Truscello pour la CGT, trente-trois et trente-quatre ans d'ancienneté, sont élus au comité d'entreprise européen et connus du directoire allemand. "Comme vice-président du comité d'entreprise européen, M.Soubitez a souvent des informations avant la direction", témoigne Marc Baeumlin, directeur technique de l'usine.

L'élu de la CFDT et le président du directoire de Bosch, Franz Fehrenbach, se connaissent et s'estiment. "A mon retour de Paris, j'aurais pu appeler à la mobilisation générale. Mais j'étais certain que Fehrenbach ne nous laisserait pas tomber et que notre challenge, ce serait de réussir à maintenir le calme", explique M. Soubitez.

De M. Fehrenbach, qu'il rencontre en janvier, M. Soubitez obtient un an de sursis et la création d'une commission de réindustrialisation à Vénissieux. Composée des directions du site et de Bosch France, des délégués syndicaux locaux et centraux de toutes les organisations sans exception, de dirigeants allemands du groupe et d'experts extérieurs, elle se réunira une fois par mois pendant près d'un an. Sa mission : trouver une nouvelle fabrication ou un partenaire extérieur. Pendant cette redoutable année de transition, il n'y aura pas un jour de grève.

Au printemps 2010, il est clair qu'il n'y a pas d'alternative dans la filière automobile. Pour marquer le coup, la CFDT organise un raid à vélo jusqu'à Stuttgart, au siège de Bosch, avec le soutien du syndicat allemand IG Metall. La commission de réindustrialisation poursuit ses travaux. Bosch France démarche les pouvoirs publics.

Les syndicats, malgré des frictions, avancent ensemble et font la tournée des élus locaux et régionaux, comme la maire communiste de Vénissieux, Michèle Picard, le député communiste André Gerin –dont M. Truscello avait dirigé la campagne aux municipales de mars 2001– ou le maire socialiste de Lyon, Gérard Collomb. "On est allé frapper à toutes les portes, mais on voulait d'abord une solution Bosch", se souvient M. Truscello. "C'est une bonne boîte. Il n'y en a pas beaucoup comme cela dans la région", confirme Patrick Leymarie, un autre délégué CGT.

25 MILLIONS D'EUROS POUR RECONVERTIR L'USINE 

Pendant l'été, un projet de partenariat extérieur sur une voiture à hydrogène capote. En septembre, il n'y a toujours aucune perspective. "J'ai commencé à recevoir des lettres anonymes. On m'accusait de vendre du vent. Certains soirs, je suis revenu sur les chaînes de montage pour discuter avec les gars", se souvient M. Soubitez. "A l'époque, dit Alain Laurent (CFE-CGC),la maîtrise a eu beaucoup à faire pour canaliser les énergies négatives." La direction met en place une cellule de soutien psychologique…

La situation se dénouera un mois plus tard. Approché par Syndex, le patron de la division énergie solaire, Holger von Hebel, se laisse convaincre de faire de Vénissieux la tête de pont du photovoltaïque en Europe du Sud et au Maghreb. Début décembre, le directoire de Bosch décide d'investir 25 millions pour reconvertir l'usine, soit quatre fois moins que ce qu'aurait coûté, selon la CGT, la fermeture du site.

Quatre-vingts personnes partent se former en Allemagne. Le site est sauvé, au moins à moyen terme. Si, depuis 2009, 400 salariés sont partis avec des indemnités confortables et un accompagnement, 450 travaillent toujours à Vénissieux. L'usine est en train de fusionner avec le site de Bosch Rexroth.

Dire de quoi demain sera fait n'est pas évident pour autant. En Europe, les principaux investissements de Bosch sont davantage dans les Pouilles italiennes et en République tchèque qu'en France. "Et 2012 sera une mauvaise année pour le solaire", s'inquiète la CGT. La CFDT rêve de décrocher la fabrication de la future pompe hybride hydraulique testée chez un constructeur français. "Mais rien n'est décidé", répond M. Baeumlin.

Seule certitude : les salariés de Vénissieux ont un sort plus enviable que ceux de l'usine Photowatt de Bourgoin-Jallieu (Isère), à quelques kilomètres, en cours de liquidation.

Claire Guélaud


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