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J’ai deux Amours (by Christelle)

Publié le 06 janvier 2012 par Lifeproof @CcilLifeproof

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Commençons l’année en chantant avec notre chère Joséphine Baker dont la célèbre chanson sert de titre à l’exposition en cours à la Cité de l’immigration à Paris.
Si l’on pousse la chansonnette un peu plus loin, on se rend compte que les paroles venant ensuite sont «mon pays et puis Paris». C’est alors que nous comprenons mieux le choix de cette chanson pour nommer une exposition qui va nous parler des immigrés. Sujet épineux s’il en est, la Cité de l’immigration elle-même a été sujet à controverse lors de son ouverture, elle l’est d’ailleurs peut-être encore aujourd’hui.  Elle est située Porte Dorée à l’orée du bois de Vincennes dans ce qui fut d’abord le musée des colonies, puis le musée des arts africains et océaniens pour enfin devenir le musée national des arts d’Afrique et d’Océanie en 1990. Ironie ou continuité de l’histoire, depuis 2007, ce bâtiment abrite la Cité nationale de l’histoire de l’immigration.
En effet, quel destin changeant pour ce lieu d’abord destiné à célébrer la gloire du modèle colonial français et qui aujourd’hui nous conte l’histoire d’Africains risquant leur vie pour vivre en France.
J’ai deux Amours nous invite à découvrir les collections d’art contemporain de la Cité de l’immigration, qui, oh surprise, recèle un vrai trésor.

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Sidi Larbi Cherkaoui et Gilles Delmas, La Zon-Mai, installation et vidéo-projection

 
Le rez-de-chaussée est consacré à une œuvre monumentale, La Zon-Mai, qui prend la forme d’une gigantesque maison compartimentée en pièces assez banales où s’escriment des danseurs dans des gestes répétitifs à souhait. Chorégraphié par Sidi Larbi Cherkaoui, ténor de la danse contemporaine au talent titanesque, cette œuvre nous parle de l’absurdité intrinsèque de notre quotidien mais aussi du fameux « chez soi » qui doit prendre un tout autre sens lorsque justement il nous fait défaut.
A l’étage beaucoup de photographies, notamment ces voitures que l’on a tous déjà vues chargées à l’extrême désignant l’émigré vivant en France qui rentre «au pays» avec ce qui y manque. L’artiste Thomas Mailaender les appelle de façon assez lyrique des «voitures cathédrales».
Beaucoup d’œuvres ont pour thème le fait d’être un étranger partout, dans son pays d’origine que l’on ne connait plus et dans son pays d’accueil où l’on ne s’est jamais vraiment senti chez soi.
Face à ses vies brisées et à la force de ces hommes et de ces femmes qui s’en sortent la tête haute, j’ai ressenti de l’empathie et une grande admiration. Admirables sont également ces artistes qui transforment leur vie de nomade forcé en une vitalité créatrice pleine d’humour, tel Barthélémy Toguo ou bien encore Ghazel, artiste iranienne qui met en avant de façon humoristique toute l’absurdité d’une vie en tchador.
Si comme moi vous faites un jogging dans le bois de Vincennes, n’hésitez surtout pas à pousser les énormes portes de cet impressionnant bâtiment.

Cité nationale de l'histoire de l'immigration
Palais de la Porte Dorée,
293, avenue Daumesnil
75012 Paris
Tel : +33 01 53 59 58 60
Exposition jusqu’au 24 juin 2012


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