genre: thriller (interdit aux - 12 ans)
année: 2011
durée: 1h40
l'histoire: César est un gardien d'immeuble toujours disponible et discret. Il s'immisce dans la vie des habitants jusqu'à la connaître par coeur et s'acharne sur Clara, une jeune femme insouciante et souriante.
la critique d'Alice In Oliver:
Et oui, l'air de rien, en l'espace de quelques films, Jaume Balaguero s'est imposé parmi les valeurs sûres du cinéma horrifique.
Ce qui n'est pas un mince exploit, surtout pour un réalisateur espagnol. Toutefois, Jaume Balaguero doit surtout sa réputation aux deux premiers Rec.
En attendant la sortie cette année de Rec 3: Genesis, Jaume Balaguero change un peu de style et flirte du côté du thriller avec Malveillance.
Vous pouvez donc oublier l'immeuble maudit et les zombies de Rec ! Seul point en commun, l'action de Malveillance se déroule également dans un immeuble ! La caméra de Jaume Balaguero se focalise alors sur le point de vue d'un être en apparence banal, César, le concierge. Ce dernier s'acharne sur l'une de ses habitantes, la belle Clara. Très vite, cet acharnement tourne à l'obsession, à tel point que César a décidé de lui pourrir la vie, tout en conservant l'anonymat et la plus grande discrétion.
Pire encore, César épie également les autres habitants de l'immeuble, relève leurs habitudes quotidiennes et n'hésite pas à les renvoyer à leurs propres failles et solitude. Jaume Balaguero s'intéresse donc au point de vue d'un anti héros, d'un psychopathe dont le seul plaisir consiste à faire du mal à autrui.
Pour cela, César élabore des stratagèmes redoutables, minutieux et diaboliques. La mise en scène de Jaume Balaguero n'est pas sans rappeler certains serial killers abordés par Alfred Hitchcock.
Indéniablement, Malveillance apparaît comme le film le plus mature du cinéaste espagnol. L'air de rien, ce thriller est plus complexe qu'il n'y paraît.
Bien que César soit un personnage des plus antipathiques et détestables, Jaume Balaguero parvient à le rendre attachant.
Le concierge sadique et pervers apparaît également comme un être isolé, qui n'a plus de raison de vivre et qui vient trouver sa jouissance dans la souffrance de l'autre.
Certes, il s'agit d'un portrait psychopathique, mais dont l'origine est à rechercher dans notre société actuelle. Et c'est probablement ce dernier point qui dérange le plus dans ce thriller cuisiné aux petits oignons.
Plus que jamais, César est un homme à l'image de notre société moderne. Il n'a pas de but ni d'avenir. Il n'existe pas aux yeux des autres, au même titre que la plupart des habitants de l'immeuble, à l'image de cette vieille femme, condamnée à finir ses jours avec ses chiens pour seule et unique compagnie.
Pour César, pas question de choisir cette voie. Dans une telle société, le bonheur semble inacessible. Comment peut-on sourire et vivre dans l'insouciance dans un monde aussi indifférent à l'autre ? C'est probablement ce dernier point qui amène César à élaborer une terrible vengeance contre sa nouvelle victime, Clara.
Ensuite, Jaume Balaguero peut s'appuyer sur d'excellents acteurs, Luis Tosar en tête. Après, le film n'est pas exempt de défauts.
La mise en scène est volontairement lente. Ne vous attendez pas à des scènes fulgurantes, le cinéaste préférant jouer la carte du suspense.
L'ambiance du film est définitivement froide, glauque et terriblement malsaine. Toutefois, le style et les quelques longueurs ne plairont pas à tout le monde.
Note: 14/20
MALVEILLANCE : BANDE-ANNONCE VF