Magazine Culture

Poezibao a reçu n° 197, dimanche 8 janvier 2012

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l'actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Devant l'afflux de livres, Poezibao. Il ne s'agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.
Poezibao n'est plus en mesure de présenter chaque livre reçu de façon détaillée. Tous les livres reçus seront donc cités mais une partie seulement d'entre eux fait l'objet d'une présentation plus complète, accessible en cliquant sur " lire la suite de... " - pour les autres livres, Poezibao s'efforce de trouver des informations en ligne et donne les liens correspondants.
*Ivar Ch'Vavar, Le Marasme chaussé, Flammarion
*Georges Perec, 56 lettres à un ami, Le Bleu du ciel
*Lucien Suel, Blanche étincelle, La Table ronde
* La revue de Belles-lettres, 2011, 2
*Revue Europe, n° 993-994, janvier-février 2012, Georges Perec
*Eric Pessan, Dépouilles, Éditions de l'Attente
* Kojiki, (Pierre Vinclair), Le Corridor bleu
*Matthieu Gosztola, Visage Vive, Gros textes
*Jérôme Orsoni, Au début et autour, Steve Reich
À propos de ces neuf livres, lire une présentation détaillée en cliquant sur " lire la suite "
*Mustapha Benfodil, Archéologie du chaos amoureux, Al Dante, 2011, 400 p., 21 €, sur le site de l'éditeur
*revue Gare Maritime, 2011, 17 €, présentation de la revue sur le site de la revue Décharge
*Frédéric Cousinié, L'Histoire de l'art, Éditions 1:1, 2011, 10 €
*Michele Baraldi, Le Pont habité, Éditions 1:1, 2011, 10 €
*Véronique Bouissière, Propos de poche, Éditions 1:1, 2011, 10 €
*Jean-Jacques Dorio, Je t'rêve, Rafaël de Surtis, 2011, 15 €, sur le site de l'auteur
*Revue Mange-monde, n° 2, décembre 2011, Rafaël de Surtis, 15 €, une présentation du numéro 1 de la revue
*Jean-Luc Coudray, Je n'ai plus besoin de moi, Atelier de l'Agneau, 2011, 80 p., 14 €
*Patricia Cottron-Daubigné, Croquis-démolition, Éditions de la Différence, 2011, 69 p., 10 €, présentation du livre sur le site de la librairie Decitre
*Arthur Bidegain, L'Astre métis, gravures sur bois de David Clerc, préface de Jean-Claude Pirotte, Quelques mots, 2011, 12 €
*Jean-François Mathé, Chemin qui me suit, précédé de Poèmes choisis, 1987-2007, Rougerie, 14 €
*Jean Foucault, Corbeaux d'autoroutes et de garennes, Donner à voir, 2011, 6,50 €
*Claude Vercey, La Bonne cause, Gros textes, 2011, 6 €, sur le blog de l'éditeur
*Isabel Asunsolo, Un corps en automne, Corps puce, 2011, 8 €, une note de lecture sur ce blog
*Denise Maumus-Destin, L'hiver est proche de la lumière, Gros Textes, 2011, 6 €
*Anne-Lise Blanchard, Copeaux des saisons, Corps Puce, 2011, 8 €, sur le site de la maison des écrivains
*Monique Thomassettie, Vertige ascendant, suivit de Au creuset de mes tourbillons, M.E.O, 2011, 17 €, en savoir plus
*Monique Thomassettie, Enjambée, M.E.O., 2011, 18 €, en savoir plus
*Luc Baba, Tango du nord de l'âme, M.E.O., 2011, 14 €, le blog de l'auteur
*Jean-Baptiste Pedini, Vide alentour, Encres Vives, 2011, collection Encres blanches, n° 488, 6,10 €
et les revues
* Contre-Allées, 29.30, automne hiver avec notamment Ariane Dreyfus, *Ludovic Degroote, Etienne Faure et Camille Loivier, 10 €
* Filigranes, 81, novembre 2011, D'une forme l'autre, 10 €
* Némésis, numéro spécial 10 ans, 2001-2011
* Traction-Brabant, 44, blog de la revue
* Du Poil aux genoux, 33

Ivar Ch'Vavar, Le Marasme chaussé, Flammarion, 2011, 20€

Le Marasme chaussé (ce titre renvoie au nom d'un champignon) réunit une douzaine de séquences dans lesquelles le poète revisite l'œuvre de prédécesseurs, introduites par un segment d'un poème sur l'art poétique. Il ne s'agit pas d'un simple regroupement, ni d'une anthologie arbitraire, mais de l'exposition d'une poétique délibérée : chacune de ces séquences obéit en effet à une " voix " spécifique, au passage d'un poète différent, selon le principe des hétéronymes cher à l'auteur, qui n'hésite pas ici à revisiter certaines œuvres du passé, de Jules Verne à Rimbaud lui-même... De ces échos multipliés émerge peu à peu une sorte de chant commun, d'une étonnante polyphonie. Un poème court à travers l'ouvrage, en ouverture de chacune des sections, dédié à la grande fille, c'est-à-dire à la poésie en personne, dont Ch'Vavar réinvente à travers ce livre l'une des lois possibles, dans le paysage contemporain : avec toute la verdeur, le lyrisme et l'exigence formelle qu'on lui connait. (4 ème de couverture)
(voir le feuilleton en cours sur Poezibao)
Georges Perec, 56 lettres à un ami, Le Bleu du ciel, 2011, 20€

" [...] l'amitié comme disait l'autre (vole pale et ris) aura été ma grande passion.
J'ai beau n'écrire que des crétineries, la présence effective à Paris de ces quelques copains me soutient. Et vachement. Impression de ne plus savoir très bien à qui j'écris. Id est que que cette lettre peut tout auusi bien être envoyée à Jacques qu'à Henri, Claude ou toi. Ou même à lg considéré comme un personnage (en quête d'auteur...) " (4 ème de couverture)
Lire ici, un extrait de la préface de Claude Burgelin
Lucien Suel, Blanche étincelle, La Table ronde, 2012, 232 p., 18 € (parution le 12 janvier)
" J'aime laisser un disque tourner pendant ma promenade et revenir ainsi dans une maison habitée. Une entorse à mes principes d'économie, mais dans ce cas, je me fiche de l'économie. Me fiche aussi des régimes minceur de banane, des enquêtes d'opinion de rue, des journaux gratuits, des messieurs en trottinette, des filets militaires ou de fierté ceci ou cela, des jeux à se gratter, discours, règlements intérieurs communautaires, campagnes d'information sur les promotions de la sécurité assurance-vie chewing-gum aliments régimes de chiens minuscules bichons cruchons cornichons vaccinations aviaires révolutionnaires courses autour du monde antennes satellites surgelés bande d'arrêt d'urgence. "
Installée dans un petite village de Flance, Mauricette Beaussart entre avec joie dans l'hiver. Sa vie solitaire, ponctuée de drames familiaux et d'accès de grave mélancolie, vient de s'illuminer par la grâce d'une rencontre. Tout ce qui lui manquait lui sera donné par Blanche et les siens. D'échanges fervents en rires partagés, Mauricette tisse jour après jour les fils délicats de sa renaissance.
" Le poème comme approximation. Le poème comme élan et fulgurance. C'est à mesurer l'écart entre ces deux extrêmes que pourrait inviter cette livraison de la RBL. Au gré de l'infinie oscillation entre les langues que décrit Camille Loivier, poète et traductrice, ou sur les pas de Pierre Chappuis qui, dans ses notes réflexives, juxtapose l'exemple de Giacometti et le surgissement d'une poésie donnée " sans crier gare ", ou à la suite de Mary-Laure Zoss, qui, dans notre nouvelle rubrique, " Chantier ", ouvre ses carnets de travail. Ou grâce au pas-de-deux avec Borges que propose Christian Doumet.
Chez Alejandra Pizarnik (1936-1972), cependant, désir du poème et poème du désir fusionnent, dans l'intensité de textes que le lecteur découvrira, dressés comme autant de " splendides palais de papier ", au cœur du présent cahier. Cette poésie, grâce notamment à la publication en espagnol du volume des Proses complètes, s'émancipe aujourd'hui de l'ombre réductrice que faisait peser sur elle la mort tragique de son auteur. Il est donc temps, grâce à la traduction de Jacques Ancet, de lire quelques-uns de ses " récits ", et d'explorer le chantier singulier de ses " poèmes français ", une douzaine de textes publiés ici pour la première fois, qui constituent les matériaux préliminaires de certains poèmes qu'elle écrira en espagnol dans les années soixante-dix. " (Liminaire de Marion Graf)
sommaire complet
Revue Europe, n° 993-994, janvier-février 2012, Georges Perec

On a aujourd'hui dans 1'oeil le visage que Perec s'est fabriqué au fil des années soixante-dix, figure comme triangulaire, barbichette et chevelure assyrienne, buissonnant sur les hauteurs.
Mais au-delà de cette image, ce qui, frappe, c'est un visage travaillé par l'intelligence, avec son regard clair souvent visité par l'humour. Le destin de Georges Perec (1936-1982) fut pourtant précocement visité par la tragédie. Son père, engagé volontaire, est mort pour la défense de la France en juin 1940. Évacué en zone libre en 1941, l'enfant fut dès lors séparé de sa mère, déportée quelque temps plus tard et morte à Auschwitz.
Si les premiers livres publiés de Perec lui valurent l'estime de critiques perspicaces, c'est en 1978 qu'il connut un succès considérable avec La Vie mode d'emploi, bientôt traduit dans le monde entier. Saluant la parution de ce chef- d'œuvre, Italo Calvino estima que Perec avait "l'art de résumer toute une tradition narrative et d'englober, dans une somme encyclopédique, des savoirs qui donnent forme à une image du monde ; le sens du présent qui inclut aussi tout un passé accumulé et le vertige du vide." On peut, comme Calvino, considérer La Vie mode d'emploi comme le dernier événement véritable dans l'histoire du roman : un puzzle dans lequel le puzzle lui-même donne au livre le thème de l'intrigue et le modèle formel, et où le projet structurel et la poésie la plus haute coexistent avec un naturel prodigieux.
Mais c'est l'œuvre entière de Perec qui s'avère captivante dans chacune de ses phases et qui nous invite à une multiplicité de parcours, qu'il s 'agisse du Perec d'avant Les Choses et Un homme qui dort, de sa période dite "sociologique", des années oulipiennes, de sa prise en compte des événements de la vie quotidienne et de ce qu'il appelait l'infra-ordinaire, ou encore de la façon si singulière dont il aborde le thème autobiographique et renouvelle la narration de soi en inventant des architectures neuves, complexes, agrandissant le labyrinthe qu 'est toute vie.
Sommaire complet ici
Eric Pessan, Dépouilles, Éditions de l'Attente, 2011, 148 p., 16 €

Dépouilles
est un texte polyphonique, narratif, centré sur une situation particulière : l'instant de la présentation du mort dans les funérariums. Ces une ou deux journées où le mort est exposé, où le mort reçoit les visites de ses proches, de sa famille (ou à l'inverse, ces moments d'absence de visites). Cette présentation du défunt est souvent l'occasion de retrouvailles, d'évitements, d'expression des regrets comme d'étouffement des rancœurs. De cette situation extrêmement précise et codifiée, de cette situation extrêmement théâtralisée, naît le poème. Dépouilles est un chant, un enchevêtrement de paroles qui construit une recherche poétique : ces paroles, ces mots, ces phrases, foisonnantes, contradictoires, souvent toutes faites, forment le corps du texte. La thématique est simple et ambitieuse : que peut le langage face à la mort ? ( site de l'éditeur)
, Pierre Vinclair & Yukako Matsui, Le Corridor bleu, 2011, 22 €

Tour à tour cosmogonie, théogonie, épopée, manuel d'histoire et recueil de chansons, embrassant d'un même mouvement la naissance des dieux et des cultes qui leur sont dus, de la Terre et des noms qui y fourmillèrent, des hommes et des vers qui leur vinrent à la bouche, le Kojiki est un livre total, qui tient autant de la Genèse que des Vies Parallèles, de L'Odyssée que d' Alice au Pays des Merveilles. Du Chaos originaire, en ligne droite et sans solution de continuité, le Kojiki contient tout depuis l'origine du Monde - y compris le récit des ­circonstances de sa propre rédaction.
Cette collection bigarrée d'histoires, de contes et de légendes éparpillées dans le Japon ancien sera rendue accessible en 712 par l'empereur Temmu qui, soucieux de les préserver de la corruption, en commanda la compilation orale. Pierre Vinclair, en en réinventant les rythmes, nous propose de cette œuvre fondatrice une reprise qui, enrichie des interprétations calligraphiques de Yukako Matsui, lui rend son impossible actualité.
Matthieu Gosztola, Visage Vive, Gros textes, 7 €

Voici le livre d'une douleur vive. Le livre d'une mort, de ce déchirement que les mots du poème disent avec force, de ce visage présent qui reste la fenêtre de l'échange, de cette enfance en suspens qui laboure profondément de son absence le poème.
( Alain Boudet)
Jérôme Orsoni, Au début et autour, Steve Reich, Les Éditions Chemin de Ronde, 64 p., 8 €

Parfois, on entend dire qu'il va pleuvoir, et on ne prévoit pas que ce sera le déluge. Parfois, on entend dire It's Gonna Rain, et on ne prévoit pas que ce sera le déluge, de la musique. De la musique, c'est certain, Steve Reich aura marqué l'histoire. Et, c'est important. Tout aussi important : comment sa musique au début, avec It's Gonna Rain donc, mais aussi Come Out, Piano, Phase, Clapping Music, pièces parfaitement radicales et parfaitement audibles, marque le temps et l'espace dans lesquels elle s'inscrit. Et ainsi : comment sa musique, bien que très savante et très européenne, parvient à sortir de la tradition de la musique savante européenne et, américaine, invente de nouveaux canons musicaux, en répétant, en décalant, en ne se répétant donc pas, en cherchant dans les ressources du son lui-même les moyens de changer la musique elle-même. En inventant la musique de phase. Il faut l'écouter. Ceci est un essai. Ou mieux : une pure fiction.


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