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Faut-il lire GQ ?

Par Pierre71

J'ai lu GQ et je me suis bien marré ! Ce nouveau magazine, héritier de son grand-frère américain du même nom (Gentlemen's Quarterly), vient de paraître en France ce mois-ci. Pour l'anecdote, je l'ai acheté dans le tabac-presse d'un village où j'ai une un établissement. Ayant prononcé le titre en Anglais (djikiou !), la tenancière m'a regardé avec les yeux d'une vache de concours. Elle m'a confié, le sourire en biais qui en dit long, que j'étais le premier client masculin à lui en prendre un. Dans ces contrées reculées, je lui ai répondu que je serai sans doute le dernier ! Ici, les gens lisent Voici et Rustica...

Bref, me voici parti dans les rues, GQ dans une main, ma baguette sous le bras. Je suis pressé de le découvrir car toute la Toile en parle et, bien que n'étant pas à priori un adepte de ce genre de magazine, ma curiosité l'emporte sur ma sagesse habituelle. De toute façon, ça ne peut que me changer de Enjeux-Les Echos et du Monde Diplo !

Au toucher et au premier coup d'œil, on se dit qu'il y a de la matière. En fait, sur plus de 320 pages, il y en a au moins 115 de pubs (soient 35 %), sans compter les très nombreuses pages qui couvrent le style de vie, la mode, la technologie, et qui sont autant de publicité déguisée. Plus des deux tiers du magazine sont du rentre dedans. La rédactrice en chef Anne Boulay annonce la couleur : Le carburant de GQ c'est avant tout le plaisir. Un plaisir pas cher puisque vous avez le choix entre un sac Vuiton, une montre Cartier, un costard Versace, des chaussures Paul Smith, une Mercèdes Classe R. Voyez, des trucs qu'on achète tous les jours... Un signe qui ne trompe pas : le sommaire est page 30, et les premières pages référencées commencent page 70. Je suis mauvaise langue, il y a aussi un encart de H&M, vous savez, Haches & Moyeux, le shop branché pour les bucherons et les mécanos qui ont du style !

Autre détail, mais là on va dire que je chipote : ça pue l'übersexuel ! Même le dimanche soir, après un long week-end Vox-pyjama, je suis plus présentable que ces demi-poilus. A côté, Mesrine (p 188) et les Talibans (p 196) relèvent le niveau avec leurs vraies barbes.

Bon, ne soyons pas pessimistes, j'ai quand même trouvé des choses sympas dans ce torchon mégalo : par exemple, la rubrique livres -une seule page (92), faut pas exagérer !- décompose le dernier bouquin de Chuck Norris Palahniuk, Peste, en séquences très adaptées au cerveau masculin. Le mô-sieur te dit... L'art est tout aussi vite parcouru avec des réponses bateau : oui, non, on s'en fout... Pages suivantes... Internet, Games, la tension monte, ... voilà on y arrive, la rubrique GQ Salon (p 101). Avec un sujet sur les citadines américaines qui gagnent plus que leurs maris : un sujet qui nous taraude hein ? Puis on enchaine avec un article hilarant de la blogueuse Maïa Mazanette sur le futur sex-toy pour homme paresseux. C'est vrai qu'avec l'âge, les articulation deviennent fragiles et les télécommandes de plus en plus compliquées. Bref, je suis rassuré, le troisième bras vient d'être inventé... Puis des sujets qui me concernent : l'ironie (jojer !), les pingres en affaires (re-joker !). Non, vraiment, plein de sujets intéressants... entre les pubs. Une interview de Bayrou par Beigbeder par exemple. Pathétique...

Ca fait un peu Paris-Match, mais j'ai bien aimé aussi les Fenêtres sur Cours : des photos double-page avec légendes portant sur les places boursières dans le monde. Ensuite arrivent les pages GQ Ego (p 217). Avec une question très importante sur les services à la personne : Faut-il sous-traiter sa vie privée ? Faute de goût : peut-on faire choisir par quelqu'un d'autre les fleurs que l'on va offrir à sa femme ? Les journalistes de GQ vont devoir sortir de leurs bureaux : cela se pratique depuis toujours ! Le jeudi c'est Afterwork ! Pourquoi que le jeudi ? Ensuite, je me suis bidonné avec un article sur l'attitude bio en amour. Ne faites pas ce qu'ils disent. Le temps de tout mettre en œuvre et votre libido est anéantie ! Non, franchement c'est tellement plus fun de copuler avec une capote fluorescente. Allez, on la choisit verte pour faire plaisir aux écolos !

Sinon les symboles phalliques hantent les lieux, avec des appareils photos en ordre de bataille (p 290) et les buldings les plus hauts du monde (p 306); GQ : G Queuté quelque choses ? II y a pas mal de choses intéressantes dans ce magazine, mais rapporté au poids/prix, je ne suis pas sûr qu'il faille y mettre 3€40.

Alors, faut-il lire GQ ?

PS à l'intention du maquétiste : dans le logo GQ, faites tourner le Q sur 45° anti-horaire, ça sera plus rigolo !

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