En effet, le stress qui la tétanisait tout au long de la préparation de ses deux rendez-vous était tombé. C’est gagné pour Dobet. Désormais plus de peur d’être prochainement là, toute seule, face au public ivoirien. Ces deux dates marquent donc, et sans le doute, le début d’une revanche de la chorégraphe-musicienne ivoirienne contre son pays, la Côte d’Ivoire. Où elle cherche encore son public propre à elle, malgré ses nombreux voyages musicaux à travers le monde. En revisitant avec une fougue contagieuse ses tubes extraits de ses trois albums – « Ano Néko », « Na Afriki » et « Djékpa La You » –produits par le belge Michel Debock avec sa structure Contre Jour, la jeune dame de fer des musiques du monde a entraîné les spectateurs où ils souhaitaient vivement atterrir : au fond d’un bonheur de Nouvel An. Tous, black and white, assis ou debout dans une salle devenue exigüe et chauffante, ont vibré avec cette véritable bête de scène, récemment distinguée au prestigieux Grammy Award (USA), avec son homologue américaine, India Arie. Au cours ce baptême du feu de Dobet Fille, Père Boni, mais aussi « Vieille-Mère » bassiste Manou Gallo ont apporté leur onction de manière concise, précise et savoureuse. Un jeu de couleurs auquel prenait également une part active l’époux et guitariste de Dobet, le Français Colin Laroche de Féline.
«Ils étaient tous deux très timides»« Que du bonheur ! J’ai eu la ferveur du public », s’est exclamé Michel Debock. « Il ne fallait pas commencer absolument dans un espace plus grand. C’est ainsi qu’il fallait procéder, grâce au travail de collaborateur de Karim Koné dit « Don Kareem » (producteur des spectacles via Wendy & Co, ndlr) et Yves de MBella (journaliste et producteur, ndlr). Ils m’aident vraiment à imposer l’artiste », a-t-il ajouté. Alors à quand le spectacle grandeur nature de la musicienne ivoirienne à Abidjan ? La promesse du Belge est sans équivoque : «Laissez-nous le temps de travailler là-dessus. Car Dobet a un calendrier international assez rempli. Donc, j’espère qu’on va y arriver bientôt». A la question de savoir comment Michel Debock a déniché l’Ivoirienne, le Belge ne balbutie pas. «Je n’ai pas découvert Dobet. Ce sont eux, elle et Colin, qui m’ont plutôt découvert. Ils sont venus me voir un jour de l’année 2003. Ils étaient tous deux très timides, tous petits et encore membres du Village Ki-YI. A cette époque, j’étais à mon premier Marché des arts du spectacle africain» (Masa). Je venais voir des soirs quelques spectacles au Village et ils ont demandé à me rencontrer», a-t-il confié, espérant que la reconnaissance de son poulain vienne enfin de la Côte d’Ivoire comme il l’affirme : «Je crois que nul n’est prophète chez soi. Malheureusement, c’est un phénomène qui arrive souvent. Je viens du pays de Jacques Brel. Jacques Brel qui a dû s’expatrier en France, avant d’être reconnu dans son pays, la Belgique ».Conscient que la force et la difficulté des musiques du monde exigent que l’on soit très créatif en puisant en profondeur des patrimoines artistiques et culturels, Michèle Debock a fait le pari d’aller jusqu’au bout avec Dobet Gnahoré. Tout près n’est pas loin, disent les Ivoiriens qui devraient s’attendre à une Dobet dans un prisme idéal de démonstration grand public. Schadé Adédé[email protected]Magazine Afrique
Premiers spectacles personnels en terre ivoirienne. Succès plein. Le samedi 7 janvier 2012. Espace Acoustic, Deux Plateaux–Rue des Jardins. A la fin de sa prestation aussi époustouflante que celle de la veille, la musicienne Dobet Gnahoré se sentait à la fois délivrée et satisfaite.