Préambule: Normalement, cet article aurait dû paraître hier. Disons que c’est la règle que je me suis fixé. On s’en fout! Les règles, tout comme les zones érogènes, n’existent que pour être titillées!
Dimanche 01/01/12 :
En route mauvaise troupe ! Nous sommes quatre en voiture, deux devant et deux, devine où… ? Bah oui, derrière, t’es trop fort. Je test d’entrée ton intellect car il risque d’être sollicité d’ici à la fin de cet article, car comme tu le sais, parfois, il faut se battre pour me suivre ! Il ne faut à aucun moment, se déconcentrer, regarder par la fenêtre, aussi beau soit l’oiseau qui se pose sur la branche et aussi agréable soit son chant. Il ne faut pas répondre à la personne avec qui tu vis (la pauvre !(la personne avec qui tu vis, j’entends!)) même si celle-ci te demande où est le briquet pour allumer son clop. Il ne faut surtout pas répondre au téléphone, allumer la télévision, faire un café, ouvrir une boite de conserve, passer l’aspirateur et surtout pas jeter un œil sur Face de bouc ! Bref, sois là et nulle part ailleurs (en clair). Si t’essuie, euh…si tu suis, ça devrait bien se passer. Je sais bien que t’es pas une flèche, mais je crois en toi François ! Je suis certainement le seul, c’est bien pour ça qu’il ne faut pas me contrarier, poils au nez !
Donc, je reprends, nous sommes quatre en route pour Saint Malo. Les propriétaires de la voiture sont Stéphane et Marion. Les covoitureurs (nouvelle espèce humaine écologique) ne sont autre que Julien et moi. Les présentations sont rapidement faîtes, le moteur démarre, les fenêtres sont fermées, car nous sommes tout de même le premier jour de Janvier, le cendrier est vidé, les vestes sont pliées et rangées sur la plage arrière du véhicule et Stéphane, qui conduit, d’un coup ne voit plus rien dans son rétro intérieur (Les filles ne cherchez pas ce que c’est, vous vous en servez jamais!), il râle gentiment et, enfin, nous quittons Paris. Il est 15h10.
La route est longue et difficile. En effet, le pare brise de la voiture est noyé sous des trombes d’eau. Les deux petits essuies-glace peinent à supporter le choc. Ils battent la mesure mais perdent fréquemment le rythme. On dirait du Lady Gaga ! C’est nul ! Résultat, on roule à 90 km/h sur l’autoroute, ce qui, du reste, la transforme en nationale.
Je cherche, toutes les heures, à joindre Mike, le propriétaire de la ferme où je vais, à Pleslin, près de Saint Malo, en Bretagne, en France. Le hic, c’est qu’il ne me réponds pas. Je file donc vers chez lui sans être sûr qu’il sera là pour m’accueillir. Je trace, à 90 km/H, vers l’inconnu. Qui vivra verra !
A quelques kilomètres de Pleslin, n’aillant toujours pas de nouvelle de Mike, Stéphane et Marion se proposent de m’accueillir (en fait, j’ai un peu fait mon « j’irai dormir chez vous » en m’invitant chez eux). Toujours est-il que si Mike n’est pas chez lui, je ne dormirai pas dehors cette nuit. Merci à Marion et Stéphane, de chouette gens.
Il est 19h 30 quand nous arrivons à la ferme. Nous sommes dans un endroit que l’on nomme communément un « trou du cul du monde ». Je demande la maison de Mike. Comme le GPS de Stéphane fonctionne (j’en ai connu d’autre qui…) on me l’indique. Je frappe. On m’ouvre. Je me présente. Il se présente. Il me dit que je suis (belle) le bienvenu. Je lui dit que je vais chercher mon sac. Je me dirige vers la voiture. Je remercie chaleureusement Stéphane et sa chérie Marion. Je récupère mon sac. Ils s’en vont. Je rentre dans la maison. Je pose mon sac. J’enlève ma veste. Je lève un verre. Nous trinquons. Il y a du feu dans la cheminée. Tout va bien.
Mardi 03 Janvier :
Aujourd’hui, Mike et moi sommes allés récupérer du lierre pas très loin, soit, assez près. Mike est un artiste qui travaille le lierre. Cette plante qui s’enroule autour des arbres ou s’étale sur les murs. Le « morceau » qui nous intéresse mesure 1,8 m de large sur 2 m de haut (soit 3.6 m2 pour les matheux!) et squatte le mur d’une ruine qui appartient à un arrière-arrière cousin de Mike. Après deux bonnes heures de boulot, le lierre tombe. Il est chargé dans le camion et ramené à la ferme.
Je m’occupe de l’écorcer. Mike me donne un Karcher, de marque : « NettoiLaCité » et je fais le job. Ce job s’avère être un job qui rentre, par la grande porte, dans la catégorie : « sales jobs »( à ne pas confondre avec la catégorie « Steve jobs »). Pour nettoyer ce bout de bois j’ai du cramer 300 litres de flotte. Ça craint. C’est comme ça. Toujours est-il que la pièce qui, grâce à une tronçonneuse est maintenant un cercle de 1.7 m de diamètre (les matheux peuvent calculer la superficie s’il ils le souhaitent. C’est gratuit!), est superbe. L’idée est de fixer la pièce dans un grand cercle en acier, ou en fonte, ou en plomb, ou en inox, ou en aluminium, je sais pas. Ça va être très joli. Mike m’a promis de me montrer la pièce terminée, dans deux gros mois (des mois Américains !).
Mercredi 04 Janvier :
Mike sort une petite moto du garage, genre moto pour personne de petite taille (il paraît que l’on ne dit plus nain, trop péjoratif. Alors que nanisme est un terme médical. Étrange société où des trucs de fous passent comme une lettre à la Poste et d’autres, bénins, choquent).Toujours est-il qu’il sort la ‘tite moto et que c’est cool baby! Une fois les réglages effectués, Jeanne (8 ans et pas toutes ses dents) part bille en tête à environ 6 ou peut être 7 km/h. Impressionnant ! Vient ensuite le tour de Leia (12 ans et toutes ses dents) de monter la bête. Elle, file à, maximum, 23 km/H ! Ouah ! Impréssionant ! Y’a pas à dire, les filles et le pilotage, c’est comme l’eau et l’huile, non miscible !
J’ai hâte qu’on me propose le monstre. On me propose le monstre. En deux secondes et quelques, je lui montre qui est le patron. Le patron c’est moi. La bécane est à ma merci et je fonce, comme si j’avais un rendez vous avec la mort, vers le premier bout de route qui se présente à moi. Au bout de deux minutes, comme je n’ai pas de casque (oui m’man je sais, c’est pas prudent!) mes yeux et mon nez font un concours de celui qui pisse le plus loin. Mes yeux gagnent haut la main la compétition et mon nez arrive à une honorable deuxième place (Poulidor, je te salue!). Au stop du bout de la rue, je stoppe. Je fais demi tour et la moto aussi, car elle va où je vais, soumise. Je m’éclate.
Les filles de Mike rentrent, boudeuses. Moi, je passe et repasse tel un rapace de l’espace (juste pour le plaisir de la rime, pour combattre la déprime, la mauvaise mine. Rien à voir avec la frime. Loin de moi l’idée de moquer ceux qui triment ! (J’donne des cours le mercredi de 11H04 à 11h33).
Pour se remettre de nos émotions, l’après-midi est consacré à la cuisine. Je plume un faisan. C’est le quatrième en quelques semaines. Je vais devenir bon en plumage (amis pigeons, attention!). Une fois la volaille mise à nue, elle est nue. Mike se charge de la cuire dans une marmite, dans le feu, avec du choux, des oignons, des carottes et autres légumes. Pour le dessert, je fais un crumble à la pomme et à la cannelle. Tout le monde dans la maison se lèche les babines. Le reste de l’après-midi se passe devant la télévision. La console de jeux Nintenfa (ou Nitensi ou Nitenla ou Nintenré, bref, pas de pub!) est allumée et les kartings du moustachu à casquette, chauffent. On rigole bien (je ne précise pas que là encore, pilotage oblige, les filles sont à la rue!). On rigole bien.
Vendredi 06 Janvier :
Il fait super beau. Depuis mon arrivée, c’est la tempête. Le vent souffle par rafales dépassant parfois les 100 km/H (lu dans les journaux). Il caille et la pluie mouille tout. Le rayon de soleil qui traverse les nuages, aujourd’hui, est donc mieux que bienvenu, il est Super-Bienvenu (avec des majuscules!). Il débarque sur terre avec sa cape rouge et sa combi ultra moulante prêt à se faire les méchants nuages qui oseraient masquer son soleil à lui. Bref, il fait beau.
Je demande un vélo. J’obtiens un vélo. Je ne demande rien d’autre. J’obtiens pourtant une pompe (à vélo. Je me suis dis qu’il fallait que je te précise car comme tu lis depuis presque 10 minutes, tu dois être au bord de la crampe du cerveau droit!).
Je trouve que les pneus sont comme toi, dégonflés mais, comme je suis comme toi, un fainéant, je ne les regonflent pas. Ça va marcher, euh…rouler comme ça ! Je pars à la conquête de la côte d’Émeraude qui se trouve à environ 13,452 kilomètres de la ferme de Mike et comme je suis dans la ferme de Mike, elle se trouve à environ 13,452 kilomètres de moi (comment gratter du papier. Prends des notes Helliot!).
Quand j’arrive sur la plage, je suis en nage (C’est bon ça ! J’l'aime bien c’lui ci!). J’ai voulu bien me couvrir mais force est de constater que je me suis trop couvert.
Je pose ma bicyclette le long d’un mur. Au loin, à droite, deux types jouent à « la raquette en bois avec une balle en plastique fluo». J’adore ce jeu. Je m’assois sur des escaliers, eux aussi, en bois. Sur ma gauche, (l’autre droite pour les dyslexiques) un homme se promène avec son chien. La mer fait son job. Elle mouille le sable, iode (du verbe ioder) l’air, enchante les odorats sensibles et séduit les oreilles des mélomanes dont je suis. Soudain, un des deux types enlève le haut. Quel courage! La curiosité humaine fait que je n’ai Dieu euh… d’yeux que pour eux.
Le même gars, tranquille, il enlève le bas, le con ! Je veux dire tout le bas. Nu comme un ver, il court vers la mer à toute vitesse comme un mec qui court à toute vitesse et il saute joyeusement comme un mec qui saute joyeusement (j’donne des cours, tu l’sais, non? De 11h04 à 11H33, le mercredi. Prends rendez-vous, vieux fou !). Il s’éclate. Je rigole. Super scène. Je sens que son frère, son pote ou son mec, hésite. Moins courageux, il laisse tomber. Je rigole. L’autre, le ver, après bien 3 minutes entières de baignade, un exploit, sort de l’eau. Il est tout rouge ! Je rigole. Il place ses mains devant son intimité. Je ne peux pas dire devant sa virilité, car avec le froid, il doit être au plus près de son côté féminin ! Je rigole. Super scène.
Après quelques heures de balade sur la côte d’Émeraude, j’enfourche mon vélo direction la ferme. Poussé par un cerf (cherche un peu, tu peux trouver!) de lucidité, je décide d’utiliser la pompe que je me trimbale depuis des heures déjà. Donc je pompe à l’avant et je pompe à l’arrière. Après quelques minutes, tout est bien pompé. Mon Dieu quelle différence ! Je fonce tel un rapace de l’espace (tu te souviens ?) à 5 centimètre du sol. Le retour devrait être bien plus facile Émile ! Je suis écartelé par deux sentiments contraires. Je suis satisfait des meilleures conditions de route pour le retour mais j’enrage de mettre tapé un aller bien usant avec les pneus à plat alors que j’avais une pompe. Trop toi, trop nase !
Samedi 07 Janvier :
Je quitte la ferme de Mike pour une escapade sur Saint Malo qui se trouve à une vingtaine de kilomètres de chez lui. Je suis sur la nationale, le pouce en l’air, un carton sur lequel est écrit, devine quoi…et oui, Saint Malo (t’es trop fort!), dans l’autre main.
Petit détail, il pleut. Et comme en Bretagne, il est une coutume qui dit qu’ici, il ne pleut que sur les cons, après 30 minutes d’attente, trempé, je me remets en question.
Une heure plus tard, je suis sur la plage du sillon. Quel plaisir de retrouver cette plage et ce remblai sur lequel j’ai couru tant de kilomètres. Saint Malo est une ville fabuleuse. Pleine d’une âme aventurière. Évidemment, ça a beaucoup changé mais les pierres suintent encore du sang et de la sueur des corsaires qui s’arrêtaient ici pour retrouver le corps d’une femme, fût-elle planquée dans le plus lugubre des tripots de la cité, après plusieurs semaines passées en mer.
Je retrouve avec plaisir LE bar de la ville, THE bar en anglais. Son nom est « la belle époque ». Décoration de Noël, table et chaise en bois, le serveur est cool et la musique est bonne et comme dit Jean-Jacques, quand la musique est bonne !
C’est étrange, j’ai vécu ici une petite année il y a quatre ans et j’aperçois, dans ce bar, des visages qui me sont familier. Le barman me reconnaît, je le lis dans ses yeux. Le barman à fait la fête hier, je le lis dans ses yeux. Le barman est un chouette gars, je le lis dans ses yeux. Le barman est fatigué de servir, je le lis dans ses yeux. C’est fou ce qu’on peut lire dans des yeux. Montre moi tes yeux, je te dirais qui tu es !
Avant de quitter Saint Malo, je dois te parler d’une dernière chose. Ces dernières lignes sont surtout destinées aux mélomanes ou, à la rigueur, aux non-mélomanes qui seraient dotés d’un peu de curiosité. J’ai découvert la station de radio Sinsing. Une bombe. Si tu écoutes quelques heures, tu découvriras par toi même !
Amis voyageurs, ou pas encore, voyagez plus pour vivre plus !