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Taxe sur les transactions financières : l’économie française pourrait pâtir du populisme ambiant

Publié le 09 janvier 2012 par Edelit @TransacEDHEC

C’est officiel, Nicolas Sarkozy et l’UMP à sa suite, militent désormais pour l’introduction d’une taxe sur les transactions financières, même si celle-ci ne devait être implantée qu’à l’échelon national.

Depuis de nombreuses années déjà, l’idée d’une telle mesure, inspirée par les travaux de l’économiste James Tobin, fait son chemin dans l’opinion publique.  A l’origine, cette taxe, touchant toutes les transactions financières à hauteur de 0,1%, devait permettre de limiter la spéculation sur les marchés financiers. Au vu de l’hostilité ambiante à l’égard du secteur financier, la proposition du parti majoritaire apparaît toutefois davantage comme une manœuvre purement politicienne.

Une mesure franco-française

Force est de constater que, dans un monde idéal, l’application de cette taxe à l’échelle mondiale fournirait des revenus supplémentaires aux Etats sans réellement nuire à la rentabilité des institutions financières. Malheureusement, sa mise en place à l’échelon européen semble déjà bien incertaine, aussi est-il  irréaliste de croire en son avenir international : L’Allemagne refuse toute « taxe Tobin » à moins que celle-ci ne soit appliquée dans l’Europe des 27 et l’Angleterre s’y refuse à moins qu’elle ne soit appliquée à l’échelle internationale…

Des conséquences désastreuses pour l’économie nationale

La finance n’est pas seulement globalisée, elle constitue aujourd’hui un univers hautement concurrentiel. Les places financières sont toutes en concurrences et leurs règlementations semblent bien plus déterminantes que leurs localisations. Aussi un néophyte pourrait-il croire qu’une taxe de 0,1% serait sans conséquence. Mais tel n’est pas le cas, d’autant plus que la place parisienne est déjà pénalisée par une règlementation relativement stricte. Une telle taxe aurait donc toutes les chances d’aboutir à une fuite massive des capitaux. Ce fut le cas en Suède en 1984 : suite à l’introduction d’une taxe similaire de 0,5% la réaction des marchés fut telle que les autorités durent faire machine arrière afin d’éviter un effondrement complet de la place financière suédoise.

Or les marchés financiers ne sont pas seulement le repaire des spéculateurs de tous poils, ils constituent également le cœur d’une économie puisqu’ils assurent son financement. Toute charge pesant sur les transactions financières est donc une charge directe sur l’économie nationale.

Non contente de rajouter une énième charge indirecte aux entreprises françaises, elle découragerait les investisseurs étrangers.

En plein credit crunch, alors que les banques européennes se trouvent au centre de la crise de défiance touchant les dettes souveraines, cette taxe sur les transactions financières pénaliserait in fine les entreprises en mal de financement. Mais il semble bien qu’en période électorale, l’attrait du pouvoir l’emporte sur le soucis de l’intérêt général.

Jean-Baptiste Duret


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