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Tout, tout de suite de Morgan Sportès

Par Ngiroux

Tout, tout de suite de Morgan SportèsSportès, d’entrée de jeu, nous présente d’un style journalistique ses deux antagonistes : En 2006, un citoyen français musulman d’origine ivoirienne a kidnappé et assassiné, dans des conditions particulièrement atroces et  un citoyen français de confession juive.  J’appelle le premier Yacef, le second Élie. L’un a 25 ans, l’autre 23. Un roman tiré d’un fait vécu, «Mon livre appartient au genre du roman.  Appelons-le : Conte de faits.»

Yacef, alias le boss, désigné par les médias comme Le cerveau du gang des barbares. Des barbares, la plupart jeunes désœuvrés, français de première génération. Yacef, grand, noir, baraqué,  a le crâne rasé et porte un fin collier de barbe. Dès sa  sortie de prison, il se démène, il a déterré la hache de guerre.  Il veut du fric et vite. On ne connaît pas le nombre de ses victimes.

C’est le hasard qui choisit Élie, ce jour-là la mort est entrée dans cette boutique de téléphonie mobile. Elle avait le visage de Zelda, l’appât. Il était beau, sympathique. Il correspond par ailleurs au critère exigé par Yacef : juif donc riche, ni gros, ni balaise.

Mais cette demande de rançon tournera très mal.

Élie, sur les portraits mortuaires qu’a pris de lui l’identité judiciaire, semble avoir trente ans de plus.  Rien n’y demeure de ce jeune homme souriant, naïf, bronzé, en tee-shirt et bermuda de vacances, figurant sur les photos publiées dans les médias du monde entier après son assassinat. Les ans ne l’ont pas marqué, mais l’horreur, la bassesse humaine. Il a passé trois semaines à l’école du mal.

Prix Interallié 2011, un récit dérangeant, stupéfiant par son incroyable réalité, un bref aperçu, un temps d’arrêt sur l’évolution de la société française affectée par ce problème importé, politique et économique. En exergue des citations du livre de Jaime Semprun sur les problèmes de banlieue, ‘L’Abîme se repeuple’ et Sportès de déclaré

Mon roman est un témoignage de l’effroyable vide que la société a laissé se creuser en son sein, du degré d’aliénation de ces jeunes, couplé à leur indigence intellectuelle.



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