On a déjà évoqué dans ce blog qui rappelle parfois des étymologies et le sens premier des mots la signification de l’adjectif cornélien. Chez Corneille, les situations sont à ce point complexes, inextricables et, pour le coup, « cornéliennes », qu’elles constituent la source même du tragique. Les personnages de Corneille sont d’une exigence absolue et ne transigent en aucune manière avec les principes. Prenons « le Cid » déjà examiné ou encore « Cinna », pièce qui fait l’objet de l’article d’aujourd’hui.
Emilie aime Cinna et exige de lui qu’il tue Auguste qui a naguère immolé son père. Elle met ainsi sa bravoure à l’épreuve et s’assure de la réelle qualité, « générosité » (mot cornélien !) de son amant. Mais en même temps, en se soumettant à ce devoir que lui dicte son honneur et son sens de la filiation, elle sait qu’elle va perdre celui qu’elle aime plus que tout au monde : « Au milieu toutefois d’une fureur si juste, j’aime encore plus Cinna que je ne hais Auguste ».
Par ailleurs Cinna est reconnaissant envers Auguste qu’il juge un bon souverain. Il est déchiré entre le sens de l’honneur de sa maîtresse et le sens de l’honneur à son roi. Situation comme on le voit bel et bien cornélienne dans une pièce où les impératifs moraux sont la source du tragique.