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Actions en devises étrangères et risque de monnaie (4/4)

Publié le 10 janvier 2012 par Chroom

La chute du dollarDans notre dernier article, nous avons vu quelles possibilités offre le Forex pour se couvrir contre le risque de change. C’est une méthode efficace mais qui comporte également des risques pour qui n’est pas à l’aise avec ce type d’instruments. Rappelons aussi qu’une démarche complémentaire est de diversifier son portfolio avec des titres en monnaie locale, mais que cette méthode est limitée et peu efficace si elle est actionnée de manière isolée. Il reste une possibilité que nous n’avons pas abordée, celle que nous avions d’emblée laissé de côté car nous souhaitions justement limiter la part d’actifs en monnaie étrangère.

Et si la meilleure manière de se couvrir contre le risque de change était de soigner le mal par le mal, à savoir investir dans des titres en dollars (par exemple), qui peuvent bénéficier d’une baisse du billet vert ? C’est typiquement le cas des grosses multinationales américaines qui réalisent une part majoritaire de leur chiffre d’affaires hors Etats-Unis, comme McDonald’s ou Coca-Cola. Il y a aussi le secteur des matières premières, notamment l’industrie pétrolière (Chevron), qui réagit de la sorte.

Nous considérons la volatilité comme un risque inhérent à l’investisseur. Un titre qui fluctue fortement à la hausse comme à la baisse n’est pas forcément plus risqué en soi, mais il peut l’être en fonction des sentiments de peur et de cupidité de l’investisseur, en l’amenant à prendre de mauvaises décisions. Pour cette raison, nous avons toujours pris en compte l’écart-type des actions dans notre stratégie. Là où ça devient intéressant, c’est de calculer cette volatilité non pas dans la monnaie d’origine du titre, comme c’est l’usage, mais dans notre monnaie de référence, comme nous le faisons.

Etant donné que le type d’actions dont nous parlions ci-dessus évoluent en principe de manière inverse à leur monnaie, la volatilité en CHF est plus basse qu’en USD et donc le titre devient moins « risqué » ! Typiquement Coca-Cola affiche une volatilité de seulement 9% en Francs suisses (alors que celle de Novartis, qui passe pourtant pour une action très défensive, se monte à 10.77%).

Allons plus loin et intéressons nous pas seulement à la volatilité, mais aussi à la protection qu’offre un titre par rapport aux variations du dollar. En utilisant les outils statistiques on peut déterminer le lien qui existe entre l’USD/CHF et la valeur en francs suisses du l’action concernée, ce que nous appelons le $risk. Une valeur de proche de +1 indique un lien très fort, signifiant qu’une baisse du billet vert s’accompagne ordinairement d’une baisse du titre en CHF, d’où un risque important. On peut aussi s’en servir comme effet de levier, si l’on veut jouer par exemple à la fois à la hausse sur un titre américain et sur le dollar. Une valeur près de zéro montre l’absence de relation, et donc que la valeur de l’action en CHF évolue en principe indépendamment de la valeur de l’USD. Une valeur proche de -1 est le signe d’un lien inverse puissant, à savoir qu’une baisse du dollar s’accompagne normalement d’une montée de la valeur du titre en CHF, offrant ainsi une couverture intéressante contre le risque de monnaie.

Ainsi, un titre comme Dover affiche une sensibilité pratiquement nulle aux variations de l’USD/CHF, signifiant que le titre se couvre lui même contre le risque de change ! Encore plus fort : Coca-Cola affiche une sensibilité inverse de -0.58, McDonald’s de -0.79 et Chevron de -0.54. Ces trois titres peuvent donc a priori être utilisés pour couvrir d’autres positions en dollars qui souffrent lorsque le billet vert s’affaiblit. C’est typiquement le cas par exemple de Wal-Mart, Lowe’s, Target et Walgreen. Ce n’est pas étonnant puisque le secteur de la distribution vend sur le territoire US des biens d’importation, qui se renchérissent à mesure que le dollar baisse.

Bien entendu, la valeur d’une action est tributaire de multiples facteurs, et la variation de sa monnaie par rapport aux autres ne  représente qu’une des données de l’équation. Ainsi, un changement important dans les fondamentaux d’un titre qui serait utilisé comme couverture contre le risque de change, pourrait lui faire perdre, au moins partiellement, cette vertu particulière. Pour cette raison, cette stratégie doit être utilisée sur plusieurs titres, et de concert avec les autres méthodes déjà mentionnées.

Nous avons donc vu que le risque de change n’est pas à prendre à la légère, mais qu’il existe plusieurs solutions pour s’en prémunir. Toutes n’affichent pas le même degré efficacité, mais toutes font sens, le pire étant de ne rien faire et laisser votre portefeuille se déprécier au gré des taux de change. Des titres en monnaie locale soigneusement sélectionnés, un peu de Forex pour ceux qui se sentent à l’aise avec ce type d’instrument et des valeurs en monnaie étrangère qui parviennent à s’affranchir de leur propre devise représentent une combinaison ingénieuse et facile à mettre en oeuvre.


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