Rentrée Littéraire : 2ème édition

Moins connue, moins médiatisée et moins importante que celle de septembre, la rentrée littéraire de janvier est néanmoins nécessaire pour réalimenter le fond de nos chères librairies.

Cette année, la tendance est à la baisse avec seulement 480 romans, dont 311 français.  Il est à noter que plus de 50 premiers romans sont à paraître, phénomène réjouissant pour le renouveau de la scène littéraire, mais qui n’a rien à voir avec  un début de philanthropie de la part des maisons d’éditions.

Il est connu de tous que les élections présidentielles approchent à grand pas. Or cette période est en général cause de vache maigre dans la littérature. Frileux et prudent les éditeurs finiront d’ici quelques semaines par se cantonner à des politico-fictions et des biographies vaseuses sur les futurs nouveaux présidents.  Bref, le choix de publier énormément de nouveaux auteurs pour cette rentrée 2012 s’explique par la méfiance des grands noms, craignant de passer inaperçu dans les médias, déjà très occupés, et donc de moins bien vendre.

 Tout n’est pas à jeter dans cette rentrée littéraire, loin de là. Mais il est vrai que faire le tri s’avèrera plus compliqué, tant la médiatisation est faible. Chez WTFRU, on vous propose une liste de probables, et presque assurés bons romans ou en tout cas ceux qui feront parler dans les dîners.

L’éclaircie, Philippe Sollers. Gallimard

« C’est immédiat : je ne peux pas voir un cèdre, dans un jardin ou débordant d’un mur sur la rue, sans penser qu’une grande bénédiction émane de lui et s’étend sur le monde. La foule est bénie, les autobus, les camions, les voitures, les poubelles, les vélos, les scooters sont bénis. Les plus laids et les plus laides sont bénis, et aussi les vieux, les enfants, les jeunes, les femmes enceintes, les malades, les fatigués, les pressés, les rares heureux, les désespérés.»  Ce récit plonge l’écrivain dans ses souvenirs d’enfance. La contemplation d’une photographie le représentant à l’âge de deux ans, le visage ravi tourné vers les branches d’un cèdre, lui inspire ainsi une série de réflexions.

Mémoires d’un snobé, Marin de Viry. PGDR

« Dans l’escalier je recroise Lolita Pille qui croise un garçon très connu dont j’oublie le nom et comme j’arrive à leur hauteur, elle nous présente avec une formule du type « vous vous connaissez certainement ? ». Non, justement. Ici, il faut que vous compreniez la nature du duel snob. Le duel snob dure un millième de seconde. Pendant ce millième de seconde, deux êtres se regardent. Le premier des deux qui arrive à signifier à l’autre qu’il n’en a rien à cirer de l’autre a gagné. Souvent, il est difficile de décider qui a gagné, tellement ça va vite. » Marin de Viry, critique et éditeur s’attaque au microcosme littéraire, à ses œuvres, ses pompes et ses clichés.

Cinquième Chronique du règne de Nicolas 1^er, Patrick Rambaud. Grasset

« Même parvenu, Notre Précieux Souverain ne trouva point la paix en lui-même, tant il restait secoué en continu par des nervosités. Qui l’a vu fixe et arrêté ? Il ne bougeait que par ressorts. Si vous le retardiez dans sa course, vous démontiez la machine. Il marchait des épaules avec une façon personnelle de se dévisser le cou, remuant par courtes saccades comme s’il était engoncé dans un costume que lui taillait pourtant à sa mesure un artiste italien de renom. » Nous parlions de politico-fiction plus tôt, en voilà le début. Pour ce cinquième tome Patrick Rambaud semble ne rien avoir perdu de son humour et de son franc parlé.

Un homme de tempérament, David Lodge. Rivages

« Le sexe pour [Wells] était idéalement une forme de récréation comme le tennis et le badminton, quelque chose que l’on faisait quand on était avec satisfaction venu à bout d’une tâche, pour se défouler et exercer un moment son corps plutôt que son esprit… » De sa plume claire, légère et drôle, David Lodge nous fait découvrir toute une époque, celle de l’expansion du socialisme et des théories féministes mais aussi de la bombe atomique. Ce livre est annoncé comme l’un des meilleurs qu’il ai écrit.

Une année studieuse, Anne Wiazemsky. Gallimard

Juin 1966 : Anne, la narratrice vient d’envoyer une lettre laudative à Jean-Luc Godard. Elle ne connaît pas le cinéaste de la Nouvelle vague, c’est à peine si elle l’a croisé sur le tournage de Au hasard Balthazar un an auparavant. Anne a 19 ans, elle a échoué au baccalauréat et s’apprête à passer la session de rattrapage de septembre. Un soir, Anne reçoit un coup de téléphone de Jean-Luc Godard, qui lui annonce qu’il désire très vite la rencontrer. C’est le point de départ de leur histoire d’amour. Bien que de vingt ans son aîné, le cinéaste souhaite l’épouser.