Juan Gelman était l’un des trois « géants » célébrés ce week-end à la Maison de la Poésie de Paris. Il était aussi l’invité, en compagnie de Jacques Ancet (son traducteur) de l’émission "ça rime à quoi", que l’on peut réécouter ou podcaster ici.
Poezibao recommande aussi le blog de Jacques Ancet riche de nombreuses traductions et de très beaux textes du poète (publication demain dans l’anthologie permanente d’extraits de son œuvre)
commentaire LVI
soleil qui montes montrant comme
serait douceur cette moitié
qui s’est couchée dessus la terre
comme un animal qui se meurt /
comme se séchant au soleil
de la tristesse comme un bœuf /
ou dans tes bras les créatures
que tu me donnerais pour monde
commentaire LX (homero manzi)
feu qui ruine la pauvreté /
la sécheresse / l’abandon /
âpres mystères de l’adieu
que sème chaque créature
comme pain que tu désaigris /
douceur toute déversement
comme l’eau que tu m’es / travail
où ma pierre se trouvait écrite
citation XIV (sainte thérèse)
bénie sois-tu douleur qui mis au monde
cet amour tout âpre du temps / ces clairs
signes brisés comme de claires eaux
qui tombent vers le haut de la partie
supérieure de l’âme / oisillons
élevés pour bien plus que leur force /
créatures de calme ou grandissime
paix comme tes mains qui sentent l’odeur
de l’épouvante passée / comme écrite
contre les murs insouciants de la mort
qui passait à pied à travers des rues
où toute enfance était dissimulée
Juan Gelman, L’Opération d’amour, poèmes, présenté et traduit de l’espagnol (Argentine) par Jacques Ancet, postface de Julio Cortázar, Gallimard, 2006, pp.91, 95, 117.
Juan Gelman dans Poezibao :
bio-bibliographie, extrait 1, un séminaire du PIAL avec Jacques Ancet, extrait 2, prix Cervantès,