Samedi soir, premier concert de l'année au Plan. Dans cette salle, j'ai toujours assisté à des concerts qui avaient une dimension particulière.
700 places et chaque fois je crois que c'était plein. D'un public fidèle et particulièrement réactif.
Sincèrement, c'est un des endroits où j'ai passé les meilleurs moments musicaux ces dernières années. Bon bien sûr depuis presque deux ans que j'ai déménagé un peu loin de l'endroit, j'y vais rarement.
Là, Orelsan est annoncé. Je pense qu'il n'est pas nécessaire de te refaire l'historique détaillée de ma relation à l'artiste. Pour la faire courte, après que je me sois rangée dans le clan des indifférentes-dédaigneuses suite aux polémiques que certains de ses titres ont pu déclencher dans le passé, je suis tombée cet été sur ses vidéos de lancement de son second album (le chant des sirènes) et j'ai tout de suite trouvé ça formidable.
Du coup je me suis démenée pour récupérer son album avant sa sortie officielle et là gros choc. Puissance des textes, efficacité des tempos. Immédiatement j'étais séduite. J'ai eu depuis l'occasion de le rencontrer et il se trouve que c'est quelqu'un d'adorable, très ouvert et à l'écoute. Vraiment à mille lieues de l'image de lui qui a pu être véhiculée dans les médias dans le passé.
Bon, donc tu l'auras compris j'étais conquise mais je ne l'avais encore à ce jour jamais vu sur scène. Là l'occasion était trop belle, dans une salle que j'aime vraiment beaucoup alors voilà bien que la date ait été complète depuis longtemps, j'ai réussi à me débrouiller pour y assister.
Alors que la foule se masse devant la salle, je prends le temps d'écouter ce qui se dit autour de moi et un échange en particulier retient mon attention. Trois jeunes hommes discutent "Ptain mais t'as vu c'est dingue y'a plein d'meufs! Attends elles font quoi là? Les meufs elles vont entendre "sale pute" elles vont ressortir direct".
Ah ouais. AH OUAIS quand même.
Il y a donc encore des gens restés bloqués là-dessus, donc.
Du coup je balaie du regard la longue file qui s'étire à n'en plus finir et effectivement, il y a une forte proportion de filles ce qui n'est pas forcément toujours le cas dans le public des concerts de "musique urbaine" (j'aime cette expression désuète et un peu précieuse. C'est comme ça).
A l'intérieur le public s'installe tranquillement et privilège de porteuse de badge je vais me glisser juste devant la scène, dans le petit couloir réservé. Là j'en profite encore pour capter quelques échanges. Les jeunes filles présentes au premier rang sont de VRAIES FANS. Du genre qui échangent des anecdotes pointues sur les goûts, le parcours, et les dernières interviews de l'artiste (et de son acolyte de toujours, Skread). Ca babille " nouveau look" et bogossitude.
Je décroche vite mais je retiens qu'Orelsan version 2011 est un artiste qui, non content d'être parvenu à se réconcilier avec un public féminin, réussit même à le séduire autrement que par sa seule musique. Bien joué.
Première parie assurée par Andy Kayes, excellent : le duo semble avoir ses fans, qui reprennent les paroles et interagissent avec l'artiste. Certains me confieront être venu davantage pour lui que pour la tête d'affiche. Bon, même s'ils sont sans doute peu nombreux, c'est à noter. Bon flow, jolie présence, excellent set malgré un petit incident technique en fin de parcours qui les contraint à improviser. Ils s'en sortent haut la main.
Puis c'est Raelsan qui s'intalle. Premier titre dans une presqu'obscurité, l'artiste se présente le visage en partie masqué. Le personnage est parfaitement incarné : l'ambiance est posée, l'entrée en matière est solennelle et théâtralisée.
Puis il tombe le masque et démarre 1 heure 30 d'un concert intense mêlant titres de son album précédent et du dernier où la mise en scène est particulièrement soignée.
Parmi mes moments favoris il y a ceux -ci :
Alors qu'il retourne en fond de scène pour lancer un "J'suis pas là pour faire d'la philo et t'auras r'marqué que j'sais pas danser" Orelsan enchaine directement sur "N'importe quoi" de Toxic Avenger. Là, le Plan se transforme en boîte de nuit sous l'effet du beat électro puissant envoyé. A ses côtés, tout le monde se déchaine au son de "bouge ton corps n'importe comment" et dans le public ça remue sévère aussi. Diablement efficace.
Plus tard, s'adressant au public :
"Vous avez comment j'ai rencontré ma meuf? Ben je l'ai ramenée de l'Agora là, l'agora à côté, à Evry tu vois" (NDR : l'agora = l'endroit où pécho dans le secteur). Devant la réaction du public il s'amuse, sourire immense "si si j'te jure, ma meuf j'l'ai ramenée d'l'agora un jour... et tu sais c'que j'lui ai dit pour l'aborder? Nan? Attends j'vais t'raconter...j'lui ai dit : T'aurais pas un plan (NDR : le concert de ce soir ce déroule dans une salle qui s'appelle Le Plan : clin d'oeil)? Ahah (il se reprend) Non mais sérieux j'lui ai dit "t'aurais pas un plan, là? Parce que j'crois qu'j'me suis perdu dans le bleu de tes yeux""Si, c'est vrai, attends..." . Transition drôle et personnalisée : bien joué.
Derrière lui les musiciens assurent et participent bien sûr au jeu de scène, clappant, dansant sur des chorés caricaturées (façon clapping synchro et chaloupé à la "motown de la grande époque" par exemple ou encore choré déjantée sur "ils sont cools") allant jusqu'à donner vraiment de leur personne pour faire le show. Ainsi, quand arrive le moment de lancer le sulfureux "Saint Valentin" (audacieux de le reprendre pour cette tournée soit dit en passant mais le public réagit massivement très très bien) il annonce : Pour le prochain morceau, je vais vous demander d'accueillir Cupidon du ghetto, 114 kg. Puis "Il t'met une droite, tu tombes enceinte (??)".
En vrai : Ablaye arrive, torse nu mais équipé d'une paire d'ailes immaculées et se lance dans la foule qui lui fait faire un tour de public mémorable. Inattendu.
Pour "sous influence", le lancement se fait sur les premières paroles "Mélange du coca et du sky dans une bouteille en plastique J't'emmène vadrouiller dans la ville" à base d'une distribution de coca pour les premiers rangs. Jamais vu avant ce genre de mise en scène. Marrant.
Quand vient le moment d'entonner Jimmy Punchline, le crew tombe la veste et chacun dévoile un sweat à capuche sur lequel "Jimmy puncline" apparait en flocage : Joli effet visuel.
En dehors de ça (effets de mise en scène franchement bien pensés et variés) la set list parfaitement pensée te raconte une histoire et Orelsan qui n'a plus à faire la démonstration de son talent dès qu'il s'agit de bricoler des transitions bien ficelées assure l'enchainement des titres avec talent. Parfaite fluidité.
Enfin, l'avantage lorsqu'on a un répertoire qui fourmille de titres à succès est qu'on peut se permettre de ménager quelques uns des "tubes" pour le rappel.
Là l'effet est spectaculaire : Orelsan termine sur Suicide Social et le public est K.O.
Silence respecteux durant tout le morceau avant le tonnerre d'applaudissements mérités lorsque retentit la déflagration finale.
Génial.
Orelsan et ses "casseurs flotteurs" (big up à maman j'ai raté l'avion) ont fait le show assurant au delà de ce que j'avais imaginé. Vite vite, file le voir je te PROMETS que ça vaut vraiment le coup! Les dates de sa tournée sont ici...
Set list:
Raelsan / Mauvaise Idée / 1990 / Jimmy Punchline / Changement / Plus rien / Plus rien ne m'étonne/ Pour le pire / Double Vie / Sous influence/ Soirée ratée / N'importe comment (Toxic Avenger) / Des trous dans la tête / Saint Valentin / Ils sont cools / La petite marchande de prose / La terre est ronde . Rappels : 2010 / Le chant des sirènes / Suicide Social.
Sinon des photos devraient arriver bientôt mais un petit problème technique me contraint à repousser leur publication..en espérant que publication il y ait. Des nouvelles bientôt.