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[Feuilleton] Mont Ruflet d'Ivar Ch'Vavar - 20/41

Par Florence Trocmé

Mont-Ruflet 
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar 
20e épisode 
Résumé de l’épisode précédent : La grand-mère embarbichée est-elle morte ou endormie ? On regarde bien ce qu’il y a dans son lit fermé. Une tête d’âne brait de façon récurrente. Il s’avère qu’Alice est rousse et a du poil sous les bras. 
  
Loup... Il sanglote quelque part, oh, il pleure vraiment 
Beaucoup, il passe sa langue tiède sur ses paupières et   (990)   
Quelquefois même sur les globes... Trop amère sa frus 
Tration non ce n’était pas sans raison qu’il s’inquiétait 
Tant au sujet des parallèles. 
                                                    On se tient devant le ci 
El, des corbeaux passent et les uns les autres s’interpel 
Lent, sans grande conviction... Ils ont le temps de se re 
Tourner dans leur vol et, tendant le cou, de regarder si 
Les camarades sont là et plus loin ce qu’il y a. Clignent 
Les yeux... Ils voient la Terre comme un vieux socle de 
Fer ; les nuages allongés dans la matinée leur sont, eux 
Aussi métalliques,  et depuis l’altitude où il vogue il va      (1000)   
De soi que le corbeau et ses frères – et sœurs – lui, voit 
Toute la matinée, et midi arriver alors que nous autres 
Hommes, humains... en sommes encore au crépuscule 
Du matin. – L’air est vif, mais creux et comme raclé de 
Dedans, et ferrugineux et prudent. Na. Il y a des petits 
Bouts de vent, qui soulèvent et tordent quelques bouts 
De mèches à la camarade. Mais ça bouge à peine, dans 
Le champ (ce ne sont plus les corbeaux maintenant qui 
Regardent, délimitent le cadre, le champ visuel)...  Elle... 
Louche (nous ne voyons pas avec ses yeux). Elle ne lou      (1010) 
Che jamais d’habitude. Elle cligne les yeux, rattrape (il 
M’a semblé) une larme au bout d’un cil, et... voilà, une 
Couleur passe sur son visage et ses lèvres ont tremblé ! 
Elle lève le menton et renifle. —  Alors j’ai baissé la tête 
Et je regarde mes pieds. Si ça partait de mes pieds je ne 
Saurais guère où je vais... où ça va. On ne voit pas bien 
La campagne s’étendre et s’échelonner, à cause de tout 
Ce brouillard... Enfin, ces nébulosités qui se tordent jus 
Que sur les sillons. Corbeaux entrent et sortent de cette 
Ouate glacée ; sans joie s’y faufilent ; et y disparaissent.      (1020)    
Mais nous ? Le soleil n’arrive pas à percer. Je prends la 
Camarade par le coude, elle est restée rembrunie (c’est 
Que sur son visage du rouge et du vert ont terni). Bon ! 
On ne va pas en faire un plat : d’accord, elle m’en veut, 
Mais je ne sais pas pourquoi. Et ne m’en préoccupe pas    
Plus que ça, parce que – qu’il faille une raison pour qu’ 
Elle m’en veuille, je suis loin d’en être certain. Eh bien ! 
On va dire qu’elle m’en veut pour quelque chose et voilà. 
Ses pointes de mèches ont retombé (pas de vent pour le 
Moment) et elle a cessé de loucher. Nous revoilà  juste l      (1030) 
À, devant le bois, y pénétrant d’un même pas, et levant 
Simultanément la même jambe (est-ce que même, nous 
Ne nous tenons pas la main ?)... Et les troncs des hêtres 
Sont poisseux d’humidité. Les branches dégouttent noi 
Res, on marche sur un matelas de feuilles pourries,  oui, 
C’est vrai, dit-elle et parlant enfin :  tout paraît engoncé 
Dans la barbe-à-papa glacée d’un cocon serré. – Seul ce 
Petit houx est vivant (elle le montre :  hérissé et luisant ; 
Piqué de baies rouge vif). C’est plausible, q u’il y ait qu 
Elque chose à dire, mais quoi ?  Quelque chose que l’on      (1040) 

prochain épisode vendredi 20 janvier 2011


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