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Sommet social du 18 janvier : un résultat inquiétant

Publié le 19 janvier 2012 par Lecriducontribuable
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Tribune par Hervé Lambel, chef d’entreprise, président du Cerf (Créateurs d’emplois et de richesse de France), une association de représentation et de défense des TPE (Très Petites Entreprises).

Alors que le président de la République a brossé en introduction le tableau du contexte dans lequel intervient le Sommet social visant à mettre en place des solutions pour faire face à une crise protéiforme, force est de constater que l’exercice est passé totalement à côté du point essentiel, au-delà de la question de la dépense publique que presque tout le monde semble avoir enfin intégrée, sans savoir ou oser la traiter.

Mais peut-on reprocher au seul président de la République de ne pas mettre au cœur de son diagnostic la nécessaire lutte contre les défaillances d’entreprises, lui qui, même si on aurait espéré plus, a pris les mesures qui ont sauvé plus d’entreprises que ses principaux prédécesseurs ?

Reste que faire le bilan de la situation économique sans s’arrêter sur la triste particularité qu’a la France de détruire proportionnellement, année après année, plus d’entreprises que tous les principaux pays comparables de l’OCDE est une erreur majeure.

Comment ne pas trouver dans le problème des faillites d’entreprises et leur analyse, comme on autopsie un cadavre pour savoir de quoi il est décédé, matière à questionnement ? Afin, peut-être, d’identifier les causes de la pandémie qui détruit la richesse et les emplois ?

En tout cas, la matière nécessaire et suffisante pour justifier des propositions majeures pour la survie de milliers d’entreprises comme la TVA sociale, et que les organisations syndicales continuent pourtant de contester ? Mais comment, en effet, le reprocher au Président, quand pas une organisation, patronale ou de salariés, n’a fait des défaillances d’entreprises un sujet d’étude et d’action prioritaire et, présentes à l’Elysée, n’a trouvé le moyen de soulever ce sujet ?

Faut-il s’en étonner ? Les Français, le taux de syndicalisation en témoigne, ont déjà répondu. Car si ces organisations avaient été un tant soit peu représentatives et attachées à défendre les intérêts de ceux qui les font vivre, le sommet social aurait eu lieu à leur initiative un jour de mars ou d’avril… 2008, quand il aurait fallu, et c’est bien là le rôle des organisations représentatives, lancer l’alerte sur la crise qui ravageait déjà gravement notre économie.

Mais qui, parmi les participants au Sommet social, parlait de crise à l’époque ? Qui se préoccupait des entreprises qui mettaient la clé sous la porte et des salariés qui perdaient leur emploi ?

La faillite de la banque Lehman Brothers aux Etats- Unis a eu au moins une vertu : elle a appris à nos dirigeants syndicaux, si « proches du terrain » et prompts à rappeler à leurs détracteurs la mission sacrée dont ils sont investis en prétendant représenter tous les Français pour justifier d’être payés par eux, elle leur a appris donc, qu’une crise frappait l’économie française…

Mais elles n’ont rien appris depuis, n’ayant à nouveau rien vu venir de ce qui les réunit autour du chef de l’Etat, quand elles n’en sont pas aussi responsables.

Le Sommet social qui s’est tenu ce 18 janvier 2012 est une initiative gouvernementale qui vient une fois encore souligner et pallier l’insuffisance de nos « représentants ». Ce fut le cas, déjà, avec la mise en place de la Médiation du Crédit et de la sous-traitance.

Les problèmes entre des entreprises qu’elle traite n’auraient jamais dû être mis sur la place publique, puisque des organisations représentatives à l’écoute de leurs mandants et au service de l’intérêt général auraient dû régler cela en interne : les syndicats, autant que les Chambres de commerce et les Chambres des Métiers ont montré qu’ils étaient inexistants, au point que le Médiateur du crédit a même dû les convoquer pour les mettre au travail en leur demandant de s’occuper des entreprises en difficulté.

Aucun syndicat, ni organisme consulaire ne s’occupaient des entreprises en difficulté !Une « nouvelle » mission découverte grâce la crise et mise en œuvre sous l’impulsion de l’Etat. Et dire que nous étions un certain nombre à croire que la solidarité était le fondement du syndicalisme…

Bien sûr, quelques mesures ou déclarations pourront être intéressantes. L’annonce d’une réforme de la formation professionnelle, par exemple, interpelle. Mais là encore, il y a fort à craindre qu’elle soit discutée avec « la bande du 18 janvier », celle-là même qui, en signant l’ANI [accord national interprofessionnel,ndlr] en 2004, a conduit à la destruction annuelle de 150 000 contrats de professionnalisation par an.

Dès lors, évidemment, l’issue d’une telle réunion avec une oligarchie syndicale qui occupe une place centrale alors qu’elle démontre une fois encore à quel point elle est déconnectée des réalités les plus tangibles, tant sur le plan macroéconomique que microéconomique, ne peut que continuer à enfoncer le pays dans le doute, l’inquiétude et le rejet de « ses élites ».

Hervé Lambel – www.lescreateurs.org

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