L’enfance des choses
Carte blanche à Pascal Boulanger
Où en suis-je ? Où en suis-je dans la lecture et dans l’écriture de mon époque ? Et où en suis-je dans ma propre actualité ? Lire et écrire une époque, n’est-ce pas toujours en dévoiler ses symptômes ?
Reprenons d’un peu loin. Je ne me suis jamais identifié au milieu d’où j’étais censé venir et grandir. J’ai toujours résisté à la pesanteur familiale et sociale, qui disqualifie l’expérience singulière. Et je me suis toujours opposé à toute forme de culpabilité et de servitude volontaire ou négociée. Je n’ai jamais fétichisé, en la fixant, la dette infinie et impayable envers tout collectif et ses « prêtres masqués ». Bref, je n’y suis pas. Et j’y suis de ne pas y être. Car fuir l’enfermement, trahir le repas collégial (Deleuze), c’est tenter de produire du réel et c’est laisser au devenir son innocence. J’ai enfin toujours joué le disparate et le désordre dans mes lectures et dans mes traversées. Rester a-collectif, irrécupérable, et se dégager d’un monde rongé par le négatif a été et demeure la question qui fonde mon approche de la poésie et de l’existence.
Ne pas appartenir à un réseau de pensée, à une communauté, se dégager des affaires de famille, se revendiquer athée social, permet, à un individu littéraire (Daniel Oster) d’adopter un rôle analytique. Autrement dit, je ne crois pas une seconde à cette époque à la fois joyeusement infantilisée et sinistrement sérieuse. Je n’adhère pas à ces remèdes et à ces prescriptions. Ni aux divertissements des masses et à ce cimetière en fête qui n’est qu’une tentative vaine de réanimation de l’inanimé.
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