La saison cycliste s’est ouverte cette semaine en Australie. Comme depuis plus de dix ans maintenant le Tour Down Under marque le début des hostilités. Par la suite le peloton international se promènera sur les routes du Qatar, d’Oman, du Langkawi (Malaisie), de San Luis en Argentine avant un retour sur le vieux continent. L’exotisme, la caractéristique principale de ce premier mois de compétition. Vous ne comprenez pas pourquoi on va rouler dans ces contrées lointaines ? WTFRU tente de vous apporter un début d’explication.
Les Enjeux Sportifs
Sortant tout juste de la trêve hivernale, bon nombre de coureurs sont encore largement en rodage. Les premières joutes de l’année sont pour eux l’occasion de dérouiller la mécanique et d’améliorer leur condition physique en vu des grands rendez-vous printaniers. Quel intérêt pour les courses antérieures du coup, ces rendez vous ne sont-ils pas galvaudés ?
Il fait beau, il fait chaud mais on n’est pas encore sur les routes du Tour. Ces premières épreuves sont surtout l’occasion d’accumuler les kilomètres en situation course. Le fait est là rien ne remplace le rythme d’une course. Ok mais cela est valable pour les stars du peloton, pour le reste toutes les occasions sont bonnes pour se montrer. On peut trouver dans le Tour Down Under des motifs d’intéressement : première course de Valverde depuis son retour de suspension, début sur ses terres du projet national GreenEdge par exemple. De plus au niveau du parcours les organisateurs ont rompu avec l’ancien tracé peu enthousiasmant tant les sprints massifs étaient inévitables. Cette année une arrivée en côté est prévue au Mont Wilunga, l’occasion de prédire quels pourront être les hommes forts de ce début de saison. Les points World Tour glanés couteront chers en fin de saison, les points glanés en Australie pourront être cruciaux par la suite.
Une saison cycliste est longue et les objectifs très précis, c’est pourquoi aucun grand leader du peloton n’a pris le départ de cette course. Un bémol donc au niveau du plateau présenté, notons tout de même que celui-ci gagne en prestige tous les ans (elle est loin la victoire de Gilles Maignan en 2000 !).Vous l’avez compris tout n’est pas à jeter dans cette course.
Il est rare qu’une course soit totalement dénuée d’intérêt. Côté observateur on identifie les mecs déjà affutés. Ainsi par exemple on connait la difficulté pour un Mark Cavendish à suivre sérieusement un programme d’entrainement, sa rentrée au Tour du Qatar nous indiquera d’emblée si le Cav est en mesure de jouer les premiers rôles d’emblée ou s’il est condamné à l’anonymat pour un petit moment encore.
Aparté : comme je sais que le cyclisme ne passionne pas forcément les foules, je vous offre un petit cadeau. Après avoir vu sa meuf vous comprendrez pourquoi Cavendish ne va pas rouler tous les matins.
Peta Hodd Alias Mme Cavendish
Voila pour les enjeux sportifs. Autres aspects de ce début saison, plus sous-jacents cette fois, les enjeux économiques.
Les enjeux économiques
D’emblée il faut faire la différence entre les courses que l’on qualifie d’exotiques ici. Par exemple on doit opposer le Tour du Qatar et le Tour Down Under. Effectivement la création du premier n’est qu’une étape d’un projet visant à améliorer la visibilité de la nation par le sport (grossièrement). Le second est simplement le fruit d’une passion croissante du peuple australien pour le cyclisme, cette passion fut impulsée à la fin des années 90 par l’émergence de champions tels O’Grady ou McEwen. Pourquoi se faire chier à organiser une course dans le désert ? Le cyclisme qu’on le veuille ou non est un sport noble. Il a durant très longtemps été réservé à une élite occidentale, il est une expression de la culture européenne. Si nos amis du golfe persique, nos amis asiatiques se mettent à vouloir organiser des courses c’est pour se rapprocher d’un mode de vie, d’un marché surtout. Le sport comme moyen de toucher tout un pant des sociétés occidentales. Accueillir une épreuve cycliste c’est être invité à la table des grandes puissances, c’est envoyer un signe fort du genre « et les gars Cavendish il vient se préparer chez nous et pas à l’étoile de Bessèges ». Les épreuves moins cotées des nations cyclistes historiques sont boudées au profit de ces nouveaux El Dorado. A l’heure où certaines courses françaises peinent à boucler un budget et sont sans cesse remises en question, les courses plus exotiques offrent aux coureurs un confort difficile à concurrencer. Désormais les anciens grands noms se pressent pour vanter les mérites de ces épreuves, en témoigne la participation d’Eddy Merckx auTour du Qatar (Non il ne court pas !)
Ok Bahreïn ou le Qatar ne nous pondrons jamais un Paris-Roubaix mais qu’est ce qui les empêche de racheter la course via le rachat d’Amaury Sport Organisation ? Rien. Pour le moment on est loin de cela même si les échanges existent déjà. Bien conscient de la manne financière dont dispose ces pays, ASO prend désormais part à beaucoup de ces épreuves. Les nouveaux riches ont besoin de l’expertise des organisateurs du Tour. Soyons conscients que les mecs ne vont pas se contenter d’une course fin janvier, déjà Qatar Airways est devenu transporteur officiel du TDF, on parle d’un départ au Qatar, ils ne vont quand même pas racheter le Tour du Limousin les salauds ?!
La prochaine étape semble être une équipe cycliste, pas très chère à monter elle peut assurer une présence toute la saison sur les routes européennes. On s’étonne même que le projet ne soit pas déjà lancé. L’idée est loin d’être farfelue, les sponsors ne sont pas légion. L’an passé le team HTC High Road a mis la clé sous la porte faute de repreneurs, embêtant quand vous totalisez le plus grand nombre de victoires de tout le circuit. Comme tous les sports le vélo est touché par la crise via le faible investissement des partenaires, il va falloir trouver des nouveaux investisseurs à un moment…
Difficile à accepter mais le cyclisme est bien un sport comme les autres…économiquement parlant au moins.