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Le goût de la pluie de Shi ZHECUN

Par Lecturissime

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♥ ♥ ♥

L’auteur :

Shi Zhecun (1905-2003) appartient à cette génération d'écrivains chinois des années 1930 malmenés par les bouleversements politiques qu'a connus la Chine. Après un long silence de plusieurs décennies, durant lequel il enseigna à l'université de Shanghai, il reprit son activité d'écrivain au début des années 1980.

Les histoires :

La plupart des quatorze nouvelles présentées ici remontent à l'effervescence des années 1920-1930 à Shanghai où, grand lecteur de Freud et de Havelock Ellis, traducteur de Boccace, de Sienkiewicz et surtout de Schnitzler, Shi Zhecun s'attache à explorer les pensées et les tensions intérieures de personnages – ordinaires ou légendaires – confinant souvent au délire et aux hallucinations. Les deux essais, nommés ici « prose de circonstance », illustrent un genre littéraire très prisé en Chine et traitent aussi bien de questions historiques et stylistiques que de sujets anodins tirés de l'observation de la vie quotidienne. Plus qu'un fil conducteur ou un décor, la pluie, qui revient si souvent dans ces pages, est un personnage à part entière. Souvent teintée d'érotisme, elle imprègne subtilement et avec élégance les écrits de Shi Zhecun de ses sons, de ses couleurs, de ses parfums. (Présentation de l’éditeur)

Ce que j’ai aimé :

Les nouvelles côtoient des univers très variés : si la première nouvelle « L’éventail » semble orienter le recueil vers des souvenirs d’enfance teintés de mélancolie, d’autres évoquent simplement la vie quotidienne, « Chronique d’un automne à Minhang » nous plonge dans une atmosphère pseudo-policière, « Au théâtre Le Paris » décrit le frôlement de l’adultère, une apparition surnaturelle dans « Le yaksha » mène un homme aux portes de la folie, folie également évoquée avec une crise de paranoïa à « L’auberge », « L’amour de Shi Xiu » quant à elle semble être une parodie d’un roman traditionnel chinois, « Crépuscule à la saison des pluies » parle juste du partage d’un parapluie, et le recueil se clôt superbement avec un essai sur la pluie « Le goût de la pluie ».

« La pluie de la saison des prunes est un moment de majesté : le vert des feuilles s’est assombri, les

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fleurs se sont retirées, coucous et loriots subsistants chantent à l’unisson l’élégie du printemps. Cinq à dix jours durant vous êtes entouré du frémissement paisible de la pluie. Au sortir d’une longue promenade, après avoir franchi les parterres de fleurs, regardez, écoutez : appréciez-vous cette saveur ? Vous n’aurez plus, je crois, la moindre aversion et vous ne pourrez réprimer en vous un sentiment de plénitude. » (p. 304)

L’ensemble crée malgré tout une unité sertie par le talent de conteur de Shi Zhecun qui nous promène allègrement dans ces différents mondes avec aisance et intelligence.

Ce que j’ai moins aimé :

-   Quelques nouvelles ont moins remporté mon adhésion que d’autres, ce qui est somme toute assez logique dans un recueil de nouvelles. J’ai souvent été déçue par la fin, qui ne sonnait pas assez comme un chute de nouvelle mais clôturait la nouvelle de façon plutôt ouverte.

Premières phrases :

« Le temps redevenait chaud, hommes et femmes agitaient leurs éventails en marchant dans la rue. Après avoir donné ma vieille veste doublée, je me dis que le moment était venu d’en prendre un à mon tour pour aller au-dehors. »

Vous aimerez aussi :

Stéphane FIERE La promesse de Shanghaï

D’autres avis :

http://www.les-lettres-francaises.fr/wp-content/uploads/2010/09/LF-88-Dec2011.pdf

Le goût de la pluie, Nouvelles et prose de circonstance, Shi Zhecun, Gallimard, Bleu de Chine, 2011, 337 p., 24.50 euros

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