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L’économie : une notion mal comprise

Publié le 23 janvier 2012 par Leblogdudd

L’économie : une notion mal comprise

Nous vivons une période de l’histoire où la place de l’économie dans notre société est devenue centrale. Du matin au soir, nous entendons parler continuellement d’économie. Journalistes, hommes politiques, citoyens, patrons, consommateurs, travailleurs, chômeurs, tous, n’ont que ce mot à la bouche. Cependant, la sémantique actuelle de ce terme est souvent dénaturée au profit d’interprétations partisanes que le langage courant a maintenant durablement intégré. Pour illustrer ce propos, rien n’est plus convainquant que l’exemple.

Positionnons-nous à une échelle macroscopique. Celle d’un Etat ou d’une région. Dans ce contexte, la notion d’économie possède une importance capitale. Rattachée à l’idée de création de richesse, l’économie est un tissu d’acteurs et d’échanges que l’on tente naturellement de faire croître. On espère ainsi améliorer le bien-être matériel et financier des individus, notamment en leur qualité de consommateurs.

Dans un second temps, si nous nous positionnons à l’échelle d’un foyer, le mot économie peut prendre un sens tout à fait différent. A la maison quand on parle d’économie, on se réfère à une réduction. On économise, dit-on même. Si l’idée d’accumulation est toujours présente, le mot est maintenant associé à une restriction plutôt qu’à une amélioration.

Un même mot, utilisé dans deux contextes différents, possède donc deux imaginaires associés divergents. Tantôt on aimerait le faire croître, tantôt on aimerait au contraire le faire diminuer. Mais si l’on souhaite éclaircir le flou du lexique contemporain, il est possible de se référer à l’étymologie grecque du terme. Ainsi, on découvre avec amusement que le mot économie provient de «oîkos», qui signifie maison, et «nómos», la loi. L’économie n’est donc en réalité que la « loi de la maison » ou la « gestion de la maison ».

Et dans une maison, il est plutôt intéressant d’avoir des flux entrants et des flux sortants à peu près équilibrés. A force d’entasser des objets ou des richesses vous finirez par ne plus avoir de place pour vivre. A l’inverse si vous sur-dépensez ou sur-consommez, vous finirez peut-être par déclarer banqueroute. Les connotations de croissance et de restriction abordées plus tôt apparaissent donc comme les deux faces a priori opposées d’une même nécessité : l’équilibre, la stabilité, la durabilité du foyer.

Cependant, à l’heure du village global, la maison n’est plus ce qu’elle était. Ses frontières ne sont plus les murs qui nous séparent de nos voisins mais les frontières qui délimitent les états, les océans qui séparent les continents ou même la stratosphère et la lithosphère qui délimitent la biosphère : système dans lequel nous vivons. En même temps que de nouvelles frontières se sont érigées, de nouveaux enjeux mondiaux sont apparus et demandent des réponses inédites. Notre foyer, qu’il s’appelle France ou Europe, ne peut fonctionner sans prendre en compte les dynamiques planétaires dans sa quête d’équilibre et de stabilité.

C’est alors que la question du financement de cette transition apparaît. Alors que la croissance économique molle des 30 dernières années a forcé les États européens à des budgets souvent structurellement déficitaires et à un recours démesuré à l’emprunt, il semblerait que la crise de 2008 ait sonné le glas d’une époque de fuite en avant sans précédent. Les déficits publiques sont au plus haut et les dettes souveraines atteignent des niveaux records. Les états membres de l’UE s’exposent à des difficultés croissantes d’accès à l’emprunt et l’Europe toute entière est menacée.

C’est donc dans ce cadre géo-économique tendu que nos dirigeants tentent maintenant de sortir nos finances publiques de la déroute avec des solutions innapropriées de par leurs envergures et leurs orientations. Ce qui nous pousse aujourd’hui à nous poser une question cruciale : « Les états courrent-ils à notre perte ? ».

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PS : Ce texte a servi d’introduction lors de la conférence ni Dupes, ni Devins, deuxième édition qui a eu lieu le 19 janvier 2012 à l’ENS Paris (piste audio disponible ci-dessous). Lors de laquelle nous avons modestement tenté de répondre à la question posée par cet article. Des vidéos compte-rendus des interventions des intervenants présents seront publiées dans les semaines à venir.


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