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Lone Pigeon - Time Capsule 001-010 (2011)

Publié le 23 janvier 2012 par Oreilles

Lone Pigeon - Time Capsule 001-010 (2011)Qu’il est difficile pour moi d’aborder un tel monument. Pour vous faire un résumé, disons juste que Lone Pigeon est le nom d’emprunt de l’écossais Gordon Anderson, ex leader du mythique Beta Band et actuel leader des méconnus The Aliens. Entre ces deux périodes, l’homme qui n’a jamais caché sa maladie mentale -voir sa prétendue possession par le malin- s’est retiré du système, et entre d’interminables séjours en hôpital psychiatrique a trouvé le temps d’enregistrer quantité de morceaux (159 pour être exact) regroupés en 7 albums indépendants, tous présents dans ce coffre de toute beauté. Retour sur ce monolithe musical indispensable à tout fan de Beatles, Beta Band, Daniel Johnston ou Syd Barrett, véritable voyage dans l’esprit dérangé d’un démiurge pop mésestimé.
Gordon Anderson, c’est d’abord The Beta Band. Un succès d’estime pour quelques amateurs éclairés, juste un nom de groupe défunt pour d’autres. Lorsque le groupe splitte, Anderson est transparent sur sa consommation de drogues psychédéliques. Il peut prendre LSD à longueur de journée et enchaîner pendant plus de deux mois non-stop à plus de 40 mushrooms par nuit. Suite à ça les docteurs lui détecteront une schizophrénie qu’il réfutera toujours, même après avoir avoué s’être senti quelques temps possédé tour à tour par un démon tueur et un sphinx égyptien. Profitant de ses rares éclairs de lucidité pour absorber l’œuvre des Beatles et en recracher tout ce qu’il peut, il met en boîte 7 albums, dont 5 dépassent les 20 titres. Un travail colossal réalisé à posteriori par son frère King Creosote qui signe ici la préface du livret. A l’origine tout n’existait que sur cd-r.
Lone Pigeon - Time Capsule 001-010 (2011)Le résultat est irréel, et bien-sûr il faut s’accrocher pour avaler les 8 heures de musique de ce mammouth discographique. On en ressort vidé, convaincu d’avoir traversé les pensées d’un être à la dérive, le côté voyeur en moins (ici personne n’est mort et Anderson tient plutôt la dragée haute en ce moment). On commence donc avec Moses, premier des 7 chapitres. Le plus ancien puisque réalisé en 1997, et peut-être le meilleur du lot. L’impression oppressante de zapper constamment sur une radio pirate d’un temps révolu, avec de très nombreux nuages soniques lo-fi, parfois dégagés par des éclaircies de songwritting pur, guitare acoustique et voix, pour des balades folk tordues teintées d’électronica ("Rox"). Du Syd Barrett ou je ne m’y connais pas.
"Rox" :

Sur Dr Vamprianos And His Old Melodic Chest Of Dwarves (bim le titre !), Anderson plonge plus profondément encore dans cet univers. N’écoutez que "How Can I Go" et imaginez la suite. Sa voix est plus claire et les arrangements plus extrêmes. Le fantôme de McCartney est désormais bien présent et ne quittera plus le disque. "Glover", morceau fil rouge du coffret, fait aussi sa première apparition. On le retrouve sur quasi chaque disque mixé de manière différente. Sur 28 Secret Tracks, on revient à du matériel plus traditionnel et le disque serait presque écoutable par le commun des mortels. J’ai dit presque.
"How Can I Go" :

Lone Pigeon - Time Capsule 001-010 (2011)Baby Piano compte aussi ses morceaux de bravoure. Le déchirant "Won’t You Take Me By The Hand" notamment. Pour Cakemonth c’est "Juicy Little Flies In The Highlands" qui fait figure de sommet. Là on s’éloigne encore du format traditionnel pop songs des sixties pour au final sortir un alien musical qui mixe en 15 minutes tous les effets biscornus du White Album et du Sgt Pepper des Beatles. Et qui se permet de massacrer Brian Wilson aussi en plein milieu d’un moment de folie à 10’18". Du foutage de gueule pour certains, un grand moment de musique au casque pour d’autres. Sur Glover Again Anderson est hyperactif et élargit son spectre musical. "Glover" est enfin présenté en version "définitive", tel que le reprendront ensuite les Aliens dans leur décidément énormissime Astronomy For Dogs.
"Juicy Little Flies In The Highlands" :

Won’t You Take Me By The Hand :

"Glover" :

Bien-sûr dans un objet comme ça il y a aussi l’artwork, ici phénoménal.7 cd, chacun dans un fourreau, chaque fourreau dessiné de la main d’Anderson, intérieur extérieur, formant un véritable kaléidoscope acide, le chaos tout en couleur.
En bref : sans concession aucune, cette collection indescriptible de morceaux subversifs est un trip immense dans la bipolarité de son auteur Gordon Anderson, certainement l’un des plus doués et mésestimé de ces dernières années en matière de pop perchée.
Lone Pigeon - Time Capsule 001-010 (2011)


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