Thriller intimiste dans le grand Nord

A propos de Millenium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes de David Fincher 4 out of 5 stars

Rooney Mara, Daniel Craig

A Stockholm, le journaliste d’investigation Mikael Blomkvist est condamné à six mois de prison ferme pour avoir accusé, mais sans preuves, un magnat de l’industrie de malversation. Mais il dispose de six mois de liberté avant de devoir purger sa peine. Il est alors contacté par un très puissant industriel suédois pour enquêter sur la disparition mystérieuse de sa nièce, quarante ans plus tôt. Blomkvist met alors le nez dans une nébuleuse familiale extrêmement complexe composée d’anciens Nazis mais surtout de membres qui se détestent. Bientôt, Blomkvist est rejoint dans son enquête par Lisbeth Salander, une jeune « hackeuse » mutique et qui garde, enfouis au fond d’elle, de bien étranges et sombres secrets…

Adaptation du 1er tome des Millenium, trilogie romanesque au succès planétaire de Stieg Larsson, Millenium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes est aussi le remake de Millénium le film de Niels Arden Oplev.

Du film d’Arden Oplev, on se souvient de la mise en scène agréable et qu’il était une très honorable transposition à l’écran du roman de Larsson. Mais en comparaison du film de Fincher, l’œuvre d’Arden Oplev n’a ni la même chair, ni la même consistance cinématographiques. On émet davantage de réserves par contre sur le générique de début ici dont on ne sait pas s’il est un clin d’œil ironique aux James Bond ou tout simplement un générique raté qui n’a rien à voir en tout cas, visuellement et graphiquement, avec le reste du film.

Le film de Fincher est plus lent, moins rythmé, mais la mise est plus tendue, plus majestueuse qui repose davantage sur le jeu des acteurs et l’attirance physique grandissante entre Blomkvist (Daniel Craig, parfait comme dans un James Bond) et Lisbeth (Rooney Mara). Il faudrait avoir lu le 1er tome de la trilogie de Larsson pour savoir laquelle de ces deux adaptations est la plus proche, la plus fidèle au roman.

Car si dans la version d’Arden Oplev, c’était Blomkvist qui s’amourachait de Lisbeth, chez Fincher, c’est le contraire qui se produit. Une chose est sûre, c’est que ce Millenium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes est taillé dans une matière beaucoup plus dense cinématographiquement que celle de Millenium le film, un peu plat en comparaison.

Si Fincher reste très fidèle à l’histoire et au thriller de Larsson, il semble l’avoir investi et se l’être approprié  au point d’en livrer une adaptation beaucoup plus personnelle que celle d’Arden Oplev.

C’est visible dans l’ambiance un brin fantastique et inquiétante qui règne sur cette île retirée de Suède où Blomkvist est venu mener son enquête. On reconnait d’ailleurs la patte du directeur de la photographie Jeff Cronneweth (Seven) et sa grande capacité à créer des atmosphères oppressantes.

Fincher développe davantage la relation ambigüe et intimiste, à la fois professionnelle et amoureuse qui se crée entre Lisbeth et Blomkvist, en âge d’être son père. Mais malgré son allure froide voire associable, sa Lisbeth reste malgré tout beaucoup plus sensuelle et charnelle que celle d’Orden Oplev (la glaçante Noomi Rapace). Mara et Rapace ont su, chacune à leur manière, incarner avec brio cette jeune femme traumatisée par son enfance, à la fois forte et fragile mais très instable.

On préférait l’hermétisme jusqu’au-boutiste de la Lisbeth incarnée par Rapace. Une impuissance à communiquer qui frisait l’autisme et qui trouve son origine dans les sévices sexuels et le martyr qu’elle a subis ans son enfance. Ce calvaire est évidemment au centre de Millenium : une violence et une torture infligées par quelques psychopathes à des femmes et dont le fondement même se situe dans l’Histoire de la Suède nazie de la seconde guerre mondiale…

http://www.youtube.com/watch?v=1sbfVj7yCrc

Film américain de David Fincher avec Daniel Craig, Rooney Mara, Christopher Plummer, Robin Wright (02 h 38).

Scénario : 3 out of 5 stars

Mise en scène : 4 out of 5 stars

Acteurs : 4 out of 5 stars

Dialogues : 4 out of 5 stars