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Henri Droguet (anthologie permanente)

Par Florence Trocmé

Tout venant 
il a déplu  
brocante et troc l'or fluide 
et fourchu des foudres 
s'efface au ciel ouvert et sec 
comme la langue d'un pendu 
 
ainsi tout autour de l'ailleurs   au temps 
du capiteux loisir l'amour uni 
que ardent fou s'en va-t'à la 
prairie saugarure bigrenue 
duveteuse et bruissante 
aux acharnés zonzons des melliflus essaims 
et bombinants paquets des mouches 
à conchiures 
 
et c'est l'hiver 
-onglées! chemins pourris! 
l'oeil vitrifié des flaques! 
jonchaies brisées à la grisure!- 
le décontent marche démarche 
contremarche enfin défoui 
du ventre à sa moman 
loin des années vertes noires 
-pères & fils semblablement tortus 
rogneux et muets- 
   il mesure la mer 
au-delà de la mer 
s'encréche entonne aux mages 
face à l'âne le boeuf  
le chat la belette et le catoblepas 
son hymne et ses antiennes: 
 
   "Cap à nulle 
   part au blanc rien 
   cap au ni vu 
   ni connu noir 
   taille ton pain 
   taille ta route 
   sauve le vent! 
   Avance! Avance 
   à la fin..." 
 
(16 décembre 2011) 
 
|○| 
 
Bout à Bout 
 
La grosse bête amie la jolie mer   machine 
longuement peinte   énigme familière 
va vient germe et mitonne 
laboure laboure  
toujours laboure 
et ça gerbe 
 
au ciel intouchable 
sac à suie   pouque de jute 
tombereau caveau d'épluchures 
romances et ronflonflons 
massivement l'averse est chue   son émeute 
barbèle l'ardoise et la lande 
 
lumière inopinée   ombre habitable 
à l'orée ça rit 
à la jachère fuireusement 
les velimeux serpents crochent au cul 
des soudards   leurs dégaines à fourbis 
 
l'apôtre fourbu 
rêveur de trop peu déclouté 
chantourné taillé 
en pièces   chante encore 
l'amer défi   le départ et le départage 
 
"c'est à rire mes faux vrais 
semblables mes frères c'est à dire 
la frime et la grime 
et ça vous ira ira 
je vous tordrai le cou 
misérables   je ne prendrai 
rien de vos songes mensonges 
fables rien feintises 
rongeries et griffures pour vous sauver 
parce que martyr c'est mûrir un peu 
j'aurai gueulé froid noir 
   douceur 
   délivrance 
     j'aurai gueulé" 
 
(5 janvier 2012) 
 
 
 
Parlotte 
 
noir blanc tout est à suivre  
presque perdu   depuis toujours déjà 
le vent le crochu le fournisseur d'excès  
trousse d'insaisissables nymphes 
et l'estran réel gèle 
 
on jette à la natale tombe 
l'encaustiqué cercueil 
et le brousseux chantre la tête ailleurs 
il opère affabule il tonne: 
"Chutez chutez mortellement 
 au torrentiel cosmos   à la joie" 
  
puis au refrain: 
" mourra bien qui 
 mourra le dernier"
 
 
c'est rue du pet du diable de la pie 
qui fume et du temps 
retrouvé   rue de l'Inconnu 
great college street/ Camden Town 
c'est partout ailleurs dans l'exubérance 
parfumée touffue des giroflées 
on scande: "Reviens!  Arthur reviens!  
   ils sont devenus fous!" 
on l'entend songeusement passer 
la porte fatale et noire l'escalier idem et 
dérobé   l'absent répondant notre rocheux  
témoin venu repartu et c'est 
faible massivement farouche et doux 
un souffle transitivement  
qui dit: 
"je préfèrerais ne pas" 
 
(quelqu'un l'a déjà dit) 
 
(18 janvier 2012) 
 
Henri Droguet, poèmes inédits.  
 
Henri Droguet dans Poezibao :  
Bio-bibliographie, extrait 1, extrait 2, extrait 3, extrait 4, fiche de lecture de Avis de Passage, extrait 5, extrait 6, Off (parution), extrait 7, extrait 8, extrait 9, ex. 10, Boucans,(par Bruno Fern), Boucans, (par Roger Lahu), ext. 11 , Avis de grand frais (B. Fern) 


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